Algérie

"Je voulais comprendre..."YAHIA BELASKI, AUTEUR DE UNE LONGUE NUIT D'ABSENCE, À L'EXPRESSION




Yahia Belaski, un poête en devenir
Nous connaissions déjà de cette histoire, le vaporeux et poétique documentaire de Mohamed Lakhdar Tati, Dans le silence, je sens rouler la terre, inspiré d'un poème de Max Aub. C'est sous la forme romancée cette fois que nous redécouvrons l'histoire des déportés espagnols en Algérie. En effet, c'est la plume de Yahia Belaskri qui s' est beaucoup documenté sur le sujet qui se chargera de nous faire part de cette histoire pas très connue. Le nom de cette oeuvre' Une longue nuit d'absence qui nous conte ainsi les péripéties et parcours de Paco qui traversa la Méditerranée pour trouver refuge à Oran. C'est aussi l'histoire assumée d'un homme pourvu d'amour pour la vie et la liberté qui décidera de faire face à nouveau aux séquelles de la guerre, notamment de la guerre d' Algérie, quitte à vivre le déracinement une nouvelle fois. Cette passionnante histoire est disponible aux éditions APic qui fêtent cette année leur dixième année. Rencontré lors de la 18e édition du Sila 2013, son auteur Yahia Belaski évoque avec nous la genèse de cette fiction..
L'Expression: Tout d'abord pourquoi cette histoire et de quoi est-elle faite'
Yahia Belaski: Une longue nuit d'absence est l'histoire d'un républicain espagnol, après la défaite des républicains contre Franco, qui s'enfuit d'Andalousie et arrive à Oran. Franco accapare la République puis la défait, et tous les républicains sont obligés de fuir. Il y a plus de 100.000 qui sont partis vers la France, quelque chose comme 20.000 ou 30 000 qui sont partis vers le Maghreb et notamment 8 000 républicains espagnols qui sont arrivés à Oran en 1939.
Il y a un documentaire qui parle aussi de ces réfugiés républicains espagnols à Oran, réalisé d'après un poème de Max Aub. Je ne sais pas si vous l'avez vu, car ça porte sur le même sujet sauf que vous l'abordez de façon romancée.
Non, je ne l'ai pas vu. Mais ça doit être intéressant. Mon histoire va montrer comment ces républicains vont se reconstruire à Oran. Puisqu'ils ont été mal reçus par l'administration coloniale. Ils ont été mis dans des camps, dans les Hauts-Plateaux et dans le désert. C'est le débarquement américain en 1942 qui va faire que l'étau se resserre, qu'on les laisse sortir, reprendre vie et vont ainsi se reconstruire et rester pendant longtemps à Oran. Mon livre se situe donc à Oran dans les années 1940, 1950, 1960 jusqu'au début des années 1970, vue par un républicain espagnol. Mon roman a aussi pour trame la vie à Oran à travers les rencontres entre populations européenne, espagnole, nous, les arabo-berbéro-musulmans, mais aussi les Vietnamiens, les Djiboutiens, les Tunisiens, les Marocains, toute cette population vue par un républicain espagnol. toute cette population d'Oran très mélangée durant ces années-là..
Vous avez dû beaucoup vous documenter, j'imagine..
Chaque écrivain aborde l'écriture à sa manière. Oui pour écrire ce roman j'avais besoin de comprendre. Je suis allé donc en Espagne, j'ai loué un appartement et j'y ai vécu durant deux mois et pendant ces deux mois j'ai sillonné l'Andalousie, de village en village, de ville en ville, j'ai rencontré des gens, des fils et petits-fils de républicains qui m'ont donné des documents, m'ont ouvert leurs archives familiales, je suis allé à la bibliothèque de l'exil à Séville.
Je me suis bien documenté. J'ai travaillé et puis je suis rentré à Paris. J'ai laissé de côté toute la documentation et j'ai commencé à écrire. J'étais imbibé de cette histoire des républicains. Oran je la connais très bien, puisque c'est ma ville natale. Je la connais par coeur. Je pouvais la raconter d'après ce que mes parents m'avaient raconté avant et les documents. Il y en a beaucoup. Et donc j'ai gardé les repères historiques et les dates et là dedans, j'ai créé ma fiction. L'histoire de cet homme qui s'appelle Paco qui va traverser toute cette histoire depuis 1939 jusqu'au début des années 1970.




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