Algérie

Je te tiens par la barbichette...


Entre la France et l'Algérie, c'est une histoire d'un lourd contentieux qui n'a pas révélé tous ses tenants et ses aboutissants. La question qui tarabuste l'esprit n'est pas tant dans les multiples accords signés entre les deux pays, chose banale puisque l'on ne peut vivre en autarcie. C'est l'état d'esprit qui prédispose aux relations qui interpelle. Les rapports dominants-dominés mettent en jeu l'ex-puissance coloniale et le pays nouvellement indépendant qui ont pour nom le néocolonialisme. Cette réalité soulève des protestations de vierge effarouchée chez nombre de dirigeants africains qui ne manquent pas de clamer haut leur nationalisme et brandissent l'emblème national comme preuve incontestable de leur amour pour la patrie. Prendre d'une main ce que l'on donne de l'autre est le propre d'un jeu malsain qui se joue au détriment des anciennes colonies françaises. Un demi-siècle après les indépendances, le personnel politique, censé présider aux destinées du peuple, reste tétanisé par l'influence des anciens maîtres. En dignes disciples de Machiavel, ces derniers veillent, sourcilleux, sur leurs intérêts. Qu'importe le vocabulaire utilisé pour qualifier les nouvelles relations que l'on dit affranchies des rets du passé. À la vérité, la rupture pour une refondation des rapports colonisateurs-colonisés est plus que jamais d'actualité. Et d'abord, il y a à mettre sur la table tous les accords conclus, illégitimes, alors que le rapport de force n'était pas équilibré ; mieux, carrément en faveur du maître de jeu. Les multiples clauses abusives des accords ont toujours cours. Elles maintiennent l'ancienne colonie dans un état perpétuel de dépendance à tous les niveaux : économique, culturel même et surtout politique. Le droit de regard sur la désignation des personnels dirigeants est l'aspect le plus aberrant que dénoncent, en vain, les opposants aux régimes en place, soutenus et choyés. C'est d'ailleurs la garantie de soumission exigée pour que leur soient remises les clés de la maison-colonie. De ses anciennes colonies, la France perçoit des sommes énormes, sous la forme de dettes, évaluées à des milliards d'euros... pour les avoir fait rentrer dans la civilisation ! L'intraitable Rachid Nekkaz, qui prend un malin plaisir à pourfendre le pouvoir algérien, ne peut pas être en odeur de sainteté dans l'Hexagone où il possède des biens au demeurant. Il dénonce pourtant, dans tous les meetings, la mainmise de la France actuelle, héritière de la France coloniale, sur une partie de notre pétrole, documents à l'appui qui restent toutefois à vérifier. Le paradoxe est que ni Alger ni Paris n'ont démenti. Par-dessus le marché, un courant en France se mobilise pour réclamer des compensations sur les biens des pieds-noirs, abandonnés dans le sauve-qui-peut de 1962. Une «réparation matérielle» de plus d'un siècle exigent-ils, «pour que l'on vous laisse en paix» ! De quoi soulever un haut-le-c?ur chez tous les militants sincères d'une Algérie libre et souveraine. Sur le vol du trésor d'Alger, dès l'invasion de 1830, on ne souffle mot, bien entendu. À ce propos, la position algérienne de rejet de ces arguments aussi farfelus se veut péremptoire mais n'est pas réellement tranchée. Pour preuve, le rapport de l'historien français, Benjamin Stora, qui n'est pas parvenu à faire bouger les lignes de crispation. Dans cette histoire de rupture, visiblement, personne ne semble être prêt ni ne le désire. Chacun trouve son compte dans cette situation malsaine qui procure aux uns et autres des avantages entendus. C'est pourquoi, de hautes personnalités de l'Algérie d'aujourd'hui, qui passent leur temps à pourfendre le colonisateur d'hier, n'hésitent pas à aller s'installer outre-Méditerranée pour une retraite dorée. Au vu et su de tous.B. T.
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