Algérie

Je t'attendais 55e partie



Je t'attendais 55e partie
RESUME : Nora s'inquiète en trouvant sa mère excitée et nerveuse. Celle-ci tente même de parler. Yamina est sous le choc en découvrant l'état de sa mère. Nora lui demande de sortir mais sa mère s'accroche à elle de sa main de nouveau valide. Sa mère l'a reconnue. Nora n'en revient pas. Il y a si longtemps qu'elle avait disparu. Leurs retrouvailles sont pleines d'émotion. Yamina veut savoir ce qui l'a rendue handicapée...
- Comment te raconter toutes les années passées ' Il me faudrait des jours et des jours, dit Nora. Mais pour résumer le tout, après ta disparition, maman et papa ont eu des problèmes de santé... Papa avait le diabète et maman un problème de tension artérielle... elle suivait un régime tout en prenant un traitement. Mais à la mort de papa, elle a fait un AVC ! Elle a failli mourir... Le temps de l'emmener aux urgences, plus d'une demi-heure avait passé... Ils lui ont fait huit coups de défibrillateur. Quand son c'ur est reparti, elle était dans le coma. Pendant toute une semaine. À sa sortie de réanimation, elle ne pouvait plus bouger et parler. On a passé de dures épreuves, tu ne peux pas t'imaginer ! J'étais seule à m'occuper d'elle... Cela fait cinq ans qu'elle est sur le lit ou dans le fauteuil ! Au début, je l'ai emmenée chez moi mais elle ne s'y plaisait pas ! Elle ne dormait pas et elle était tout le temps nerveuse ! Alors je l'ai ramenée ici et j'ai pris Hakima. Elle est infirmière et elle travaille ici à plein temps. Elle voulait dormir dans notre chambre. Elle a conscience des choses, il me semble ! Parfois j'ai l'impression qu'elle veut communiquer et elle s'énerve en ne pouvant pas parler ! Elle répond par des battements de paupières, des hochements légers de la tête. Aujourd'hui, elle a bougé la main, s'est accrochée à toi... Un vrai miracle, tu sais ! Pendant des mois, je l'ai emmenée chez le kinésithérapeute en ville, trois fois par semaine... ça n'a rien donné !
Alors j'ai demandé à une kinésithérapeute de venir deux fois par semaine. Parfois, je n'en pouvais plus, avoue Nora. Je suis tiraillée entre elle, mes enfants, mon cabinet, ma maison ! J'aurais voulu qu'elle me facilite les choses en restant chez moi... mais elle ne veut pas ! Si la maison était plus grande, on se serait installées ici... Je n'habite pas très loin... dix minutes à pied, moins de cinq en voiture. J'aurais été plus tranquille si elle n'aimait pas autant rester dans notre chambre !
Yamina allait d'une découverte à une autre. Ainsi, Dahmane n'était plus de ce monde. Sa mère était clouée au lit depuis des années, dépendant d'une infirmière à plein temps. Sa s'ur était médecin et avait son propre cabinet. Elle s'était mariée et avait des enfants.
- Donc j'ai des nièces... '
- Non, juste deux neveux, répond Nora. D'ailleurs Dieu a exaucé mes prières, je ne voulais pas de fille !
- Pourquoi '
- Comme ça...
Yamina devine la raison. Sa fugue et sa disparition ont laissé des traces indélébiles en sa s'ur. Par sa faute, la famille a été humiliée. Elle en a souffert pendant qu'elle, elle vivait sa vie là-bas.
- Je regrette d'être partie, confie-t-elle à Nora. De ne pas avoir été là pour maman... Je voulais revenir mais j'avais peur d'être chassée et reniée... tu comprends '
- Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu n'as pas cherché à reprendre contact avec nous ' Tu n'as jamais voulu savoir comment on allait... Tu ne peux pas t'imaginer combien maman a souffert de ton départ... On croyait que tu étais morte, qu'il t'était arrivé malheur !
- Il m'en est arrivé tant que je ne pourrais pas te les raconter en quelques minutes ! soupire Yamina en prenant les mains de sa s'ur. Si vous voulez encore de moi, je resterais ici !
- On ne t'attendait plus mais tu as toujours ta place, ici, dans notre famille, dans nos vies et dans cette maison ! la rassure Nora.
Deux beaux chérubins font irruption dans le salon et tombent dans ses bras. Ils regardent Yamina, curieux. Leur mère la présente et ils vont l'embrasser avant de sortir aussi vite qu'ils étaient entrés.
- Allah ibarek ! Ils sont grands !
- Oui, ils ont vite grandi, reconnaît Nora. Nadhir a six ans et Dahmane cinq ans...
- Tu l'as nommé Dahmane ' s'écrie Yamina avec une moue. Pourquoi '
Nora secoue la tête, n'en revenant pas.
- Il est né après la mort de papa, alors excuse-moi, mais moi j'ai été heureuse avec lui ! Je n'aurais pu avoir meilleur père ! Allah irahmou ! À ta disparition, il était aussi malheureux que moi et maman ! Mais toi, tu ne l'as jamais aimé !
Yamina ne peut pas la contredire. Elle ne l'a jamais aimé. C'est plus fort qu'elle. Allah ghaleb...
Tout ce qui compte maintenant, c'est de soulager sa mère, d'être là... pour elle. C'était à son tour de s'en occuper, de la choyer comme un bébé. Mais le temps est contre elle. À peine le pense-t-elle qu'elles entendent un cri provenant de la chambre...
(À suivre)
A. K.
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