Algérie

«Je suis optimiste pour l'avenir des entreprises féminines» Khadidja Belhadi, présidente de l'Association des Algériennes managers et entrepreneurs


«Je suis optimiste pour l'avenir des entreprises féminines»                                    Khadidja Belhadi, présidente de l'Association des Algériennes managers et entrepreneurs
Bien qu'il s'agisse d'une réalité, aujourd'hui, l'entreprenariat féminin demeure «embryonnaire, pour ne pas dire inexistant en Algérie», nous a déclaré Khadidja Belhadi, présidente de l'Association des Algériennes managers et entrepreneurs ( AME), qui nous a accordé cet entretien.
Le Temps d' Algérie : Que pensez-vous de l'état de l'entreprise algérienne de manière générale '
Khadidja Belhadi : Dans le milieu bureaucratique, l'entreprise est une torture au quotidien en Algérie. On se pose toujours la même question : Est-ce que je vais être payée ' Est-ce que je m'engage ' Est-ce que je vais trouver la main-d'oeuvre qualifiée ' Est-ce que je vais être compétitive ' Est-ce que ce n'est pas une affaire corrompue '

Qu'est-ce qu'une entreprise réussie pour vous '
Une entreprise réussie est celle qui dispose d'une production ou de services stables avec une trésorerie équilibrée. C'est une entreprise ayant réussi sans la corruption.

Quelle place occupe l'entreprenariat féminin au niveau international '
L'entreprenariat «au féminin» est à mon sens embryonnaire pour ne pas dire inexistant en Algérie. Comme pour les entreprises «homme». Pour exporter, il faut d'abord produire. Les entreprises algériennes, tout en restant optimistes ne sont pas prêtes à exporter ; je ne parle pas des sociétés type Cevital, Arcelor, Danone, etc. Je parle de PME qui sont les ruisseaux qui alimentent les grandes rivières.
Il faudrait soutenir les sociétés algériennes qui auraient des produits exportables en les encourageant à investir dans de nouveaux équipements de production et surtout les aider pour les mettre aux normes des pays où seront dirigées ces marchandises (standards internationaux).
Je vous rappelle que nous ne sommes pas des sociétés import-import pour rien' L'Ethiopie, qui est toujours dans notre mental un pays pauvre, se trouve très bien placée sur le plan international avec son agriculture' Mais, c'est vrai, et ce pays n'a pas de pétrole.
Que pensez-vous avoir déjà réalisé dans le but de promouvoir l'entreprise en Algérie '
Notre association travaille depuis sa création pour le développement des entreprises femmes en leur donnant des possibilités de formation et de relations d'affaires. Nos actions sont d'abord axées sur les mises en relations et le renforcement de nos structures.
Estimez-vous que la femme dispose des mêmes chances que l'homme pour réussir une entreprise '
Oui et sans complexe - à QI égal, nous n'avons pas de différence si ce n'est que nous sommes des femmes. Nous avons quelques difficultés à porter un sac de pommes de terre de 50 kg quoique que j'ai connu des femmes qui chargent et déchargent des camions de marchandises.

Quels sont les obstacles particuliers auxquels est confrontée la femme entrepreneur '
D'avoir une double tâche - celle de gérer sa famille et son entreprise. C'est pour cela que la femme à un double mérite. L'homme, lui, sans vouloir généraliser fait ses huit heures et va se distraire en attendant le dîner.
Que proposez-vous pour résoudre le problème '
Honnêtement, ce problème est difficile à résoudre et il faudra patienter encore quelques dizaines d'années. Les solutions sont de longue haleine et passent par l'école primaire. Ce qui est encourageant, c'est que malgré toutes ces difficultés, nous avons en Algérie beaucoup d'encouragement de la part des hommes.

Peut-on connaître votre avis sur la loi portant sur la représentativité des femmes dans les assemblés élues '
Nous sommes minoritaires et la femme n'a pas été préparée dans son ensemble à la politique depuis notre indépendance. Seules quelques femmes issues des rangs des anciennes combattantes ou issues de ces familles ont eu le privilège de faire de la politique.
Ce qui est très restreint et une généralisation «féminine» politique devra être encouragée par les partis dits «progressistes». Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est une affaire qui est encore taboue et il faudra de la patience pour arriver à avoir un équilibre homme - femme mais qu'il y ait déjà un quota permettra d'élargir la brèche faite par nos soeurs combattantes actuelles - et préparera la femme à se placer, c'est quelque chose de positif.

Comment voyez-vous l'entreprenariat féminin dans l'avenir '
Oh, pour l'avenir des entreprises féminines je suis très optimiste. Il existe dans les familles algériennes des regards nouveaux. Dans les années 1970, les femmes qui conduisaient une voiture étaient vues comme des femmes sans vertu, alors qu'aujourd'hui, toutes les femmes qui en ont la possibilité conduisent quel que soit leur statut.
Qu'est-ce que vous proposez pour que l'entreprenariat, en général, et féminin, en particulier, soit meilleur '
Des formations à la gestion, des encouragements des banques sur les projets fiables et des aides gouvernementales pour des attributions de terrain, bien sûr. Mais il faut aider à investir sur les bâtis et des machines. Et, je le répète, sur les projets fiables de même que pour les hommes.
Quelles sont les perspectives tracées par votre association dans ce sens '
Notre association fera tout pour que les femmes qui le désirent reçoivent des formations mais également pour les mettre en relation d'affaires et leur donner de la visibilité grâce à vous, les médias, que je remercie beaucoup au passage.
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