Algérie

«Je suis fier de mon algérianité et de la diversité de mon pays»


Le chanteur d'expression kabyle, Rabah Asma, compte à son actif 23 albums, déroulés sur une carrière riche de 36 ans. Rencontré à la veille de son dernier concert, donné à la salle Ibn Khadoun, à Alger, l'artiste au sourire omniprésent et à la gentillesse inégalée se livre aux lecteurs d'El Watan.Pourquoi avoir choisi de présenter votre album, Lahna Tayri, à la presse nationale six mois après sa sortie '
Il est vrai que mon nouvel album est sorti il y a quelques mois sur les marchés algérien et étranger. Je le présente, aujourd'hui, à la presse nationale en prévision du concert qui sera donné à la salle Ibn Khaldoun. Sinon, je pense qu'il y a les réseaux sociaux qui renseignent sur la nouveauté artistique d'un artiste donné. Malheureusement je ne suis pas là. Je ne vis pas en Algérie, autrement, j'aurais présenté mon album plus tôt.
Sorti aux éditions Sky Prod's, Lahna Tayri est un album à thématique plurielle '
Dans ce dernier album Lahna Tayri (paix, amour) j'ai évoqué, effectivement, plusieurs thèmes qui me tenaient à c?ur. Le CD en question regroupe huit titres axés sur l'émigration, la vie, l'amour, la paix, la patrie et le travail. Inchallah izin saadi fi el kheir est une très belle chanson d'amour, dans laquelle beaucoup se reconnaîtront.
Je pointe du doigt dans mes chansons le quotidien et l'amour que l'Algérie vit. Il est important de souligner qu'entre les arrangements et le travail final, nous avons mis six mois pour concevoir l'album. Je pense qu'un artiste ne peut pas toujours chanter sur lui. Comme un écrivain, qui ne peut pas toujours écrire sur sa vie, je chante le quotidien sur ce que les autres vivent.
Justement, on retrouve à chaque fois dans vos albums ces airs festifs invitant à la danse et à l'embellie '
C'est un rituel chez moi que d'offrir à mon public de la joie et du bonheur. C'est mon style de musique dont je ne pourrais jamais me défaire. Je pense que les gens ont besoin de ce rythme. La vie est tellement dure que les gens ont besoin de s'épanouir et de s'amuser. Je voudrais attirer, par ailleurs, l'attention sur le fait que je compose aussi des chansons plus sérieuses à écouter. Il n'y a pas uniquement de la danse dans mes albums. Je propose aussi des modes et des rythmes plus calmes, avec des sujets plus sérieux.
Comme à votre habitude, vous vous êtes entouré de musiciens professionnels qui vous suivent depuis de longues années déjà'
Effectivement, je me suis entouré de musiciens avec qui j'ai l'habitude de travailler. Nous nous connaissons très bien. Nous nous complétons et sommes très complices, aussi bien sur scène que dans la vie. Je pense qu'on ne change jamais une équipe qui gagne.
Rabah Asma n'est pas du genre à éditer un album par an.
Ce sont plutôt des albums de la maturité que vous proposez...
C'est voulu de ma part que de vouloir présenter un album tous les deux ou trois ans. Je pense que quand on n'a rien à dire, il ne faut pas forcer trop les choses, car cela va se ressentir. Les gens vont écouter et ils font voir que ce n'est pas à la hauteur des espérances. J'aime bien être spontané. Je chante quand j'ai envie de chanter. J'ai d'ailleurs cette chance de chanter quand j'ai envie de le faire. Peut-être que je recule pour mieux avancer. En toute modestie, je pense que cela me réussit bien.
Etes-vous partisan des duos '
J'ai fait un duo avec une chanteuse malienne en 1998. Depuis, rien. Je pense que ce sont les chansons qui ne demandent pas de duos. Après, je ne fais pas un duo pour faire un duo, même si c'est tendance. Je dirais que je suis mon étoile. Je suis ouvert à tout le monde. J'ai des affinités avec des artistes d'horizons divers. J'aime la musique et les gens. Il faut dire aussi que pour faire un duo, il faut tenir compte de la composition de la chanson. Ceci étant, je ne suis pas contre les duos.
Sinon, quels sont vos maîtres de référence'
En toute modestie, je dirais que je n'ai pas de maîtres, mais des chanteurs que j'ai toujours aimés, à l'image de Mohamed Abdou. D'ailleurs on retrouve les airs dans mes albums. J'adore, entre autres, George Wassouf, Lounis Aït Menguellet et Dahmane El Harrachi.
J'écoute aussi Charles Aznavour et Mike Brant. Disons que je suis une personne qui est sortie de sa coquille il y a bien longtemps. La musique est faite pour rapprocher les peuples. J'écoute de tout. J'aime l'humanité par-dessus tout. Je suis heureux de rencontrer des gens qu'on aime et qu'on apprécie.
D'où puisez-vous cette énergie qui vous réussit bien, avec au compteur une carrière riche de 36 ans '
Pour ne rien vous cacher, j'ai des hobbies. J'aime bien faire de la marche, jardiner et lire. Par contre, je ne regarde pas beaucoup la télévision. Cela m'arrive de regarder uniquement vingt minutes par jour la télé pour les informations.
Hormis la saison estivale,
Rabah Asma est peu présent en Algérie...
Quand on me sollicite, je réponds toujours présent. Au contraire, j'aime bien mon pays et toutes ses régions. Quand je suis en Algérie, c'est un véritable bonheur. Il faut mentionner au passage qu'on m'appelle, certes, en Algérie, mais il faut reconnaître que je n'ai pas beaucoup de temps.
Je tourne beaucoup en France. Je travaille sur toute l'année. Preuve en est, vous pouvez toujours consulter mon compte facebook. Mon calendrier est complet jusqu'au mois d'août prochain. Je vais vous faire la confidence suivante : je ne me suis pas arrêté de travailler depuis 2012. Je fais au minimum trois ou quatre concerts par mois.
Je ne travaille pas uniquement au niveau des établissements étatiques algériens, mais avec des privés aussi. J'anime, également, beaucoup de fêtes.
Est-il prévu une tournée pour votre nouvel album Lahna Tayri '
Avec l'établissement Art et Culture, j'ai quelques dates sur Alger, et ce, à partir de juin. J'aurai peut-être d'autres dates avec l'ONCI et l'OREF. De toutes les manières, si on me sollicite, je répondrai présent. C'est avec un grand bonheur que je viendrai me produire chez moi en Algérie.
Comment pourrait-on définir la musique de Rabah Asma '
Je fais de la musique de variété algérienne. J'excelle, entre autres, dans le berouali, le âlaoui, le sétifien, ainsi que dans le moghribi. Je suis très ouvert aux genres et modes musicaux. L'Algérie est mon pays, avec toutes ses composantes. Là où je vais, ce sont mes frères, mon public et mon pays. Je ne peux être que fier d'être algérien et de faire de la musique algérienne. Je ne peux être que fier de mon algérienité, avec toute sa diversité. C'est que du bonheur.
Quelle est votre appréciation sur l'évolution de la musique kabyle à travers cette jeunesse montante d'artistes '
Je constate que la nouvelle génération est très mélomane. Il y a de belles voix dans le raï, le chaâbi, la chanson kabyle, avec de nouvelles idées et de nouveaux sujets. Avec la nouvelle technologie, il y a des facilités. C'est tant mieux pour ces jeunes artistes qui arrivent dans le métier.
C'est un bonheur de voir cette nouvelle génération d'artistes, qui pourraient être à l'international des ambassadeurs de la chanson algérienne. On ne pourrait être que fiers de cette nouvelle génération qui émerge. Nous devons soutenir cette nouvelle vague de jeunes artistes en leur montrant le bon chemin.
A l'image de nombreux artistes vous êtes touché par le piratage '
Le piratage est international. Il faut suivre la technologie et le temps. Il faut être à la page. Quand on fait un album, il faut se dire que c'est une carte de visite. On met de l'argent pour réaliser un album, mais en contrepartie un artiste fait beaucoup de concerts un peu partout, c'est avec cela qu'il peut tourner. Pour ma part, faire un album est une façon de faire un cadeau au public qui m'a toujours suivi. Des fois, j'aime bien prendre du recul pour me reposer et vivre un peu. Et puis, prendre du recul cela fait du bien.
Quels sont vos projets '
J'ai beaucoup de projets en perspective. Je suis en train de travailler avec mon producteur sur le squelette d'une nouvelle chanson d'amour, qui sera suivie par un clip. On laisse le temps faire les choses.
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