Algérie

«Je reviens à des textes plus authentiques»



«Je reviens à des textes plus authentiques»
Détenteur d'un magistère en langue et culture amazighes et vivant entre la France et la Finlande, vous avez nourri une certaine quête d'esthétique...Mes chansons parlent de sociopolitique. En 2009, j'ai réalisé l'album Akka id Amur qui parle de l'exil ou encore du déplacement. Après, cela dépend, il y a des chansons qui parlent de la frustration sexuelle dans notre société. J'utilise la nature pour parler d'autre chose. C'est beaucoup plus métaphorique.Mes textes reposent donc sur un certain regard sur la situation sociopolitique actuelle et le désenchantement, voire la désillusion de toute une génération dont je fais partie.Ali Amrane n'est pas un amateur des reprises...Je n'ai fait que trois reprises durant toute ma carrière. J'ai fait trois reprises sur mon troisième album Akka id Amur, sorti en 2009. Ce sont des reprises qui me suivent jusqu'à présent. Je suis étonné d'un côté, et j'en suis content d'un autre côté, car j'ai l'impression de bien les avoir réussies.Votre musique a cette caractéristique de distiller un savant mélange des genres, faisant dans l'originalité ; concrètement, comment définissez-vous votre musique 'Ma musique se situe dans l'univers du rock avec, bien sûr, des accents rock, avec parfois le côté folk du rock acoustique. Sinon, j'essaye d'apporter dans mon travail la sonorité et l'esthétique du rock. La force du rock, c'est cette mélodie de chez nous avec notre propre sensibilité, avec notre sens de la mélodie et avec la portée de nos textes.Justement, le contenu de vos chansons est authentique contrairement à la forme qui est, pour sa part, plus moderne...Je pense qu'il est important de moderniser et d'apporter de nouvelles choses.C'est très sensible. Parfois, si on dénature, on enlève l'âme. Les chants sont des expressions qui traversent les siècles. Car même si on ne les a pas enregistrés, qu'ils ne sont pas connus, ils sont là. On les a entendus quand nous étions gamins.Toux ceux qui nous les ont chantés les avaient déjà repris eux aussi. Par contre, je pense qu'apporter de l'énergie, du rock et du son est très important. Cela permet aussi à nos chansons d'être accessibles à des oreilles qui ne sont pas habituées à écouter de la musique, disons traditionnelle et africaine.Justement, nous avons remarqué lors de votre concert un retour aux sources, mais aussi cette prédominance dans les rythmes qui sont plus rock...Dans ma vision de la musique, c'est le rythme qui fait du folklore. On ne peut pas faire sur la base du folklore du rock. J'ai gardé le groove et certains instruments traditionnels tels que la derbouka et le bendir. J'ai beaucoup travaillé pour arriver à cet équilibre-là. C'est cela l'authenticité. Si on remonte un siècle avant, qu'avions-nous comme instruments ' Une flûte et un bendir peut-être. Cela a dû se faire à un moment de l'histoire. Il a dû y avoir des changements.Je suis justement en train de plancher sur un travail là-dessus. Je compte revisiter un répertoire qui n'a jamais été touché par la musique moderne, et ce, en retravaillant les rythmes d'un point de vue différent. Il faut savoir que dans la transmission de la musique dans la pure tradition, il n'y a pas d'accord d'harmonie. C'est un rythme libre qui tourne.On place une voix dessus et ça chante. Quand on n'a plus de voix, cela s'arrête et on reprend après. Mais dans la musique occidentale, ce n'est pas le même concept. Quand on place des accords, quand on joue, il faut que cela sonne.Quel est le facteur qui vous poussé à aller vers ce genre de sonorités ' Est-ce le fait que vous soyez établi à l'étranger, ou encore sont-ce des influences glanées ici et là 'Je dirai que c'est assez paradoxal. J'ai commencé ma carrière évidemment en Algérie avant de m'envoler pour l'étranger. Ma démarche était d'arriver à mettre un peu la chanson kabyle dans l'univers étranger.J'ai l'impression que depuis que je me suis installé en France, je reviens à des choses beaucoup plus authentiques. C'est peut-être de la nostalgie. Je pense que cela est tout à fait normal. J'évolue dans une société étrangère qui évolue à la vitesse grande V.Parlez-nous des collaborations que vous avez réalisées avec certains artistes algériens et étrangers...Les différentes collaborations réalisées jusqu'à présent m'ont apporté un plus. A titre d'exemple, j'ai fait un duo avec Idir. Cela a été un grand honneur pour moi. C'est une reconnaissance que d'avoir fait un duo avec Idir.Et puis, cela apporte du plaisir de jouer et une sensibilité différente. Il est à noter également que de grands noms d'artistes étrangers tels que Chris Birkett, Jean Philippe Rykiel et d'autres ont pris part à l'enregistrement d'un de mes albums. Les collaborations sont toujours intéressantes.Quel est votre regard sur la musique kabyle actuelle à travers sa relève 'Je pense que cette relève existe, mais les choses changent. Le temps passe. Evidemment, nous n'allons plus avoir d'autres ingénieux Slimane Azem. Chaque artiste incarne son époque. Il est vrai qu'il y a eu un passage à vide, notamment durant la décennie noire, mais je pense que c'est général pour toutes les musiques et les arts culturels.Là, je constate qu'il y a pas mal de jeunes. Il y a de belles voix qui arrivent. Il y a aussi des jeunes qui tentent des expériences en faisant des mélanges. Ces derniers font du hard rock, des musiques expérimentales et plein de belles choses. C'est vrai qu'il est un peu difficile d'évoluer dans notre pays. Je connais plein de jeunes artistes qui font beaucoup de choses, mais qui, hélas, ne sont pas médiatisés. Il y a un peu cette tendance de la musique de fête et d'ambiance qui a pris le dessus, mais qui commence quand même à être à sa place.Comment expliquez-vous vos passages peu fréquents sur la scène algérienne 'Je fais de mon mieux pour me produire dans mon pays natal sachant que je vis ailleurs. Peut-être que je ne reçois pas assez d'invitations (rires). Je suis un artiste professionnel. Je suis là pour jouer et enregistrer. Quand on m'appelle, j'y vais, après il faut discuter des conditions. Mais je dois avouer que je me produis beaucoup plus à l'étranger que dans mon propre pays. C'est dommage.Vos projets 'Je suis sur un travail de recherche sur l'ancien répertoire musical, mais là je préfère ne point donner plus de détails. Par ailleurs, je suis en train de préparer mon nouvel album qui sortira en 2016. Sinon, je suis en Algérie pour une mini-tournée nationale.




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