Algérie

Je rejoins le club de ceux qui ne votent pas



La vie n'a jamais été facile ni pour moi, ni pour ma famille, comme toutes les familles algériennes ; mais on ne se plaignait pas vu qu'il y a au moins la petite retraite de mon père (ancien maquisard) !
Avec laquelle on vivait ; jusqu'au au jour où un petit incident ramène mon père en prison ; moi et mes trois frères on a fini l'année scolaire en cours, l'année suivante, l'un de mes frères a renoncé à ses études pour deux raisons : - Pendant deux ans, la poste de la petite commune où on habitait refusait de payer à ma mère la pension sous prétexte qu'il n'y a pas de preuve que mon père est en prison, or, tout le monde le sait, d'ailleurs rien qu'en les croisant, on lit ça sur leur visage ; ma mère a supplié plusieurs personnes ; je vois encore cette humiliation de l'autre côté de la Méditerranée ; la poste nous a exigé une procuration afin que nous, sa femme et ses enfants puissions toucher son argent, sachant qu'on n'a aucun autre revenu siminimum qu'il soit. Il faudrait le parcours du combattant pour trouver un notaire qui se déplacera en prison, aucun ne veut se déplacer pour 3 000 DA. Il faudrait que l'une des connaissances de mon oncle parvienne à convaincre un notaire de se déplacer pour voir mon père en prison afin d'avoir la fameuse procuration. - Quant à mon frère, il a abandonné ses études supérieures pour travailler comme manœuvre afin de nous acheter au moins du pain ; mais il y a aussi une seconde raison, pour pouvoir toucher nos bourses, il nous faut un papier qui prouve que les impôts ne doivent rien à mon pauvre père, je me suis déplacée moi-même pour solliciter les responsables, ils étaient clairs, la loi le dit, sans la carte d'identité de mon père, aucun papier ne sera livré. J'ai expliqué à tout le monde que mon père est en prison et qu'il était impossible d'avoir sa carte d'identité. Personne ne veut écouter mes histoires. Raison de plus pour mettre fin aux études de mon frère ; quant à moi, j'ai continué mes études sans bourse, jusqu'à ce que j'obtienne un diplôme ; cette misère financière et morale m'a donné beaucoup de courage pour aller de l'avant; il me restait quand même un club à rejoindre : ceux qui ont quitté leur pays, vers un pays dont ils ne savent rien, ceux qui ont fui l'injustice, la bureaucratie, le piston, l'humiliation. Mon père me disait souvent : «Il faut réussir dans son pays» car il avait cette flamme des années 60 ; mais cette flamme-là je ne l'ai pas vécue. Ceux qui nous dirigent n'ont pas l'art de nous inculquer l'amour de notre pays, on a du mal à suivre leurs discours.




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