Algérie

«Je refuse le statut de spectatrice»


Juriste en droit international et en droit des étrangers, Sarah Benchikh, 25 ans, vivant à Grenoble en France, fait partie de cette diaspora algérienne qui refuse la posture de spectatrice face aux événements qui se déroulent en Algérie. Elle n'attend pas qu'on vienne lui tendre le flambeau ni espérer changer le cours des choses en méditant. Avec ses compétences et son dynamisme comme viatique, elle va au front de la politique, elle se présente aux législatives du 12 juin prochain.L'Expression: Vous êtes candidate aux élections législatives du 12 juin prochain sur la liste d'El Fadjr El Djadid. Qu'est-ce qui vous a motivée pour vous lancer dans cette «aventure» politique'
Sarah Benchikh: Ce qui m'a motivée pour me lancer dans cette bataille politique, c'est que je crois que l'Algérie mérite un Parlement à sa hauteur.
J'ai réalisé à quel point le fossé était creusé entre les institutions et le peuple, et qu'en tant que juriste je devais me présenter à cette échéance électorale. Tout le monde parle de la reconstruction d'une nouvelle Algérie, mais comment la réédifier si chacun de nous rejette la balle à l'autre. Il faut prendre les choses en main et j'ai confiance en mes compétences et mon dynamisme.
Avez-vous un message précis à transmettre aux Algériens établis en France pour les convaincre de voter pour vous'
Comme la majorité des citoyens, je ne me sentais pas représentée. À 25 ans à peine, je m'inquiète pour l'avenir de notre pays, mais je ne resterai pas spectatrice, je veux travailler pour le bénéfice des générations futures.
Au-delà de cette mission de représentation, ma candidature a trois objectifs. J'ai un programme de travail concret, et je veux faire du parlementaire un politique redevable devant ses électeurs.
Ma prochaine mission en tant que parlementaire est: d'abord revitaliser les institutions et permettre à l'Assemblée populaire nationale de se réapproprier son véritable rôle de législateur, et d'une force nationale de proposition. Ensuite, réaliser un travail de proximité et donner du sens à la loi qui est l'expression de la volonté populaire. Enfin, faire du consulaire une action de développement participatif impliquant toute la communauté nationale à l'étranger.
A propos de la communauté nationale à l'étranger justement, elle soulève de nombreux problèmes dont, entre autres, la cherté des billets de voyage, le rapatriement des dépouilles, etc. Avez-vous des propositions dans ce sens'
Il est vrai que ce sont deux des préoccupations majeures de notre diaspora. Mais il serait réducteur de les limiter à cela.
Moi, je vois la question sous le prisme affectif. Elle démontre à quel point l'Algérien est attaché à son pays. Il est alors censé pouvoir y retourner sans grande difficulté, que ce soit pour y investir, passer des vacances, ou pour le repos éternel. Mes propositions en ce sens visent à tisser du lien entre l'Algérien de l'étranger et sa terre, en réduisant toute difficulté d'accès.
La compagnie nationale ne saurait être viable si elle propose des tarifs non concurrentiels, tout en restant la seule option. Renouer ses liens avec notre terre passe d'abord par un voyage dans les airs que chacun peut se permettre, même les petites bourses.
Quant au rapatriement des dépouilles, il est certes pris en charge par l'Etat pour les familles en situation précaire, mais nous devons, et c'est ce que je défends, libéraliser ce marché vers des agences d'assurances algériennes de rapatriement de corps, rapides et respectueuses des rites mortuaires musulmans.
Allez-vous plaider pour la création d'un minitère chargé de l'Emigration'
La première chose pour laquelle je souhaite plaider c'est l'installation de permanences parlementaires pour être au plus près de nos concitoyens. Parallèlement à cela, discuter d'une action plus efficace et plus proche des préoccupations de nos concitoyens que nous devons rapporter fidèlement aux autorités nationales.
Ce n'est pas la multiplication d'institutions étatiques qui règle les défis auxquels est confrontée notre émigration. Il s'agit surtout de renforcer celles qui existent, de revoir les méthodes de travail et, notamment, le choix de personnes en charge de ce dossier.
Un ministère de l'Emigration aurait pu être créé depuis longtemps puisque nous avons une forte diaspora, et même si je suis contre l'idée de créer deux catégories d'Algériens, nous sommes dans l'obligation de prendre en compte les spécificités de chacun. Notre communauté algérienne en France dépasse les 10 millions de compatriotes, tous statuts confondus, et est servie par seulement 18 consulats.
Il ne s'agit plus de construire de nouveaux bâtiments ou rendre les choses plus complexes, mais de simplifier l'action et de la rendre plus efficace, notamment grâce aux nouvelles technologies.
Les envois d'argent des Algériens établis à l'étranger vers l'Algérie sont faibles. Ils représentent a` peine 1,1% du produit intérieur brut (PIB). À votre avis, qu'est-ce qui justifie cette hésitation et que préconisez-vous pour augmenter ce flux'
Les Algériens envoient au pays de très faibles ressources en devises, tout simplement parce que le marché n'est pas régulé. Nous sommes l'un des rares pays dans le monde où il existe deux marchés distincts, le marché officiel qui n'intéresse pas le citoyen vu que son taux n'est pas réel et le marché parallèle qui lui rapporte plus.
Le choix est vite fait, tout le monde choisit le marché de la rue et notre système monétaire n'en profite pas. Je pense que c'est à l'Etat, en particulier le législateur, de prendre les dispositions appropriées pour créer un marché de change unique aussi bien pour le citoyen que pour les entreprises économiques, chacun y trouvera son compte.
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