Algérie

"Je passe mon temps à parer au plus urgent"


« Si c'était à refaire, je ne choisirai jamais le métier d'enseignant ! Je le déconseille même à mon fils, car il est synonyme de sacrifices inutiles et de dévalorisation certaine. » L'amertume dans la voix, Rachid Sadek-Bouziane, 55 ans, 28 ans d'expérience, prof de physique au lycée Wanchriss de Chlef, sait bien que le temps où l'enseignant était adulé, écouté et son métier envié dans la société est bien loin. Qu'ils soient dans les villages ou dans les zones urbaines, tous vivent les mêmes problèmes. « L'enseignant aujourd'hui n'est pas considéré ni apprécié à sa juste valeur, il est devenu le dernier maillon de la chaîne », ajoute-t-il. Père de cinq enfants, quatre filles et un garçon, Sadek habite une modeste maison à Hai La CIA, au centre de Chlef. Il parcourt quotidiennement un kilomètre pour rejoindre le bus qui le transporte jusqu'à son établissement distant de deux kilomètres. Soumis aux aléas de la fréquentation des bus, souvent bondés, et des horaires de passage, fluctuantes.« Ma situation sociale et financière ne me permet pas d'acheter un véhicule d'occasion ou même une mobylette. J'arrive juste à joindre les deux bouts avec un salaire de misère. En tant que représentant du Cnapest au niveau du lycée Warchniss, j'ai toujours insisté sur la nécessaire mobilisation de la corporation pour faire aboutir ses revendications. Il y va de l'avenir de l'encadrement et des enfants, car l'état des lieux n'est guère reluisant et la réforme n'a rien apporté de nouveau », souligne-t-il. Son quotidien ' Des classes de plus de quarante élèves avec un emploi du temps très chargé. « La surcharge des classes est telle qu'on a dû répartir les lycéens entre les locaux en dur et ceux en préfabriqué. Ces derniers sont tellement vétustes et délabrés qu'ils ont failli tomber sur des élèves suite aux dernières intempéries. Comment voulez-vous que les enseignants dispensent un enseignement de qualité dans ces conditions ' La situation est aussi très pénible pour les lycéens qui éprouvent de sérieuses difficultés pour suivre les cours », relève encore Sadek.La reforme du ministère de l'Education ' « Elle est loin de produire l'effet escompté. Au lieu de me consacrer à l'amélioration du niveau pédagogique, je passe mon temps, à l'instar de mes collègues, à recoller les morceaux et à parer au plus urgent, souligne-t-il. Les enfants ne doivent pas à payer pour la surcharge des programmes scolaires et l'augmentation des tranches horaires. »
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