Algérie

«Je ne veux pas que l'Egypte devienne l'Iran» Hala Sedki. Comédienne égyptienne, membre du jury du Festival d'Oran du film arabe



«Je ne veux pas que l'Egypte devienne l'Iran»                                    Hala Sedki. Comédienne égyptienne, membre du jury du Festival d'Oran du film arabe
La comédienne égyptienne, Hala Sedki, membre du jury long métrage du cinquième Festival d'Oran du film arabe (FOFA), a improvisé, samedi après-midi, une conférence de presse à la salle Sâada, après la projection de la comédie dramatique Damas avec mon amour, du Syrien Mohamed Abdelaziz.
Oran.
De notre envoyé spécial

Elle a voulu mettre fin à une vraie fausse polémique provoquées par des «facebookistes» et relayée curieusement par une partie de la presse nationale. Les nouveaux «justiciers» de facebook ont appelé à boycotter Hala Sedki, à l'empêcher de venir à Oran sous prétexte qu'elle aurait tenu des propos malveillants sur l'Algérie après la folie qui a précédé et suivi le match qualificatif à la Coupe du monde de football en novembre 2009.
A défaut d'une réelle cause à défendre, des «facebookistes» ont donc lancé une campagne de lynchage public contre l'artiste égyptienne. «J'ai reçu des messages me disant que si je me déplace à Oran, je serai égorgée. Certains ont dit qu'ils feront un sit-in devant l'hôtel Meridien (où le jury est logé, ndlr). D'autres m'ont dit qu'ils allaient m'arracher un bras ou un pied. Cela m'a blessé. Croyez-vous que si j'avais réellement dit des méchancetés sur l'Algérie, je serais venue ' C'est illogique. Je défie ceux qui accusent de montrer l'enregistrement où j'aurais tenu ces propos. Je prétends être une femme courageuse. Si j'ai dit quelque chose, je l'aurais assumé. Je suis Oran et je n'ai pas envie de repartir. J'ai laissé de côté mes engagements en Egypte, ma fille est malade, j'ai raté mon avion, et j'ai tenu à répondre à l'invitation du festival d'Oran», a-t-elle dit.
Selon elle, la campagne menée contre elle fait plus mal à l'Algérie qu'à elle-même. «Il est probable que les jeunes n'arrivent pas à se rendre compte du tort qu'ils causent à leur pays. Cela peut donner une mauvaise image avec l'absence de sécurité. Pour prouver le contraire, je suis là à Oran au milieu du public. Et, il n'y a aucun danger. J'essaie de comprendre les raisons de cette campagne. J'étais parmi les artistes égyptiens qui ont le plus défendu l'Algérie. J'avais dit qu'il ne fallait pas confondre entre le public du football et le peuple algérien. J'ai reçu des appels de l'ambassade d'Algérie au Caire, et j'étais même invitée à la réception de la fête nationale algérienne», a encore indiqué l'actrice égyptienne. D'après elle, il y a une confusion incompréhensible.
Tourner la page
«Je ne suis pas en colère contre les jeunes qui ont lancé la campagne contre moi. Car, il est possible qu'on leur a fait parvenir un message faux. Ce que je ne comprends pas, c'est que malgré les précisions que j'ai apportées, les appels contre moi continuent. En Egypte, cette campagne commence à susciter des réactions (...…). Je ne présente pas d'excuses parce que je n'ai commis aucune erreur», a-t-elle souligné.
Elle a appelé à s'opposer à ceux qui utilisent les nouvelles techniques de communication pour porter atteinte aux relations entre les pays arabes. Elle a appelé à tourner la page et à dépasser l'épisode d'Oumdorman. «Un match de football ne doit pas polluer des relations historiques entre l'Algérie et l'Egypte(...). A mes débuts d'artiste, les premières lettres de fans me parvenaient d'Algérie. Les Algériens ont été mon premier public. Aussi, ai-je un amour particulier pour les Algériens», a-t-elle dit.
Hala Sedki a aimé Oran, sa beauté, sa nature et sa propreté. «J'ai été émerveillée par l'accueil qu'on m'a réservé. L'art est la meilleure langue qui rapproche les peuples. C'est le seul lien qui n'a pas de frontières. Je suis honorée d'être parmi vous, d'être à Oran pour la première fois et faire partie du jury», a-t-elle déclaré. Elle a exprimé des regrets sur la situation politique qui prévaut en Egypte.
«J'espère que nous allons dépasser cette anarchie. Nous avons besoin de l'amour de tous les pays arabes. Nous avons besoin de votre soutien(...). Jusqu'à maintenant, les Frères musulmans appliquent la politique de la main tendue. Ils disent qu'ils s'inspirent du modèle turc. Nous n'avons encore rien vu de méchant pour l'instant. Cela dit, si les salafistes l'emportent, nous serons inquiets sur l'avenir des arts et sur le tourisme dans mon pays. Je ne veux pas que l'Egypte devienne l'Iran», a-t-elle déclaré. Elle a reconnu avoir été gênée par la chute du régime de Moubarak.
«Car, je n'aime pas l'humiliation, même pour des personnes qui nous ont fait du mal. Je suis un femme tolérante. L'Egypte avait atteint un niveau critique. Hosni Moubarak aurait dû partir depuis au moins douze ans», a-t-elle confié. Elle a reproché aux médias égyptiens d'avoir tronqué une partie de ses déclarations sur la révolution du 25 janvier 2011, qui a emporté la dictature de Hosni Moubarak. Elle a rappelé le cri d'alerte du cinéaste Khaled Youcef, qui a averti l'opinion sur le curieux pillage du Musée national du Caire après le début de la révolte.


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