Algérie

«Je ne sais pas si on connaîtra la vérité un jour» La veuve de Maurice Audin attend un geste de François Hollande :


Cinquante-six ans après la disparition de son mari pendant la bataille d'Alger, Josette Audin demande au président français de condamner fermement la torture pratiquée par la France pendant la guerre d'Algérie. À quelques semaines du voyage de François Hollande en Algérie, la veuve de Maurice Audin attend un geste de sa part.
C'est dans une lettre publiée hier par le Journal du Dimanche (JDD) que la veuve du mathématicien Maurice Audin, militant de la cause algérienne, a interpellé le nouveau locataire du palais de l'Elysée. Maurice Audin avait disparu à Alger après avoir été arrêté par des militaires français en 1957. Le 11 juin 1957, se souvient la veuve, «nous étions couchés ; il était environ 23 h quand on a tambouriné à la porte. Ils venaient arrêter mon mari. Il a eu le temps de me dire :
«Occupe-toi des enfants !» Maurice Audin, partisan de l'indépendance algérienne, a été torturé. Henri Alleg, arrêté lui aussi, le décrit le «visage blême et hagard» dans son livre-témoignage La Question. Un autre l'a vu, en slip, attaché sur une planche avec «des pinces reliées par des fils électriques à la magnéto, fixées à l'oreille droite et au pied gauche».
Le 6 août dernier, Josette Audin, âgée de 81 ans, a adressé un courrier au président français, demandant que «les historiens puissent avoir accès à toutes les archives de toutes les personnalités civiles et militaires françaises en charge du maintien de l'ordre en Algérie».
Un nouvel élément était apparu en mars dernier, contredisant la thèse officielle, avec le témoignage du colonel Yves Godard, alors ancien commandant de la zone Alger-Sahel, publié en mars dans un livre intitulé «Le camp de Lodi» (Stock). Dans un manuscrit retrouvé par la journaliste Nathalie Funès, M. Godard affirme que Maurice Audin été tué par les militaires qui le détenaient.
«Comme le président de la République Jacques Chirac l'a fait pour condamner la rafle du Vél d'Hiv, j'espère que vous ferez aussi, au nom de la France, non pas des excuses pour des actes qui ne sont pas excusables, mais au moins une condamnation ferme de la torture et des exécutions sommaires commises par la France pendant la guerre d'Algérie», a espéré Mme Audin dans son courrier. Josette Audin a déposé plainte contre X pour homicide dès juillet 1957. Premier non-lieu en 1962, après le décret d'amnistie. La veuve dépose une autre plainte en 2001 pour séquestration et crime contre l'humanité.
Nouveau non-lieu
En juin 2007, juste après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, Josette Audin lui avait envoyé une lettre ouverte dans laquelle elle lui demandait de mettre fin à «la dissimulation honteuse de cette mort» et expliquait qu'il lui était «insupportable de ne pas connaître cette vérité». Mais il n'a jamais répondu. «Je ne sais pas si on connaîtra la vérité un jour», affirme Josette Audin.
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