Algérie

«Je ne m'attendais pas à tant d'égards»



Tlemcen
De notre envoyé spécial Le département Patrimoine immatériel et chorégraphie a rendu un vibrant hommage, mardi après-midi, à  la maison de la culture Abdelkader Alloula, au maître de la musique andalouse, Sid Ahmed Serri. Des moments d'intense émotion où le cheïkh ne pouvait retenir ses larmes, quand on l'a prié de dire quelques mots et d'entonner un morceau de chant a cappella : «Je ne m'attendais pas à  tant d'égards... Je suis très heureux d'être parmi vous, aujourd'hui…» Sa voix s'est tue, parce que ne pouvant exprimer ses sentiments devant ses anciens élèves de Koléa, de Tlemcen, de Rabat, d'Alger, ses admirateurs, les curieux qui voulaient le voir en chair et en os. Difficile de perturber ces rares instants mémorables. Un documentaire a été projeté, donnant l'appétit à  l'assistance. Un film où Sid Ahmed, comme il aime qu'on l'appelle, se livre en exclusivité.
Le militant de la transmission et de la préservation du patrimoine andalou dans le style «sanaâ» est aujourd'hui une référence incontournable dans ce domaine. Zahia Bencheïkh, chef du département précité, donnera le ton en souhaitant longue vie au cheïkh, tout en reconnaissant les efforts consentis par différentes parties pour le «montage» de cette exposition, prélude à  une autre. Le nec plus ultra, c'est la présentation de l'inestimable coffret, conçu par le chercheur et éditeur Fayçal Benkalfat. Une œuvre qu'il qualifie de première dans l'histoire de la musique algérienne et dans le monde arabe «Nous sommes une armée de techniciens et de spécialistes à  avoir travaillé sur ce projet qui mûrit depuis 2001.». Selon l'orateur, c'est «le président de la République, lui-même, qui est derrière cette idée. Il tenait à  ce que le patrimoine immatériel national soit recensé et protégé». Il s'agit, en fait, d'un travail multimédia composé de plus de 400 morceaux, de mélodies uniques du répertoire de Serri, de 21 de ses vidéos, de partitions et un livre en quatre langues.  Pour M. Benkalfat, le choix a été porté sur M. Serri parce que «c'est l'œuvre la plus complète que lui-même avait enregistrée». D'anciens élèves du chantre se relayeront pour apporter leurs témoignages sur un maître qu'on tutoyait, qu'on appelle toujours Sid Ahmed. Pour son génie, sa modestie et son amour pour la musique et pour les humains…
 


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