Je n'ai ni eau ni internet. Et vous '

Dans «l'Algérie nouvelle», celle que l'on affirme à l'écoute et bienveillante et qu'en haut lieu on nous promet différente, au sens où on la vante au service exclusif du citoyen, on s'entraîne à contrarier ce dernier. Je dis on s'entraîne, pour ne pas parler d'acharnement. Parce qu'il y a des jours comme ça où l'on n'a pas envie de croire, de façon explicite, que tout tourne à la déroute. On aurait tort de croire que, dans l'ensemble, les gens s'accommodent bien volontiers de ce qui leur est fait au quotidien. Personne ne pensera qu'en Algérie on est bien mieux lotis que nos voisins. Je me souviens qu'il y a deux années, à l'occasion d'une rencontre professionnelle en Tunisie, je n'avais eu à me plaindre d'aucune négligence, mauvaise prestation ou connexion internet approximative. Même si vous enviez les facilitations dont jouissent vos confrères dans le cadre de leur boulot, et que vous avez conscience d'être loin d'égaler la liberté avec laquelle ils s'accomplissent, vous n'avez pas envie que l'on perçoive votre dépit. Il y a longtemps que travestir la vérité est devenu une spécialité algérienne. Nous mentons toutes et tous, histoire de nourrir un orgueil mal placé et parce que n'aimons pas que les autres nous renvoient à une réalité peu enviable et qui laisse à désirer. On fait mine d'être en phase avec le reste de l'univers parce que l'on a du mal à admettre qu'un petit pays, loin de disposer des richesses dont la nature a doté le nôtre, s'en sorte mieux. Parce qu'il sait mieux faire, qu'il valorise ses compétences, laisse exercer ses organisations et ne fait pas de la chasse à qui ne partage pas ses projections une obsession.Nous avions atterri à Tunis un vendredi, jour du Seigneur, mais pas jour férié destiné à faire pénitence. Dans un hôtel de la capitale se tenait une conférence organisée par l'Association tunisienne des femmes démocrates. Dans les mosquées alentour, des fidèles venus implorer la clémence d'un Dieu miséricordieux le faisaient dans un rapport silencieux. Là où nous nous sommes rendues, des femmes conféraient autour des avancées enregistrées par les luttes implacables pour leurs droits.
M. B.