Algérie

"Je n'ai aucune prérogative sur le site"


Aomar Zetili consomme son cinquième mandat à la tête de l'Assemblée populaire communale de La Casbah. Volubile, il égrène, sans détours, les problèmes qu'il rencontre dans la gestion de cette collectivité locale, au statut particulier. "La commune compte 40 000 habitants. Je ne peux pas vous dire combien ils sont dans le site. C'est fluctuant", informe-t-il. Il met, toutefois, en exergue le taux d'occupation des habitations, anormalement élevé, et les modifications que les occupants y ont apportées pour les rendre plus conformes aux commodités de la vie actuelle."L'aménagement d'une salle de bains sous-entend installation de conduites d'eau et d'évacuation. Alors que l'eau est le plus grand ennemi de la structure de La Casbah", affirme-t-il. Il évoque, en outre, la propension de citoyens à détruire volontairement les biens pour pouvoir bénéficier rapidement d'un relogement. "La Casbah est devenue un centre de transit. Les gens louent à 20 000 DA une chambre pour avoir un logement social. À chaque opération, le wali d'Alger réserve un quota à la commune. De décembre 2017 à mars 2020, plus de 1 000 familles ont été relogées.
Pourtant, la densité n'a pas diminué. Aucune bâtisse n'a été restaurée. Les lieux sont réoccupés par d'autres héritiers ou des squatteurs", peste le maire. Il parle avec ranc?ur des propriétaires qui ne résident plus à La Casbah. Leurs biens sont soit complètement abandonnés, soit font l'objet d'un litige entre ayants droit. "Nous avons entamé une procédure d'octroi d'aides à la restauration. Sur 114 dossiers, uniquement trois ont été régularisés à cause de l'éparpillement des héritiers. C'est vous dire la difficulté de la tâche." M. Zetili est catégorique : 80% des bâtisses sont classées rouge, soit dans la catégorie des constructions à risque. "Trois à quatre rapports des services techniques de l'APC sont transmis quotidiennement à la wilaya.
Pourtant, le P/APC n'a aucune prérogative sur le site. Je n'ai pas le droit de restaurer, je n'ai pas le droit de construire ne serait-ce qu'un muret. En revanche, le citoyen n'a, en face de lui, que le maire à qui présenter ses doléances", soutient notre interlocuteur. "C'est un quartier historique qui ne génère pas de revenus à la commune. Il n'y a pas de tourisme, mais beaucoup de commerce informel. Au contraire, il est budgétivore", poursuit-il.
De son point de vue, le plan de sauvegarde entrave la préservation du site en raison de la multiplicité des acteurs. "Est-il concevable qu'un patrimoine classé ne soit pas administré par un cahier des charges précis ' L'autorité sur le plan de sauvegarde a été transférée du ministère de la Culture à la wilaya d'Alger.
À présent, il est difficile de connaître les prérogatives et les missions des différents intervenants. Les pouvoirs publics ont consenti de gros moyens, mais de manière brouillonne et sans véritable fondement juridique qui définit les droits du citoyen et ceux de l'Etat", épilogue-t-il.

S. H.
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