Algérie

«Je mettrai mon bulletin dans l'urne»



Le peuple, en âge de le faire, est appelé à voter le 1er novembre 2020, le projet de la nouvelle Constitution. Le débat qui a précédé, débat initié et voulu par le président de la République, aura permis aux citoyens désireux d'y participer, d'exprimer leur adhésion ou leurs critiques, en toute liberté. Pour ma part, je n'ai pu donner mon avis, n'étant malheureusement ni une professionnelle du droit, ni une citoyenne indifférente du devenir de son pays.Comme tous les Algériens qui mettront ce jour là leur bulletin dans l'urne, j'en ferai de même. Nous le ferons dans l'esprit de novembre 1954, mais également dans celui du 22 février. Je reste convaincue que notre geste se fera aussi dans la sérénité et la dignité retrouvées.
Nous aimons tous notre belle Algérie, certains avec passion, d'autres dans l'indifférence. Peu importe ! L'essentiel est de l'aimer et de la respecter. Ces deux dernières décennies furent un calvaire vécu par elle. Jugez-en : une meute assoiffée de pouvoir l'a malmenée au point de menacer son existence. De pseudo dirigeants aventuriers et malhonnêtes de surcroît, l'ont vouée aux gémonies impitoyablement ; dans leur ?uvre de gangsters, avaient-ils oublié que cette nation et grâce au courage de sa jeunesse pouvait fausser à temps leur sordide entreprise et vouloir aujourd'hui se construire un nouveau destin. Je serai, quant à moi, de celles et de ceux qui manieront la truelle de l'?uvre de reconstruction, en commençant déjà, par mettre mon bulletin de vote, le 1er novembre 2020, dans l'urne du renouveau.
Dans (le secret de l'isoloir), je m'interrogerai encore une fois, sur la posture négative adoptée par le sieur chef de parti M. ABDALLAH DJABALLAH. Je respecte son opinion ; je ne partagerai certainement pas, celle du chef de parti qu'il veut être : «Non monsieur, non; en tant que tel, vous n'avez aucun droit en la circonstance, d'entraîner vos quelques ouailles, dans votre aventure. Etes-vous oublieux ainsi que vos pairs, des malheurs et des dégâts subis par notre peuple, dans les années de braise de 1990 '
Rassurez-vous, l'amnistie décrétée à l'égard de votre mouvance n'effacera jamais de sa mémoire, les 200 000 morts partis innocemment et à jamais, le deuil qui a frappé des familles entières et douloureusement vécu encore aujourd'hui, des veuves et des orphelins par milliers, des intellectuels de haut niveau sacrifiés souvent par la barbarie, des journalistes, des enseignants, des militaires, des policiers victimes du devoir et la liste est encore longue. Non ! Trois fois non ! voyez-vous, si je m'exprime aujourd'hui avec tristesse, c'est parce que je refuse la division et l'aventure, non en donneuse de leçons, mais comme une militante, hélas, fort avancée dans l'âge qui n'avait pas hésité en 1954 de prendre les armes et participer auprès de ses frères et de ses s?urs dans la lutte pour faire triompher le droit à la liberté dont jouit votre génération, je souffre toujours des stigmates laissés sur mon corps et ma santé, par cinq longues années de détention, après ma condamnation à la peine aux travaux forcés à perpétuité prononcée par un tribunal militaire à mon encontre. Je n'en tire aucune gloire, croyez-moi ! J'oubliais de vous le préciser : mon engagement de militante active date de mes 19 ans et ma condamnation quand j'avais à peine 20 ans.
Ma conviction profonde est que vous n'aurez jamais raison de faire dans la division parce que l'idéologie que vous prônez est une idéologie importée ; elle est d'un autre temps, d'un autre âge, elle n'accepte pas l'âme amazighe puisée dans le creuset de l'histoire plusieurs fois millénaire de ce peuple.
Je pense que le législateur a eu raison de défendre L'AMAZIGHITE de l'Algérien et bien entendu l'enseignement de sa langue où est le mal, M. DJABALLAH ' Vos aïeux, ainsi que vos aînés de la lutte de Libération nationale vous rappelleront toujours la dureté du combat qu'ils ont dû mener, pour que vous puissez vivre Libre dans votre pays.»
Pour clore cette contribution, j'adresse un message militant à la vaillante jeunesse de mon pays en cette veille de scrutin : Belle jeunesse !
Avec ton légendaire courage, sois toujours attentive au destin de ton pays ; ne te laisse jamais entraîner dans les divisions mortifères ; tourne le dos aux aventuriers de tous bords et enfin porte toujours haut le flambeau de l'esprit de Novembre et bien entendu de celui que tu as façonné, vendredi après vendredi, un certain 22 février.
Mme Ghania Belgaïd
Moudjahida et condamnée


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