Algérie

Je mets en garde le gouvernement contre une dérive inflationniste



Je mets en garde le gouvernement contre une dérive inflationniste
Je rappelle qu'il existe un principe de méthodologie tant pour les rapports officiels que pour les thèses des étudiants. J'invite les membres du gouvernement et leurs conseillers à toujours prendre la même source et raisonner toujours à prix constants, faute de quoi les données n'auront aucune signification opérationnelle, induisant en erreur l'opinion publique. Chaque organisme a des bases de sondage donc à éviter d'additionner ou de comparer les données d'un ministère à l'autre, ou avec les données soit de la Banque mondiale ou du FMI. Il faut différencier, pour avoir une vision opérationnelle comme l'a montré brillamment le feu grand économiste polonais Michael Kalecki sur les salaires et traitement.Le concept de salaires s'applique au seul secteur créateur directement et indirectement de valeur-ajoutée. Pour le traitement, il y a deux sous-rubriques : ceux qui bénéficient d'un transfert direct, et ceux qui comme le recommande le PNUD, contribuent indirectement à la création de valeur à moyen terme en l'occurrence, l'éducation et la santé. Or, il existe une confusion méthodologique des données de l'ONS qui inclut par exemple, dans l'administration, les banques et assurances alors qu'il faille écarter cette rubrique, données brutes qui ne permettent pas une analyse opérationnelle. C'est dans ce cadre que je m'en tiendrai aux données officielles de l'organe national de la statistique qui reflète, en principe, les données du gouvernement dans son récent rapport des comptes nationaux 2000-2013 pour analyser les impacts de l'abrogation de l'article 87 bis du code du travail avec ses effets cumulatifs du fait du risque d'un nivellement par le bas 1.-Selon les données officielles de l'ONS, la population active fin 2013, au sens du BIT, est de 11,716 millions pour une population d'environ 38,5 millions. Au sein de la structure de l'emploi, le BTPH représente 16,5%, l'industrie 12,6%, l'agriculture 9,5% et le commerce servies (micros unités) 61,4% avec une dominance du secteur privé 58,9% de l'emploi total. Le nombre de salariés est évalué à 7 393 000 dont 3 508 000 non permanents et 3 785 000 permanents. Le salariat est la forme dominante et touche 65,3% des personnes en activité, minimisant certainement le poids de la sphère informelle, qui représente 50% de la superficie économique. La masse salariale, avec la dominance de la Fonction publique comme nous le démontrerons par la suite, a évolué ainsi devant toujours raisonner à prix constants entre 2000-2013. Si l'on prend un taux de change unique de 79 dinars un dollar pour toute la période 2000-2013, nous aurons : 11,97 milliards de dollars en 2000, 17,26 milliards de dollars en 2005 (avant le lancement du programme de la relance économique), 29,81 en 2009, 36,80 en 2010, 48,68 en 2011, 53,83 et 54,98 milliards de dollars fin 2013, exactement pour 2013 en dinars 4 343,436 milliards de dinars(source ONS). En 2000, le Produit intérieur brut (PIB), selon l'ONS, a été de 46,81 milliards de dollars 2005, de 87,72 en 2009 de 111,02 en 2010 de 131,70 en 2011, de 170,39 en 2012 et en 2013 de 177,78 milliards de dollars. Ce qui donne un ratio masse salariale sur le PIB qui a évolué ainsi : 25,57% en 2000, 17,62% en 2005, 26,80% en 2009, 27,82% en 2010, 31,76% en 2011, 31,59% en 2012 et 30,93% en 2013 et avec l'abrogation de l'article 87 bis, il risque d'aller vers 40% du PIB. Ce taux ne serait pas inquiétant si la tertiairisation de l'économie avec une très faible productivité, et l'administration n'était pas dominante (emplois rente) et si existait une très forte productivité du travail, ce qui n'est pas le cas pour l'Algérie. 2.- L'article 87 bis de la loi 90-11 d'avril 1990, modifiée et complétée en 1997 relatif aux relations de travail, a été élaboré par le Fonds monétaire international, qui a imposé des conditionnalités draconiennes à l'Algérie, en cessation de paiement en 1994. Il stipule que le salaire national minimum garanti (SNMG) applicable dans les secteurs d'activité est fixé par décret, après consultation des associations syndicales de travailleurs et d'employeurs, les plus représentatives et en fonction de l'évolution de la productivité moyenne nationale enregistrée, de l'indice des prix à la consommation et de la conjoncture économique générale. L'article 87 bis comprend le salaire national minimum garanti, prévu à l'article 87, le salaire de base, les indemnités et primes de toute nature à l'exclusion des indemnités versées au titre de remboursement de frais engagés par le travailleur. L'abrogation, aura une incidence sur deux éléments majeurs. Le SNMG dans sa période active et sa pension, une fois validée les années de travail dans la période de la retraite, du fait que le système de calcul applique une grille de calcul qui prend en compte le salaire soumis à cotisations à l'exclusion des prestations à caractère familial (allocations familiales, primes de scolarité, salaire unique...), et les primes à caractère exceptionnel (primes de départ à la retraite, indemnité de licenciement...). Pour les syndicats dans leur majorité, si pour la revalorisation des salaires, le SNMG a été révisé ces trois dernières années à deux reprises, pour atteindre, à partir de janvier 2012, 18 000 DA, cela n'a pas contribué à améliorer les conditions de vie des Algériens et donc s'impose la modification ou la suppression de cet article qui vise à faire du SNMG, un salaire expurgé de ses nombreuses primes et indemnités. La conséquence d'une telle mesure réside dans le fait que le salarié est appelé à percevoir ses 18 000 DA de SNMG dans leur totalité sans avoir à subir aucune soustraction, comme auparavant, encore que certains syndicats autonomes plaident pour que le SNMG soit calculé sur le salaire net et non brut, c'est-à-dire après défalcation des retenues. Et ce, pour rendre «palpables» les augmentations salariales arguant que ce sont les hauts cadres, indexés au SNMG, qui bénéficieront de cette augmentation. Mais, il ne faut pas être utopique. L'abrogation de l'article 87-bis de la loi n°90-11 du 21 avril 1990, relative aux relations de travail aura une lourde répercussion sur le Trésor public. Le gouvernement avait déjà évalué l'impact en 2006 à 500 milliards de dinars pour la Fonction publique et 44 milliards de de dinars pour les entreprises publiques, soit au cours de l'époque 7/8 milliards de dollars annuellement. Entre temps en 2012, certaines catégories ont eu des augmentations de salaires, ce qui a permis de relever le plafond de ceux qui percevaient moins de 20 000 dinars par mois. Mais également entre temps, nous avons eu une augmentation des fonctionnaires qui dépassent 2,1 millions en 2014 et ajouté aux emplois temporaires (entre 800 000 et 900 000, selon certaines sources) donnant trois millions de fonctionnaires permanents et non permanents, ainsi que l'embauche au niveau du secteur économique notamment, le BTPH dont la majorité perçoit moins de 20 000 dinars. Par ailleurs, l'abrogation de cet article nivelle par le bas les salaires. Ainsi, une femme de ménage qui percevra 20 000 dinars se rapprochera du technicien qui perçoit 25 000 dinars, ou d'un jeune docteur d'Etat rentrant à l'université qui commence sa carrière à 45 000 dinars. Il faut s'attendre à moyen terme à des revendications salariales pour accroître l'écart nécessaire pour ne pas réduire la productivité du travail et cela concerne tant la Fonction publique que tout le secteur économique. Ainsi, l'impact du fait des ondes de chocs avec des effets cumulatifs, qui forcément s'en suivront, et ce que l'on oublie, le montant annuel pendant toute la durée de l'activité, pourrait aller vers 9/11 milliards de dollars de traitements additionnel annuel vers 2016-2020, au moment où le risque est une chute des recettes de Sonatrach. Plus de 50% des PMI-PME dont le BTPH, qui constituent 95% du tissu productif, ne pourront pas supporter cette augmentation des salaires, la masse salariale dépassant souvent 50% de la valeur ajoutée, incluront dans le prix de la marchandise ou des logements ces augmentations (inflation), ou licencieront ou demanderont au gouvernement des dégrèvements fiscaux ou des taux d'intérêts bonifiés, supportés par le Trésor public. Déjà avec un déficit budgétaire de 4 100 milliards de dinars prévu par la loi de finances 2015,(51,89 milliards de dollars), cela réduira d'autant le fonds de régulation des recettes. Faute de quoi, ils alimenteront la sphère informelle, qui représente déjà 50% de la superficie économique. 3.- Pour atténuer l'impact négatif sur le Trésor public, il faudra à la fois avoir une vision «juste» de la justice sociale, ne pouvant demander des sacrifices aux catégories, les vulnérables sans une solidarité collective et forcément relever le niveau de production et de productivité renvoyant à une nouvelle politique socio-économique axée sur la production et l'exportation hors hydrocarbures. Le programme 2004-2013 a été consacré aux infrastructures, qui ne sont qu'un moyen expliquant malgré une dépense colossale, un taux de croissance relativement faible de 3% durant cette période alors qu'il faut 8-9% de taux de croissance pendant au moins 5-7 ans pour éviter des remous sociaux et améliorer le pouvoir d'achat des Algériens. Or, la productivité globale est une des plus faible au niveau du bassin méditerranéen (l'Algérie dépensant deux fois plus pour avoir deux fois moins d'impacts au niveau de la région MENA,) la cause essentielle étant la bureaucratie, le système financier et socio-éducatif non adapté, la solution étant d'encourager l'entreprise publique, privée locale ou internationale à valeur ajoutée et son fondement, le savoir. Certes dans le pouvoir d'achat, il faut inclure les transferts sociaux et les subventions (uniquement les subventions 25 milliards de dollars en 2013 pour acheter la paix sociale et cela n'est pas tenable dans le temps). Or dans un pays normal, l'on ne distribue que ce que l'on a préalablement produit. Certes, le projet de budget 2015 prévoit un taux d'inflation à hauteur de 3% mais ce taux étant compressé artificiellement par les subventions sans lesquelles, il approcherait les 10%. Aussi, un débat national sur les subventions généralisées, non ciblées devient urgent. Il y a lieu de prévoir leur budgétisation par le Parlement avec une affectation précise et datée par une Chambre de compensation aux secteurs inducteurs, et les catégories les plus vulnérables afin d'éviter le gaspillage et les fuites hors des frontières. Aussi, attention à la dérive inflationniste. 4.- Aussi, l'objectif est de tenir compte des nouvelles réalités mondiales, notamment des profonds bouleversements géostratégiques qui s'annoncent dans la région. Tiendra-t-elle ses engagements notamment, les accords que l'Algérie a signés en toute souveraineté ' Ainsi le tarif douanier sera de zéro en 2020 (report de trois années prévu en 2017) et l'Algérie aura-t-elle des entreprises compétitives en termes de coût et qualité s'insérant dans la nouvelle division internationale du travail ' Les accords prévus avec l'OMC représentant 85% de la population mondiale et plus de 95% des échanges mondiaux depuis l'accession de la Russie, étant encore plus contraignants.




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