Algérie

Je me tais


Je me tais
Ramdane, mois de la touba et du ghofrane. Chri, mange, achète, koule. Ton salaire est le même sauf qu'il est pris en otage par ton ventre. Tu deviens gouffa. Et les commerçants, aussi moumnine que toi, le savent. Toutes les marchandises sont raflées aux prix qu'ils imposent. Ce n'est pas de leur faute. C'est à cause des intermédiaires qui greffent leur rahma pour gonfler leur bénéfice. Ramdane, c'est le mois où les éboueurs ont le plus de poubelles à dégager. Heureux est celui qui ne s'endette pas. Ouf leilet echchek. Oui mais avant, il faut penser à Aïd Sghir. Ce n'est plus à la maison que les gâteaux sont conçus. Les temps ont changé. Les pâtissiers travaillent à la commande. Autres temps, autres m?urs... Chri, mange, achète, koule, expose. C'est toute la famille qui passera te « bousser ». Boussa sur la joue gauche, une autre à droite et les yeux rivés sur les gâteux exposés. Attention, tes enfants doivent être bien sapés. Sapé, ton salaire l'est depuis longtemps.C'est la rentrée scolaire. Le cartable de l'an passé est dépassé… Il faut aussi le remplir. Pas question que les enfants fassent la rentrée avec les mêmes fringues. Les enfants ne sont plus les mêmes, mais ton salaire, lui, n'a pas changé. Ouf ! Les bambins labssou, dakhlou… « Bouya, j'espère que notre mouton sera plus grand que celui des voisins ». « Ya ouldi, el jar commerçant et moi je ne suis que salarié ». L'enfant ne comprend pas comment ce voisin qui n'a aucun diplôme puisse mieux gagner sa vie que son père « khanez diplomète ». Va lui demander, à ce gosse, de prendre au sérieux les études. Lui qui a passé ses vacances à la maison, alors que ses camardes de classe racontent leur « sbagna », leur « Touness », leurs visas et leurs visages bronzés par d'autres soleils, photos à l'appui qu'ils font défiler sur leur téléphone dernière génération… Ton sale air est le même, tu as envie de balancer tous tes livres et déchirer le livret de famille… Je me tais.


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