Algérie

"Je me suis inspiré de l'histoire des corsaires pour l'écriture de mon roman"



Le roman historique " Die Eroberung Amerikas " ( La conquête de l'Amérique), de l'Autrichien Franz Stefan Griebl, alias Franzobel, a été présenté du 29 novembre au 3 décembre à Adrar, Oran et Alger. Publié début 2021, ce récit revient sur l'expédition menée par Hernando de Soto vers 1539 au sud-est de l'Amérique actuelle. Satire, réflexion sur l'Homme moderne et les violences qu'il peut commettre, Franzobel reconstitue une fresque intemporelle, entre passé et présent.Liberté : Vous êtes en Algérie pour la présentation de votre ouvrage La conquête de l'Amérique (Die Eroberung Amerikas) en version originale. Pouvez-vous revenir sur cette expérience '
Franz Stefan Griebl : Je suis venu à deux reprises en Algérie. Lors de mon premier passage je voulais m'imprégner de la ville d'Alger, de son ambiance. Quelque temps plus tard, de nouveau, le besoin de revenir en Algérie s'est présenté. J'ai rencontré une historienne qui m'a raconté l'histoire de la "piraterie" au Maghreb. Pour l'écriture de mon roman La conquête de l'Amérique, je me suis donc inspiré de ce passé-là.
Votre dernier roman, La conquête de l'Amérique, retrace le passé sombre de l'Amérique actuelle, à travers le personnage d'un avocat new-yorkais qui intente un procès aux Etats-Unis pour spoliation des terres des Indiens d'Amérique. Pourquoi le choix de ce pan de l'Histoire '
Ce passé a été marqué par la spoliation des terres et par la violence.
Je voulais voir comment l'histoire d'aujourd'hui devrait rendre justice à ces peuples-là, pas seulement en leur restituant des terres, mais également mettre en avant ce pan de l'histoire. Parce que rendre leurs terres n'est pas suffisant, il s'agit maintenant de reconnaître ce passé.
Est-ce que la spoliation des Indiens d'Amérique peut être représentative des autres colonisations d'autochtones par l'Occident '
Oui, c'est une histoire qui peut faire l'objet d'analogies. Elle est commune à beaucoup de peuples de par le monde. Ce qui m'intéresse toutefois, c'est de m'attarder sur des destins individuels. Je m'intéresse à des êtres, des êtres qui ont vécu ces choses-là. L'histoire ne peut-être, de toute manière, reconstruite que grâce aux destins individuels.
Vous vous basez sur des personnages ayant vraiment existé, comme le conquistador Hernando de Soto qui devient dans votre ?uvre Ferdinand Desoto...
J'ai joué sur les noms, parce que je tenais absolument à individualiser le personnage. Je ne voulais pas que ça reste le nom d'une figure historique. Je voulais donner ma vision sur le sujet. Entre la version germanophone des noms que j'ai donnés aux personnages et leur traduction en langue française existent aussi de nombreuses différences. Ferdinand est la version germanophone du nom espagnol Hernando, afin que ce soit plus facile à lire pour le lectorat germanophone.
Vous ne prétendez pas non plus écrire un récit historique, mais un roman dont l'action se déroule au XVIe siècle, au temps des conquistadores...
C'est un roman qui a certes des couleurs historiques. Je crois réellement que l'Histoire doit être transmise, mais je ne prétends pas faire dans l'exactitude des faits. Il y a, dans ma fiction, des décalages temporels ou factuels qui font que mon lecteur ne ressent pas ce besoin de vérifier les faits que je lui présente. C'est ainsi que je me réapproprie l'Histoire.
Justement, votre ?uvre oscille entre passé et présent, les périodes temporelles se télescopent, nous retrouvons même des anachronismes...
C'est à travers le regard du narrateur ? un avocat new-yorkais qui entend réparer les injustices commises à l'égard des Indiens d'Amérique ? que le récit est raconté. La figure du narrateur appartient au présent, donc de par cette perspective, il remonte 500 ans en arrière.
Votre précédent roman, À ce point de folie, raconte le naufrage du navire La Méduse. L'horreur, la violence sont racontés dans les moindres détails. Pourquoi cette fascination '
Ce passé et ces histoires-là me fascinent en effet. Il est important pour moi de voir dans quelle mesure le passé pourrait me permettre de porter un regard sur le présent. J'aime beaucoup aller à la recherche de ces moments de l'Histoire. Ils m'amènent à parler de notre présent.
Comment voyez-vous ce présent '
Le monde d'aujourd'hui est difficile à définir en quelques termes. Il est complexe. Il y a un changement de valeurs chez l'Homme d'aujourd'hui. Notre présent est à la fois humain et fragile. Il y aura toujours de la violence, des injustices.
Un projet littéraire, poétique ou artistique en vue pour les mois à venir '
Oui, je m'intéresse actuellement à la vie d'Albert Einstein. Je ne sais pas ce que cela va devenir, mais en tant qu'artiste, j'écris sur la base de mon désir et du moment. Je n'ai pas d'idée au préalable. Ce projet évoluera au gré de mon inspiration.

Entretien réalisé par YASMINE AZZOUZ


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