Algérie

« Je me retrouve endetté'»


« Je me retrouve endetté'»
- Que s'est-il passé pour que vous reveniez au cinéma ' En 2009, lors du IIe Panafricain, le ministère de la Culture a fait produire par Laith Média une série de courts métrages : pour ma part, on m'en a fait la proposition quand tous les autres étaient déjà terminés. J'ai apprécié ce geste de la part de Mme Yahi et de M. Bedjaoui car j'espérais, après ce film, rebondir sur un projet de long métrage.
C'était une opportunité pour sortir de ce silence délibéré… Cela devait se faire très rapidement et je n'ai pas discuté les termes du contrat qu'on m'a présenté ; c'était une simple formalité : le plus important étant de boucler ce court métrage en trois semaines, un mois tout au plus. Malheureusement, j'allais découvrir que mes collègues africains avaient reçu, certes avec retard, une «allocation globale et unique» de 60.000 euros réglée d'une seule traite alors qu'il m'était attribué 50 000 euros fractionnés en 4 tranches !! Je ne comprenais pas pourquoi, je n'ai pas été convaincu par la réponse mais je n'ai pas insisté. Il me fallait me consacrer à  la mise en œuvre du film… J'allais comprendre pourquoi mais plus tard ! Avant, je devais d'abord m'enfoncer dans une drôle d'embrouille ! J'allais dégusté sans rien comprendre.

- Comment s'est déroulée la production de ce film ' Je pensais que Laith-Média allait produire le film, M. Laloui m'a fait savoir qu'il me fallait trouver une autre société et j'ai dû me résoudre à  créer une auto-entreprise qui allait prendre en charge la production exécutive et c'est en son nom que j'ai signé le contrat. Je me suis donc plié à  ses exigences mais je sentais confusément que le principe à  l'œuvre était : «Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué '» D'ailleurs, plus tard j'allais comprendre que, non seulement Laith-Média n'était pas le producteur exécutif, mais qu'il fallait établir la facturation des différentes tranches à  l'ONDA, l'organisme payeur, Laith Média n'étant en fait que le commanditaire mandaté par le ministère de la Culture comme son représentant : de là à  s'imaginer avoir rang de ministre, il n'y a qu'un pas ! Mais alors que faire si le commanditaire est tout le temps fuyant, que régulièrement, il ne répond pas à  mes mails, qu'il m'annonce un jour, après tournage, que le scénario n'est pas validé ! Que vaut pour lui le contrat que nous avons signé ' Alors qu'une première tranche a déjà été transférée et que la seconde tranche est annoncée depuis des mois mais n'est toujours pas réceptionnée plus d'une année après l'envoi par nos soins des rushes du tournage, et ce, sans explication aucune ! Voilà pourquoi tous ces dysfonctionnements, toutes ces aberrations, enfilées comme des perles, chacune élevée à  la puissance de l'autre, m'ont conduit avec mon avocate, en toute simplicité cette fois, à  procéder à  une mise en demeure par voie d'huissier !

- Quelle est votre situation actuelle ' Je me retrouve endetté et certains membres de l'équipe n'ont toujours pas été payés, je suis en grande difficulté personnelle depuis des mois, tout ça parce que quelqu'un dispose de ce pouvoir exorbitant de satisfaire son penchant pour ces petits jeux pervers au détriment des autres, cela s'avère désastreux à  plusieurs niveaux : l'effet domino se démultiplie. A ce jour, en plus de la réaction brutale de la banque, il y a par effet cumulatif des difficultés pour poursuivre les travaux de montage et de finition et dans les relations avec les techniciens, etc.

- Il n'y a eu aucun geste de Yacine Laloui ' Je dois reconnaître qu'il a fait un geste et nous a fait parvenir 4000 euros qui lui seront restitués après réception de toutes les sommes restantes bien évidemment. Mais sur le fond, le problème n'est pas réglé pour autant, car le dispositif mis en place vise sans doute à  s'assurer un contrôle absolu… d'où que la validation d'accord pour un projet puisse àªtre invalidée pendant sa fabrication ! Sans entrer ici dans un débat complexe, miné de surcroît par bon nombre de malentendus, disons d'emblée qu'il ne faut surtout pas confondre contrôle et maîtrise. On peut soit se noyer dans l'obsession du contrôle, ce qui n'est qu'une pathologie du pouvoir associé à  un esprit de fermeture et n'induit très vite que lourdeur là où la maîtrise ne procède que par légèreté et ouverture. Il s'agit dans la recherche de la maîtrise de la créativité à  préserver, à  stimuler par le mécanisme qu'on met en place ; on s'évertue non pas à  affirmer un pouvoir excessif de l'extérieur mais à  susciter une puissance dans l'expression artistique là où c'est l'autoritarisme arbitraire qui est mis en avant on aura l'opacité et la lourdeur du plomb, alors que si c'est la créativité qui est sollicitée, ce sera la fluidité et la volatilité de l'éther ! Il y a là un discernement à  privilégier si on veut éviter la sclérose et l'académisme : il s'agit de la création cinématographique de son épanouissement, soit contrariée, soit entretenue et encouragée. Je prends aujourd'hui la mesure du piège dans lequel je me débats encore depuis plus de 2 ans ! Tout ce retard ne m'est absolument pas imputable, contrairement aux apparences, à  part le fait d'avoir été hospitalisé par 2 fois… Que de temps perdu en attente vaine de virements qui n'arrivent pas, en relances répétées, inefficaces, face au silence complaisant, méprisant, ou peut-être vengeur ! Q ue d'efforts vains à  cause de ces dysfonctionnement et retards pour constituer l'équipe, pour la défaire immédiatement, tout recommencer encore pour faire coïncider les dates du calendrier et les disponibilité de chacun.
- Et avez-vous reçu cette seconde tranche ' A ce jour, la 2e tranche telle que prévue par le contrat n'est toujours pas parvenue, alors que le tournage de 80% du film est terminé depuis plus d'un an !... Alors qu'elle devait servir à  régler certaines dépenses du tournage, d'où l'endettement, acceptable un mois au maximum, au-delà, cela deviendra catastrophique ! D'ailleurs cela a entraîné la fermeture du compte de la société par la banque, qui m'avait donné 2 mois de préavis pour régulariser ! J'ai, alors, immédiatement transmis la copie de la lettre à  Laith-Média et au ministère, pour les alerter, et j'ai demandé à  M. Laloui les références bancaires du transfert, pour prouver à  la banque ma bonne foi. A ce jour, il n'a toujours pas répondu à  mes mails ! Toujours aussi lointain et méprisant. Cela aurait pu nous épargner cette clôture du compte. J'ai essayé de plaider notre cause pour l'éviter, affolé que j'étais à  appeler les uns et les autres : «Qu'allons-nous faire si la 2e tranche arrivait entre-temps ' – On verra, me dit le responsable de la banque, très sceptique quant à  ma fiabilité ! De toute façon, vous àªtes client de la Société Générale, au pire vous y avez un compte personnel !» - Réponse que j'ai transmise telle que à  Laith-Média : ce qui s'est transformé plus tard en : «(…) Il veut qu'on lui transfère sur son compte personnel !» Voilà l'ignominie, voilà en clair la malveillance à  l'œuvre : le type de manipulation dangereuse qui permet à  la fois de m'accabler, en me prêtant une intention malsaine, tout en masquant sa propre défaillance, son irresponsabilité et son incompétence, additionné à  un mécanisme de financement inadapté et inopérant… Ce qui finit par tuer tout projet et détruire toute velléité de création.

- Y a-t-il eu des moments de doute ' En vérité, je ne suis en rien responsable de cette situation calamiteuse puisque c'est à  lui de régler le problème créé par Laith-Média qui ne tient pas ses engagements contractuels depuis plus d'une année ! Il fait des conséquences de ses défaillances l'objet d'une manipulation calomnieuse, dont l'effet désastreux devient cause supposée de l'intention malsaine qu'il me prête ! Tout comme il fait courir des bruits, des calomnies sur la qualité du film, non terminé pourtant ! Lui, dont le rôle serait de se soucier, du comment améliorer, réparer, protéger, puisqu'il en est aussi le garant responsable, contractuellement. Jusque-là je n'ai pas voulu reconnaître la gravité de ces dysfonctionnements, ni cette malveillance, incompréhensibles à  mes yeux. Il était inconcevable que le vrai problème vienne de lui ! Comment peut-on perdre de vue que nous sommes dans la sphère de la culture, et que les valeurs de vérité, de sincérité, de clarté et de transparence, de beauté doivent rayonner plus qu'ailleurs en toute démarche où se conjuguent esprit de responsabilité, conscience et liberté. D'autant que sur Nahla, j'étais producteur exécutif et nous avions des problèmes à  affronter, liés à  la réalisation du film, mais jamais ce genre difficultés tellement sournoises et inattendues, qu'elles peuvent couler un film ou le torpiller mine de rien ! Jamais je ne me suis senti ainsi étranglé, pris dans un piège que je ne pouvais comprendre... dans un petit court métrage ! Pourquoi ces persécutions ' A la limite du calvaire… Que d'humiliations ! Pourquoi ce climat de lourdeurs, de non-dits, de dégradation des rapports ! Où voulait-il en venir ' J'avais signé avec un producteur pas un tortionnaire ! Jamais le moindre intérêt pour le film ; ni ce qu'il raconte. Se prenait-il pour un nabab ' Ce qu'il n'est pas… pas encore ! Un nabab prend des risques avec son argent personnel, privé – il anticipe les problèmes et trouve les solutions avant terme, il protège le film, le valorise au lieu de le dégrader, de le dénigrer et il a une éthique cohérente ! Ici, c'est un bien commun dont il s'agit, l'argent de l'Etat, ça mérite d'être respecté, pourquoi torpiller le film ' Pourquoi contrecarrer les efforts de l'équipe et des acteurs ' Pourquoi ces négligences, ce mépris, cette hogra ' Pourquoi contrarier les efforts consentis par tous ' Parce que c'est un bien commun ' Quelle mentalité ! Quel gâchis !
- Vous me disiez avoir réussi à  obtenir son numéro de portable en septembre dernier… Oui, celui que j'utilisais depuis deux ans étant toujours occupé ou bloqué, et il ne répondait pas à  mes mails… Là, il décroche et me répond qu'il est au volant de sa voiture, qu'il pourra me parler le lendemain à  11 heures précises… Rassuré, je raccroche et, comme prévu à  l'heure fixée, le lendemain, j'attends jusqu'à 12h. Rien ! J'étais exaspéré, cela devenait intolérable ! Encore et toujours des mensonges, des fuites, des rapports insincères et faux ! Sans compter la mauvaise foi, l'hypocrisie. Un vrai producteur s'implique concrètement parce qu'il adhère au projet. Son rôle véritable est de rendre manifeste le film, de le faire aboutir quelles que soient les circonstances, de le faire émerger coûte que coûte ; et pour ce faire il rassure les uns et les autres, en permanence, il ne fuit pas, ne dénigre pas, ne torpille pas le film ! Là c'est tout l'inverse : il me demande les factures des 2e, 3e et 4e tranches que je lui transmets, et ce, par deux fois à  sa demande (en 2010 et en 2011) mais rien en retour ! Et sans jamais d'explication claire ! Ce cauchemar dure depuis plus d'une année ! J'ai compris tardivement qu'il me fallait cesser de supplier et de mendier, car il se nourrit de ça. Cela alimente son pouvoir en quelque sorte ! Et il en a besoin ! Il fallait essayer un autre langage : c'est une question de dignité et de respect de soi même, d'où le recours à  la justice et aux huissiers !... En vérité je ne l'ai pas choisi et il ne m'a pas choisi ! Voilà pourquoi ce sabotage larvé, rampant et vicieux ! Je n'ai rien contre cette personne en tant que telle ! Mon seul souci c'est l'application du contrat qu'il m'a fait signer dont j'ai accepté tous les termes, même les clauses qui ne me convenaient pas ! Donc qu'il respecte son propre contrat ! Aujourd'hui, j'entends un nouvel argument : «Impossible de procéder au virement des sommes restantes puisque le compte de la société est fermé !» Je n'y suis pour rien, encore une fois, c'est Laith-Média qui est responsable de cela, il y a encore trop de mensonges et d'incohérence.  On m'a fait croire que le virement est en cours depuis janvier 2011, tout en m'annonçant d'ailleurs en mai que le scénario n'était pas validé ! Tout en me demandant dans le même mail un pré-montage du film ! Qui peut y comprendre quelque chose ' Par contre, je ne peux m'empêcher, à  ce stade, de me poser la question : «Pourquoi avoir diminué» l'allocation globale unique de 60 000 euros attribuée à  tous les autres réalisateurs à  50 000 euros '» Pourquoi l'avoir fonctionné en 4 tranches ' Surtout si c'est pour aboutir après deux ans et demi à  1 seule tranche ! Dans une telle impasse ! Combien d'années faudrait-il pour les 4 tranches '
- Nous sommes en 2012 et, selon vous, il est toujours incongru, en Algérie, de fabriquer un film même pour un réalisateur confirmé tel que vous… Ce principe à  l'œuvre est parfait pour saborder un petit film, jeter le discrédit, semer la confusion ; je suis perplexe devant de telles dérives. Pourquoi les laisse-t-on perdurer comme si «personne n'est responsable de rien». Il s'agit pourtant de l'argent d'organismes officiels, de bien commun. Peut-être que Laith-Média a des difficultés pour transférer, avec la Banque d'Algérie, je ne sais pas si c'est la réalité ; mais si c'était le cas il faut avoir d'abord l'honnêteté de clarifier la situation et de ne pas masquer cette difficulté en calomniant les autres envers qui il est défaillant par incapacité de reconnaître l'impossibilité d'assumer ses charges et responsabilités. Plutôt que de saboter un film, il serait plus juste d'en céder le dossier à  quelqu'un d'autre. Sinon on peut plomber et couler le film. C'est pernicieux et révoltant ! Les autres réalisateurs n'ont pas eu à  souffrir d'un découpage en tranches, ni de tous ces dysfonctionnements puisque «l'allocation unique» leur a été réglée d'une traite ! Je souhaite terminer le film et procéder aux dernières opérations de montage, mixage, étalonnage, en plus de quelques plans qui restent à  tourner d'autant que je ne vois pas à  quoi peuvent bien servir les factures qu'il m'a demandées ' Sans rien en retour pour l'instant.

- Avez-vous été aidé durant ces deux années ' Je dois dire que, dans ce contexte particulièrement difficile, j'ai particulièrement apprécié l'aide de jeunes réalisateurs prometteurs comme Hassan Ferhani, mon assistant, Khaled Benaïssa, acteur et réalisateur, Katia Kameli, vidéaste, Lyes Salem, comédien et réalisateur, ainsi que Boris Perrin et Jacques Choukroun qui ont constitué une aide précieuse alors que j'étais confronté à  quelque chose d'étranger à  la réalisation. En ce qui me concerne, je demande réparation de tous ces préjudices le plus rapidement et le règlement de la somme restante, sur la base de l'allocation des 60 000 euros, sur un pied d'égalité avec les autres réalisateurs. Par ailleurs, au-delà de ce que j'ai dit de la différence fondamentale entre contrôle et maîtrise qui n'ont rien à  voir, je me retrouve plongé dans l'épouvantable atmosphère de suspicion, de non-dits, de l'époque de l'interdiction par Taleb Ibrahimi, le ministre de la Culture de l'époque de mon documentaire Insurrectionnelle dont le montage négatif avait été détruit, sans que, quiconque, jusqu'à ce jour, n'en ait été informé, emmurés que nous étions tous, dans un silence de plomb, d'une sinistre inquisition inavouée, car, disait-on, «la censure n'existe pas, comme tout le monde le sait»… J'espère que cela fait partie d'un passé, désormais, à  jamais révolu !


 
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