Algérie

«Je m'attends à une légère hausse de participation»



Dans l'entretien qu'elle nous a accordé, la spécialiste en droit constitutionnel, la professeure Fatiha Benabbou, évoque et apporte son point de vue sur les prochaines élections locales, prévues le 27 novembre prochain.L'Expression: Le président de la République a officiellement convoqué le corps électoral en vue des élections anticipées des Assemblées populaires communales (APC) et de wilaya (APW).
Qu'avez-vous à dire à ce propos'
Professeure Fatiha Benabou: Vous savez, les élections ont toujours un temps «t.» Je l'ai dit au président de la République lors de ma rencontre avec lui, au mois de juillet dernier.
À cette période-là, il voulait que les élections soient programmées pour le mois de septembre. Et je lui ai dit que vous risqueriez d'avoir un taux d'abstention record. Le risque de contamination avec la troisième vague ne jouait pas en faveur de leur tenue. La Covid-19 faisait craindre une participation en baisse. Je lui ai conseillé de prendre son temps pour une bonne réussite de ce rendez-vous. Je lui ai clairement expliqué, que quelqu'un qui a une légitimité, il faut qu'il la conserve et quand il y a une crise économique «sa cote de popularité baisse».
Est-ce que vous considérez que le timing du 27 novembre prochain est approprié'
Les indicateurs de l'épidémie de Covid-19 continuent leur amélioration. Ils sont là pour rassurer les votants, en attendant la mise en place d'un protocole sanitaire spécial pour la tenue du rendez-vous électoral. Je pense que la participation citoyenne sera bien plus forte s'il n'y aura pas de pic de Covid-19 et de crise. Le point de coupure entre le gouverneur et le gouverné est là, aussi. Néanmoins, je pense que les prochaines élections locales donneront lieu à un nombre d'électeurs important. Il y a une possibilité de voir une participation en hausse par rapport à celle enregistrée lors des dernières législatives.
Pouvez-vous être plus explicite, professeure'
Ils seront, au minimum, 5000 candidats à se présenter. Chacun d'entre eux fera sans doute appel à sa famille et à ses amis. Les gens iront voter pour le voisin, le copain, le fils, le cousin, dans les élections locales qui ont plus d'enjeux. Et c'est ce qui donnera un grand nombre d'électeurs.
Pouvez-vous nous dire un mot sur les modifications apportées à certaines dispositions de la loi organique relative au régime électoral, notamment en ce qui concerne la réduction du nombre de signatures devant être collectées par les candidats'
Pour les membres de l'APC, le nombre était de 50 signatures, et maintenant il a été réduit à 20!
C'est fait pour les petites agglomérations où il n'y a pas une densité démographique. L'article paru dans la dernière édition du Journal officiel, stipule que « la liste des candidats présentée sous le parrainage d'un parti politique ou à titre indépendant, pour les communes dont le nombre d'habitants est égal ou inférieur à 20 000 habitants, doit être appuyée par, au moins, 20 signatures des électeurs de la commune concernée pour chaque siège à pourvoir.» Et puis, il y a, en parallèle, la réalité du terrain. Lors des dernières élections législatives, les candidats ont eu du mal à en ramasser, et c'est ce qui se disait dans les journaux.
Je pense que 20 signatures demeure un chiffre dérisoire! Les candidats peuvent, très facilement, aller dans leur propre famille et collecter un nombre de signatures plus important!
Qu'avez-vous à dire à propos de la possibilité donnée aux candidats de déroger à la disposition relative à la condition de la parité'
L'article 317 de la nouvelle loi organique relative au régime électoral, donne l'opportunité à l'Autorité indépendante (l'Anie) d'apprécier au cas par cas. Et c'est une démarche réaliste.
La question de la parité est un problème qui se pose depuis longtemps. Vous savez, nous sommes dans une société qui est encore patriarcale.
Les grandes villes sont peut-être plus modernes, chose qui ne l'est pas dans d'autres régions du pays. Les femmes algériennes vivent encore sous le poids des traditions. Elles ne peuvent même pas sortir dehors, sans parler du fait d'aller faire de la politique ou d'aller gérer les communes. Il n'est pas encore possible d'avoir une parité homme-femme dans certaines agglomérations.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)