Algérie

«Je l'aurais un jour !»



«Je l'aurais un jour !»
Le secteur des assurances vit des transformations importantes. Les opérateurs privés qui se sont investis dans le secteur ne comprennent pas les nouvelles méthodes du gouvernement pour pousser les Algériens à souscrire des assurances de personnes. Si les plus avertis considèrent que les nouveaux arrivants bénéficient à travers certaines banques publiques d'avantages qu'ils n'ont pas eus, les observateurs n'arrivent pas à comprendre comment un ministre de la République puisse se transformer en VRP d'un assureur, fût-il détenu à plus de 51% par des entreprises publiques.
La Macif n'aurait pas pu rêver de meilleur agent publicitaire que Belkacem Sahli. Il est en charge de la communauté algérienne à l'étranger. Il demande à nos compatriotes de souscrire à une assurance pour que les corps des défunts puissent avoir une sépulture au «bled». Si, jusque-là, le souci d'économiser l'argent public peut être compréhensible, ce qui l'est moins c'est le monopole de fait accordé à une filiale d'une société française, annonce de surcroit faite lors d'une conférence de presse organisée non pas au siège de l'entreprise mais dans le tout nouveau siège du ministère des Affaires étrangères.
La Macif en a rêvé, Belkacem Sahli l'a fait. Ce jeune ministre de 38 ans et chef de parti n'a, semble-t-il, aucune connaissance de son rôle et de l'image qu'il donne du gouvernement. Faire du ministère des Affaires étrangères le lieu de lancement d'une opération commerciale est suffisamment grave pour que l'on s'inquiète de l'avenir de la diplomatie algérienne et de la défense des intérêts de notre communauté vivant à l'étranger.
Le produit que veut nous vendre notre ministre existe déjà sous forme de solidarité générationnelle. Il s'agit d'un produit qui est proposé par des associations dites «du village». Elles s'occupent des rapatriements des dépouilles, des 'uvres sociales au village, tel que l'entretien du cimetière du village, de l'assainissement, des routes et des tournois sportifs pour les jeunes en période d'été, en plus des aides aux plus démunis, contre une cotisation annuelle de 25 euros obligatoire à partir de 18 ans, et les femmes en sont exonérées. Le rapatriement comporte aussi un billet d'avion aller/retour pour un accompagnateur, le transport par ambulance de l'aéroport d'Alger jusqu'au village, l'équivalent de 300 euros pour les obsèques.
La transformation d'une action de solidarité en produit financier est assez rare pour ne pas être soulignée. Peu de capitalistes ont réussi ce genre d'opération. Ils sont, aussi, peu nombreux à avoir trouvé un membre du gouvernement comme agent de communication.
«Je l'aurai un jour, je l'aurai», est une tirade des spots publicitaires de la compagnie d'assurance française. Effectivement, elle a eu un membre du gouvernement algérien.
A. E.


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