Algérie

"Je dors à la belle étoile, sur des cartons"



« A ma sortie de prison, où j'ai passédeux ans pour agression à l'arme blanche,j'ai bénéficié d'une carte « réconciliationnationale et réinsertion des prisonniers »qui devait m'aider à trouver un travail. J'avais vraiment cru que cette carte pourraitm'ouvrir une porte sur une vie digne.Mais je me suis vite rendu compte que celane servait à rien. J'ai monté un projet dansle cadre de l'Agence nationale de soutienet d'emploi de jeunes (Ansej)pour ouvrir un restaurant,mais aucune banque ne voulaitm'accorder un crédit dansma wilaya. L'Ansej est réservéeaux riches. Et puis j'ai entenduparler de ce marché,alors j'ai pris le bus. J'ai atterriici sans le moindre sou.Ma famille est très pauvre,j'ai à nourrir huit frères dontdeux sont handicapés et mesparents malades. Mon quotidien ressembleà un enfer. Je me lève à 2h du matin. Je loueune charrette à 150 DA par jour. Je paie le« mekess » à 100 DA et je sillonne les alléesde ce marché à longueur de journée dansl'espoir de me faire engager. Le filet depommes de terre, je le facture à15 DA. Quant aux casiers et cageots de légumes,c'est entre 7 DA et 10 DA. Je n'aipas le temps pour me reposer. A la fin de lajournée, j'ai gagné 1000 DA et j'en débourse500 pour manger et j'envoie le resteà mes parents à Tébessa. Le soir venu, jedors à la belle étoile avec mes amis, àmême le sol, les cartons remplacent lesdraps et les couvertures. Je n'ai pas lesmoyens pour me payer une nuitdans le hammam comme fontbeaucoup, à quelque deux kilomètresd'ici. En plus, il faut réserverd'avance, car il n'y a pasde place pour tout le monde.L'hiver est un enfer. Il m'est arrivéde pisser dans mon froc,comme mes amis d'ailleurs,nous n'avons d'ailleurs pashonte de le dire. Nous vivonscomme des animaux dans unpays où l'argent coule à flots. Le gouvernementparle de la création de 3 millions depostes d'emploi. Je ne crois pas à cela, cene sont que des mensonges. Je n'ai peur derien. Je le dis. De toute façon, je suis déjàmort »


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