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La Banque du Japon (BoJ), qui avait surpris fin janvier en instaurant des taux négatifs, a choisi le statu quo hier afin d'évaluer l'impact de son offensive monétaire, qui a reçu un accueil très mitigé dans une troisième économie mondiale sans souffle.A l'issue d'une réunion de deux jours, le comité de politique monétaire a maintenu à -0,1% le taux instauré depuis peu sur certaines liquidités déposées par les banques, une pénalité qui vise à les inciter à prêter aux particuliers et entreprises.Cet outil non conventionnel, qui s'était initialement heurté à l'opposition de quatre des neuf membres, a cette fois-ci été prorogé par 7 voix contre 2. La BoJ a par ailleurs reconduit à l'identique son vaste programme de rachat d'actifs d'un montant actuel de 80 000 milliards de yens par an (quelque 630 milliards d'euros). Là aussi, l'objectif est de faire circuler l'argent dans l'économie, pour faire repartir le crédit, les prix, et la croissance. La plupart des économistes interrogés par l'agence Bloomberg misaient sur un tel attentisme de la BoJ, anticipant plutôt un nouvel assouplissement lors de sa réunion de fin avril ou plus tard."Si la BoJ s'est abstenue d'agir aujourd'hui, le manque de dynamisme de l'activité économique et le renforcement du yen laissent penser qu'un geste sera annoncé bientôt", a réagi Capital Economics. Mis en difficulté fin janvier - certains membres du comité qualifiant l'adoption de taux négatifs de mesure extrême -, le gouverneur de la banque centrale japonaise, Haruhiko Kuroda, a pour l'heure décidé de temporiser malgré une reprise atone. Mais cette pause ne devrait être que de courte durée, selon certains observateurs. Le renouvellement d'une partie du comité de la BoJ, aujourd'hui divisé, accroît la probabilité d'une action dans les prochains mois, arguent-ils. Deux détracteurs des taux négatifs sont amenés à partir d'ici à fin juin, leur mandat arrivant à terme, et devraient vraisemblablement être remplacés par des partisans de la politique d'assouplissement monétaire, pilier de la stratégie "abenomics" du Premier ministre Shinzo Abe. Risque de confusionLe taux d'inflation est retombé à zéro en janvier, loin de l'objectif de 2% de la BoJ, sous l'effet de l'érosion des prix du pétrole et d'une économie anémique. Le produit intérieur brut (PIB) s'est encore contracté au dernier trimestre 2015, et les premières statistiques de 2016 ne sont guère réjouissantes, avec des ménages peu enclins à acheter. Or les négociations salariales du printemps, qui risquent de déboucher sur de maigres hausses, ne contribueront probablement pas à doper le moral des consommateurs. Dans son communiqué, la Banque du Japon blâme "le ralentissement dans les pays émergents", en particulier en Chine, partenaire commercial important du Japon, pour justifier "la morosité des exportations et de la production industrielle". Elle souligne également "la volatilité des marchés financiers", susceptible de miner la confiance des entreprises japonaises, et se dit prête à agir "si nécessaire pour atteindre sa cible". La Banque du Japon devra cependant man?uvre avec prudence après la réaction globalement négative des marchés financiers et de nombreux experts à son dernier geste, qui a semé le trouble sur l'efficacité de son action. "Le risque de confusion est devenu réalité, parmi les simples consommateurs, tout comme sur les marchés financiers et dans les milieux d'affaires", a commenté dans une note Yasunari Ueno, de Mizuho Securities, qui avait récemment jugé que "la crédibilité de la BoJ était partie en fumée". Dans la zone euro aussi, le scepticisme grandit sur la portée de la politique monétaire: la BCE a encore musclé son action jeudi dernier, sans toutefois convaincre les marchés. La Réserve fédérale américaine (Fed) entrera quant à elle en scène mercredi. Les investisseurs n'attendent guère de nouvelle mesure, mais ils sont à l'affût de tout indice sur le calendrier d'une éventuelle nouvelle hausse des taux d'intérêt.




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