Algérie


Japon
L'empereur Hirohito, à la tête de l'Etat japonais au moment de la Seconde Guerre mondiale, avait mis en garde, à plusieurs reprises, contre les conflits, révèlent des documents officiels rendus publics hier après 24 années de travaux.L'historiographie produite par l'Agence de la maison impériale montre comment, dans le cadre des préparatifs de l'attaque surprise du Japon sur la flotte américaine à Pearl Harbor, en décembre 1941, Hirohito («l'Empereur Showa») s'est inquiété des risques d'une «guerre téméraire» qui le ferait se sentir «profondément désolé pour ses ancêtres impériaux». Les documents dépeignent un homme, considéré comme un demi-dieu, qui s'est opposé aux militaires ayant conduit le Japon dans un conflit à grande échelle contre la Chine en 1937, avec la promesse que la bataille serait courte et la victoire assurée.Mais ces documents inédits présentent aussi un chef de file satisfait des triomphes nippons sur les lointains champs de bataille. Le Japon avait envahi la Mandchourie en 1931, y établissant alors un gouvernement fantoche et une base stratégique pour de nouvelles conquêtes. En 1937, les troupes impériales jetèrent leur dévolu sur Nankin, un sac dans lequel des dizaines de milliers de civils ont péri mais sur lequel les documents n'apportent pas de détail.Après avoir été informé de la chute de la ville, Hirohito a fait transmettre ses félicitations aux troupes : «Je suis profondément satisfait du courage déployé dans la prise de la capitale de Nankin.» De fait, Hirohito divise les historiens : si une partie d'entre eux voit en lui la marionnette impuissante d'un Etat militaire hors de contrôle, d'autres arguent au contraire que l'invasion et l'occupation d'une partie de la Chine ne seraient pas arrivées sans au moins l'approbation tacite du chef de l'Etat qui avait a priori le dernier mot.Lorsque le Japon fut acculé à la capitulation sans condition en août 1945, les forces d'occupation, conduites par les Américains, ont tout fait pour garder Hirohito sur le trône du Chrysanthème, par souci de stabilité, tout en ayant arrêté, jugé et pendu de nombreux dirigeants militaires et politiques. Hirohito, qui avait commencé à régner en décembre 1926, dut alors renoncer à son statut divin pour se contenter du rôle de symbole de l'unité du peuple et de la nation, jusqu'à sa mort en 1989. In fine, ces archives révèlent peu de preuves tangibles des décisions du défunt Hirohito.Elles en donnent une image plutôt sympathique sans dire quel fut son rôle, central ou non, dans le bellicisme nippon d'alors. Cette ambiguïté et la controverse à son sujet expliquent qu'il ait fallu autant de temps à l'Agence de la maison impériale pour produire les annales de 12 000 pages, basées sur 3152 documents compilés en 61 volumes.




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