Algérie

Jamais 203


C'était le seul événement politique du mois. Ce Ramadhan, pendant que les Algériens écoutaient religieusement le silence de leurs estomacs confondus, le président a auditionné ses ministres, comme on écoute un enfant raconter ses bêtises pour se faire pardonner. Tout y était ; la forme, Ramadhan et travail, couple qui ne fait généralement pas bon ménage, et le fond, bilan et perspectives, autre couple en perpétuelle instance de divorce, un mauvais résultat au gouvernement n'engageant personne, à part les gouvernés eux-mêmes. Le grand absent de ces réunions scolaires aura bien sûr été le sens de la responsabilité. On ne remplace pas quelqu'un qui a failli à sa mission puisque les seuls critères de maintien d'un ministre ou d'un wali sont la soumission et l'allégeance.Le personnel politique algérien ne s'y est d'ailleurs jamais trompé, aucun des ministres qui se sont succédé depuis l'indépendance n'a un jour avoué ses erreurs ou admis qu'il s'était trompé de stratégie. Jusqu'à aujourd'hui, où 15 ans après l'arrivée de Bouteflika par un vol de nuit, l'économie est toujours au point mort et dirigée par les mêmes hommes qui ne se remettent jamais en question. Pourquoi ' Peut-être parce que l'histoire se joue ailleurs. Au moment où l'on annonçait la création d'un parti piloté par le frère du président, on annonce qu'un autre frère du président va prendre la tête d'un autre parti, pendant que le FLN confie vouloir offrir la présidence du FLN au président Bouteflika. Si tout se passe comme prévu, l'Algérie entrera donc une nouvelle fois dans l'Histoire, à la rubrique folk. Trois partis politiques, dirigés par 3 frères, dont l'un au moins est président en exercice et l'un au moins appelé à le devenir. Attitude alimentaire qui s'explique par la géométrie ; pour bien profiter d'un pays, il faut le prendre comme un méchoui, en se serrant les coudes, à l'horizontale.
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