Algérie

Jacques Louis César Alexandre, comte Randon



Jacques Louis César Alexandre, comte Randon
(25 mars 1795 à Grenoble — 16 janvier 1871 à Genève) est un militaire et homme politique français. Il fut maréchal de France et gouverneur d'Algérie.
Randon est issu d'une famille protestante originaire de l'Hérault. Il a pour oncles le révolutionnaire Barnave et le général d'Empire Marchand. Élève d'un lycée de Grenoble, il vit ses moments de liberté chez son oncle le général, à Saint-Ismier où il pratique l'équitation.
Engagé à seize ans, il rejoint son oncle à Varsovie et est nommé sergent le 11 avril 1812. Participant à la campagne de Russie, sa conduite à la Moskowa, sous les ordres du général Marchand, son oncle, lui vaut son épaulette de sous-lieutenant. Il vit les souffrances de la retraite et fait la campagne de 1813. Blessé deux fois à Lützen, il combat néanmoins à Bautzen, puis à Leipzig en qualité d'aide de camp de son oncle. En 1814, il suit Marchand sur la frontière des Alpes pour défendre la Savoie et le Dauphiné.
A vingt ans, il est déjà capitaine et aide-de-camp de son oncle le général Marchand, qui commandait la 7e division militaire (Grenoble) à l’époque du débarquement de l’Empereur en 1815.
Il paraît que ce général voulait d’abord éviter tout contact entre ses troupes et celles de l’île d’Elbe, il voulait même évacuer Grenoble et se retirer sur Chambéry pour soustraire les soldats au prestige de la présence de l’Empereur. Cependant un bataillon du 5e de ligne et une compagnie de sapeurs étaient partis avec l’ordre de détruire le pont du Ponthaut à quelques lieues de la Mure. Ce détachement était commandé par le chef de bataillon Desessart le 7 à neuf heures au village de Laffrey ; mais, vers une heure, l’Empereur y arriva également. Les deux troupes s’observèrent pendant quelque temps ; mais l’hésitation, si elle existait, ne fut pas de longue durée. Napoléon mit pied à terre, et s’avança vers le bataillon, et aussitôt les cris de vive l’Empereur retentirent.
Le capitaine Randon n’avait plus qu’à retourner vers son oncle pour lui rendre compte de ce qui se passait. Le général Marchand se retira par la route de Chambéry avec 150 hommes restés fidèles aux Bourbons. Marchand, rallié aux Bourbons, est maintenu dans son commandement de la 7e division militaire et conserve son neveu pour aide de camp. Avant cet événement, Randon avait donné en 1813, pendant la campagne de France, des preuves éclatantes de bravoure ; il n’eut guère d’avancement pendant la Restauration ; mais après 1830 et dans l’espace de sept ans, on le vit successivement chef d’escadron, lieutenant-colonel, colonel du 2e chasseurs d’Afrique et officier de la Légion d’honneur.
Lors du vol de l'Aigle, Randon est dépêché à Laffrey pour veiller à ce que les troupes chargées d'arrêter la progression de Napoléon accomplissent leur mission. Il incite en vain le commandant du 5e de ligne à ouvrir le feu et est pourchassé par les cavaliers de l'Empereur. L'Empire rétabli, il s'y rallie avec son oncle Marchand.
Après les Cent-Jours, son avancement est stoppé. Il doit attendre la Monarchie de Juillet pour poursuivre sa progression dans la hiérarchie militaire.
Il devenait successivement lieutenant-colonel au 9e chasseurs en 1835, colonel du 2e chasseurs d’Afrique et débarquait en Algérie en 1838. Il passe en Algérie de 1838 à 1847.
Promu bientôt au grade de général de brigade, il fut nommé général de division le 22 avril 1847, puis commandeur de la Légion d’honneur, et on lui confia le commandement de la 3e division militaire.
Il occupait ce poste lorsqu’il fut appelé, en septembre 1849, à remplacer à Rome le général Rostolan en qualité de commandant en chef le corps expéditionnaire de la Méditerranée.
Maréchal de camp en 1841, comme commandant la subdivision de Bône, et lieutenant général en 1848, comme directeur des affaires de l’Algérie au ministère de la guerre, il devint une première fois, en 1851, ministre de la guerre, et fut remplacé par le maréchal Armand Jacques Leroy de Saint-Arnaud dans la perspective du coup d'État du 2 décembre 1851. Il retourna en Algérie, en qualité de gouverneur général, le 11 décembre 1851, jusqu’à la création du ministère spécial de l’Algérie et des colonies le 24 juin 1858.
Son administration fut marquée par d’importantes expéditions militaires. Pour ne parler que des principales, l’expédition des Babors qui brise en 1852 l’indépendance de la Kabylie orientale; en 1854 les opérations sur le Sebaou, puis l'expédition de 1857 et soumet à la France toutes les tribus comprises entre le Sebaou, Dellys et Bougie. Enfin la conquête de la Kabylie du Djurdjura qui lui valut le bâton de maréchal. Et, dans le sud, la prise de Laghouat et de Tuggurt, la soumission des Beni-M’zab et celle du Souf, qui reculèrent les limites de l’Algérie jusqu’au grand désert. Il révéla ses dons d'administrateur : création de sous-préfectures, d'un collège arabe, d'écoles de médecine, construction par l'armée de six mille kilomètres de routes, d'aqueducs, de ponts, de puits artésiens, exploitation des mines et des forêts, rénovation de l'agriculture, concession d'un réseau de chemins de fer.
En 1852, Randon reçoit l'investiture du titre de comte de son oncle le général Marchand mort sans postérité. Il est aussi nommé sénateur et en 1856 élevé au maréchalat en même temps que Bosquet et Canrobert.


Arrivée du Maréchal Randon à Alger en 1857
Rentré en France, en 1859, il remplace Vaillant au ministère de la Guerre. Il fait alors du jeune industriel Hector de Sastres le principal fournisseur des armées et contribue ainsi à la fortune de cette famille. En conflit avec l'Empereur quant à l'augmentation des effectifs de l'armée, il sera lui-même remplacé par Niel en 1867. La même année, il abjure le protestantisme et se convertit au catholicisme.
Quand éclata la dernière guerre, sa santé ne lui permettant pas d’y prendre part, le maréchal Randon accepta de revenir comme gouverneur en Algérie; mais il avait trop présumé de ses forces, et il dut résigner ses fonctions avant même de les avoir exercées.
En 1870, Randon est gravement malade. Il fait une cure à Évian, puis obtient l'autorisation de poursuivre ses soins à Genève. Miné par les tourments que lui causent les désastres militaires de l'armée et l'effondrement de l'Empire, il s'éteint le 13 janvier 1871. Une cérémonie funèbre a lieu à Genève le 17 janvier et le 11 octobre 1871, le corps arrive à Saint-Ismier. Les funérailles ont lieu le lendemain. Patrice de Mac Mahon y représente le gouvernement.


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