Algérie

J' m'en fous !



Dans la banlieue avoisinant notre cité vit un brave type de renom qui ne se remplit pas trop la caboche avec les soucis de la vie. Ses amis le surnomment «j' m'en fous», parce que tout simplement cet entêté s'en fout éperdument et reste impassible devant les situations qui l'incommodent. Un bonhomme d'un âge avancé qui prend la vie du bon côté. Il est imperturbable et possède une règle bien ancrée dans l'esprit, celle d'ignorer les tracasseries qui pourraient lui empoisonner la vie. Il a hérité de ce surnom populaire il y a bien longtemps. C'était au moment de sa tendre jeunesse que cette expression de résignation est venue s'enraciner dans sa tête pour répondre à toutes les interrogations insipides. A chaque sollicitation, attente ou reproche, il répond par cette expression, «j' m'en fous» avec un hochement des épaules. Une expression pour signifier son indifférence aux événements même fâcheux qui pourraient en découler par la suite.Dans le même ordre d'idée, on raconte aussi qu'un jour passé d'après une histoire tirée de notre terroir, que quelqu'un était venu alerter une personne pour lui dire qu'il y avait le feu dans son douar. Ce dernier lui a répondu; «je m'en fiche, pourvu qu'il ne touche pas à ma demeure !». «Mais, si, il est dans votre gourbi !» lui a répondu son interlocuteur, «alors, que Dieu fasse qu'il ne s'approche pas de ma tête». Entre le considérant et le non-considérant il y a le feu ravageur qui fait toute la différence.
Dans le présent, monsieur «j' m'en fous» le rabat-joie est omniprésent dans le secteur administratif. Il se sent fort et bien protégé dans sa peau. Il réagit négativement à toute réflexion qui l'embarrasse et nous tourne le dos. Il n'a pas de considération pour nous, et il ne parle pas beaucoup pour nous éclairer. Il refuse de s'expliquer lorsqu'il est le principal problème qui nous pourrit le plaisir de la vie. Il abrège bêtement ses discussions et se limite à répliquer qu'il se contrefout tout simplement de nos déboires et hurle que si cela ne nous plait pas, il y a le mur pour se cogner la tête. L'heure est mélancolique et elle ne veut pas se défaire de cette résignation maladive du «je-m'en-foutisme» qui gangrène la société. Cette insensibilité a pris des proportions énormes dans le bled et dans la mentalité des gens qui exploitent cette formule méchante et méprisante pour détruire toutes nos espérances. Quand on réclame auprès de la poste, et on demande pourquoi notre courrier postal traîne dans le tri postal et fait plus de deux mois pour parvenir à son destinataire de l'autre côté de la mer ou ici sur le territoire national, les responsables de cette carence nous répondent «on s'en fout !».
Les gens dans la rue et les espaces publics aussi n'ont plus aucun respect pour l'environnement et jettent leurs saletés de gobelets, de sachets et de bouteilles minérales n'importe où et quand ils sont interpellés par des citoyens plus disciplinés, ils répondent «Maraheneche fikoum, makane ma dakhalkoum!» (On s'en fout et puis ça ne vous regarde pas). Les médiocres ont perdu toute motivation et fuient leurs responsabilités et emploient cette formule simple et sotte pour cacher leur incompétence à trouver une issue salvatrice pour répondre à notre attente…


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