Algérie

« J'étais un idéaliste et un légaliste » Le commandant Azzedine au forum de Liberté



« J'étais un idéaliste et un légaliste » Le commandant Azzedine au forum de Liberté
Notre confrère Liberté a eu, hier, l'heureuse idée d'inviter un homme qui, par ses responsabilités de premier plan, était mêlé aux événements qui précédèrent et suivirent le 19 mars. Il a déroulé, plus de deux heures durant, le fil d'une mémoire intacte. Celui qui fut depuis janvier 1960 l'adjoint militaire de Boumediene à l'état-major général, en Tunisie, était sur une crête de la wilaya près d'Alger quand la radio annonça la signature des accords qui mirent fin à un conflit meurtrier. « Je me rappelle de ce jour, où, avant midi, l'armée avait déversé un déluge de feu comme pour épuiser son stock d'armement mais, à midi, j'ai entendu un chant d'oiseau suivi d'un des plus beaux silences », se rappelle-t-il. Loin de ces évocation poétiques, l'ex-officier de l'ALN a évoqué, surtout, les problèmes qui ont surgi dans la capitale entre la Zone autonome d'Alger (ZAA), les troupes de la wilaya IV qui, à partir du 27 juillet 1962, vont venir à Alger, et les hommes qui, sous la direction de Yacef Saâdi, seront le bras de l'état-major en conflit ouvert avec le GPRA. Selon le commandant Azzedine Zerrari, c'est « à la mi-janvier 1962 qu'il rentrera clandestinement, muni d'un ordre de mission du président du GPRA, Benkhedda, pour défendre la population contre les exactions des tueurs de l'OAS en organisant la défense citoyenne, les accords d'Evian et préparer le référendum d'autodétermination ». Il se gardera, néanmoins, de combattre les hommes qui défièrent l'autorité légitime, car « si j'avais du courage dans le maquis, je deviens un peureux quand se présente le risque de voir le sang des Algériens couler », avouera-t-il. Hélas, des hommes tombèrent en cet été de la discorde. « Pourquoi sont-ils oubliés ' Quel statut leur accorder ' », tonnera-t-il. Il dira que « la seconde ZAA (la première fut celle dirigée par Abane et Ben M'hidi) voit son histoire occultée ». Le commandant Azzedine dira « qu'elle ne figure même pas dans les instances de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) et ses éléments n'ont cessé d'être ostracisés dans les manuels ». Il rappellera qu'il fut arrêté et emprisonné dans l'extrême sud. Plus d'un demi-siècle après, l'homme qui, avec le colonel Sadek, Boualem Oussedik, Tewfik Bouattoura, Ali Lounici et d'autres, rétablit le calme à Alger, se dit fidèle aux seules autorités légitimes que furent le CNRA et le GPRA. « Le premier coup de force contre les institutions a été ce mauvais départ et le congrès du CNRA de Tripoli de juin 1961 aurait dû se tenir à Alger », estime-t-il. Dans son livre « Et Alger ne brûla pas », il relate cette période qui voit s'ouvrir la course au pouvoir. « Je n'étais pas avec mes compagnons dans cette logique sinon on serait restés à Tunis où se distribuaient les postes ». Selon lui, Boumediene, notamment était dans cette posture. « En 1961, il m'avouait qu'il avait alors cinq milliards, signe que l'homme se préparait pour conquérir le pouvoir ». L'auteur de « On nous appelait les fellaghas » a dressé un impitoyable procès du colonialisme qui n'a aucune vertu. Il rappellera que, selon un rapport de Rocard, en 1959, « 2,5 millions d'Algériens, soit un tiers de la population rurale, étaient parqués dans les camps de regroupement ». « L'armée coloniale a utilisé toutes les armes existantes, à l'exception de la bombe atomique », a-t-il ajouté. Il estimera, également, que l'OAS fut la seule responsable du départ massif des Européens. Enfin, ce vieux militant dira que le FLN comme l'ALN a terminé sa mission en 1962 et que concernant l'écriture de l'histoire, « il faut chercher d'abord à positiver ». Il reprochera, notamment à Harbi de présenter la révolution comme un panier à crabes ».


Bonjour, article très intéressant. J'ai deux livres écrits par le Ct Azzedine, je voudrai le rencontrer pour les dédicaces et aussi l'inviter ici au Canada dans le cadre du cinquantenaire pour donner une conférence sur la guerre de libération. Comment je pourrai le contacter merci de votre aide
silarbi nacer - fonctionnaire - ottawa, Canada

06/05/2013 - 94074

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