Algérie

«J'espère que le barreau de Bouira ne sera jamais l'éternelle exception...»



«J'espère que le barreau de Bouira ne sera jamais l'éternelle exception...»
A peine la cinquantaine entamée, Me Ouafia Sidhoum a réussi un grand pari : celui d'être élue en tant que bâtonnière près la cour de Bouira.Veuve et mère de deux petites filles, elle s'est dévouée durant des années à son travail qu'elle dit «trop aimer». Après trois mandats en tant que membre du Conseil de Tizi Ouzou, elle a décidé de se présenter comme bâtonnière à la faveur de la création du barreau de Bouira le 31 janvier dernier. Sa consécration a été une véritable surprise, non pas pour ses confrères de Bouira, mais pour ceux des 17 autres barreaux où les femmes ne sont visibles qu'en tant que voix lors des élections. A Bouira, il était plus facile pour elle de se lancer dans la course en raison de sa carrière et de son engagement pour la profession composée essentiellement de jeunes avocats. La liste de 15 candidats dont 6 femmes qu'elle a présentée a obtenu 256 voix sur 368. Une sacrée victoire qui a permis au nouveau conseil d'avoir six avocates en tant que membres. Quel exploit !Surtout lorsqu'on sait qu'au niveau des plus grands barreaux d'Algérie comme ceux d'Alger, d'Oran, de Annaba ou de Constantine, les femmes sont carrément absentes, ou dans le meilleur des cas leur nombre ne dépasse jamais quatre sur une moyenne de 20 à 30 membres. Pour Me Sidhoum, «c'est le résultat de nombreuses années de disponibilité envers mes confrères constitués en majorité par des jeunes. Cette nouvelle génération a besoin d'être écoutée, soutenue et surtout d'être encouragée. Bon nombre d'entre eux me sollicitent quand ils ont un problème, m'invitent aux mariages et aux naissances et je n'hésite jamais à répondre présente. Quand ils ont des difficultés, je les assiste et leur apporte toute mon aide. C'est l'une des raisons pour lesquelles ils m'ont donné leurs voix lors des élections. A Bouira, il n'y a pas beaucoup d'avocats issus des anciennes générations. Le contact entre les jeunes et moi a été très fructueux. Ma victoire est peut-être le résultat de cette synergie qui existe entre moi et les jeunes avocats?».Pour la bâtonnière, si aujourd'hui les femmes sont peu nombreuses au niveau des conseils, c'est parce qu'elles refusent ce genre de responsabilités. «Elles ont souvent des obligations familiales qui les poussent à éviter toute contrainte professionnelle. En plus, rares sont les maris qui acceptent que leurs épouses soient promues à des postes de responsabilité parce qu'ils estiment que cela se fera au détriment de leurs obligations familiales. Moi, je dois beaucoup à ma mère qui m'a aidée dans la garde de mes enfants pour me consacrer à mon travail. Mais d'autres n'ont peut-être pas cette chance. Et souvent, même si elles ont toutes les conditions, leurs maris se dressent en obstacle».Me Sidhoum reste cependant très «déçue» par les positions de bon nombre de ses cons'urs. «Les voix qui m'ont hissée à ce poste sont celles des hommes. Beaucoup de femmes ont voté contre ma liste parce qu'elles n'admettent pas de voir une femme comme elles bâtonnière. Elles refusent même d'être sur une liste de candidature. Elles préfèrent que ce soient les hommes qui décident pour elles. Pourquoi ' Je ne sais pas. Peut-être que mon expérience ouvrira la porte à d'autres ailleurs et j'espère que le barreau de Bouira ne pourra jamais être l'éternelle exception?».




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