«J'entretiens des relations très fortes avec l'Algérie» Farid Benstiti. Entraîneur de l'équipe féminine du PSG

Arrivé en juin dernier à la tête de la section féminine du PSG, Farid Benstiti pilote le nouveau et ambitieux projet professionnel du club. Quadruple champion de France avec l'Olympique Lyonnais (OL), l'Algérien vise l'excellence avec l'équipe de la capitale française. Binational, l'ancien Fennec (sous l'ère Rogov) avoue dans cet échange un profond attachement à son pays d'origine. Entretien avec un humaniste.
Paris, de notre correspondant

- Avec deux nuls et quatre victoires, comment jugez-vous votre début de championnat à la tête de votre nouvelle équipe '

Les nuls n'étaient pas programmés. Ce sont des jokers de grilles. Nous n'en avons pas beaucoup. En revanche, les confrontations directes avec les ténors seront déterminantes. L'objectif premier est d'être Européen cette année en terminant dans les deux premiers.»

- Avez-vous une pression particulière des propriétaires qataris '

Il n'y a personne qui me mette la pression aujourd'hui. On se la met nous-même. Quand on aime gagner, on aime avoir des résultats. Je suis là pour construire, pas pour amener une Coupe d'Europe au PSG dès l'année prochaine ou dans deux ans.

- Vous êtes à la tête du PSG féminin depuis juin dernier, comment avez-vous été recruté par le club '

Cela s'est fait difficilement, laborieusement mais efficacement. On a été patients et tenaces car je suis arrivé assez tard. Le projet de faire du PSG féminin une section à part entière existait. MM. Boindrieux et Léonardo ont appris que j'étais disponible. Ils cherchaient celui qui correspondait totalement à l'esprit du club et qui avait l'expérience pour construire une équipe qui aille jusqu'au bout. Je pense qu'ils ont compris que j'appréhendais bien le projet. Le PSG va servir l'image de la ville et bonifier l'aspect sportif du futur Grand Paris sportif.

- Pourquoi vous êtes-vous tourné vers le football féminin '

C'est le hasard ! J'ai été sollicité par MM. Manrique et Piémontèse (ce dernier est président de l'Olympique lyonnais féminin). Ce sont deux personnes natives d'Algérie. Cela a été très important pour moi. Ce sont de vrais pieds-noirs qui ont l'amour, la reconnaissance et la critique objective du pays. Ils ont le sens de l'hospitalité de chez nous. Ils ont toujours voulu qu'on aille ensemble en Algérie. On l'a fait puisque l'Olympique lyonnais a aujourd'hui un partenariat technique avec le club d'Alger-Centre. J'aimerais faire la même chose avec le PSG car je n'oublie pas d'où je viens.

- Vous avez dans votre effectif plusieurs joueuses d'origine maghrébine. Pourquoi l'engouement pour ce sport est-il si fort chez elles '

Nous sommes passionnés de foot. C'est culturel, presque traditionnel. C'est une chance extraordinaire, en France, que de jeunes Maghrébines pratiquent ce sport. Cela va amener une qualité supérieure chez les filles. Le chemin qu'elles parcourent est difficile et valorisant pour elles comme pour nous. Cela prouve que ce sont des filles de caractère. Elles apportent de l'espoir. Leurs familles en sont très fières.

- Quels rapports entretenez-vous avec l'Algérie '

Mes rapports sont intérieurs. C'est inexplicable et profond. Je suis vraiment porté sur mon histoire, celle de mes parents, leurs parcours. J'entretiens des relations très fortes avec l'Algérie. J'en profite au passage pour encourager nos garçons.

- Vous tenez-vous informé de l'évolution du football là-bas '

En général, oui. Mais actuellement, j'ai beaucoup de travail. J'ai un peu perdu de vue l'équipe nationale et le championnat.

- Le championnat entame une phase de professionnalisation. Après la Russie, une expérience algérienne pourrait-elle être envisagée un jour '

Bien sûr ! Mais après mon contrat avec le PSG. Je suis un homme de projet. Au départ, j'aimerais avoir des missions bien particulières. On ne peut pas ne pas se servir des personnes qui ont travaillé à un haut niveau en France. Elles sont très compétentes. Il faut qu'on rende à l'Algérie ce qu'elle nous donne. J'ai beaucoup d'idées. J'ai toujours réfléchi pour l'Algérie !