Algérie

"J'aurais bien voulu avoir un droit de regard"



C'est lors d'une rencontre organisée avant-hier à la bibliothèque municipale de Tizi Ouzou que le réalisateur est revenu sur le doublage en tamazight de son adaptation cinématographique du roman éponyme de l'écrivain Mouloud Mammeri.Annoncé depuis 2017, dans le cadre des activités du centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri, le doublage du film L'Opium et le Bâton en tamazight est fin prêt. Adapté du roman éponyme de Mouloud Mammeri, la réalisation du projet de doublage de ce film, qui devait être effectué avec le concours du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), avait connu un retard de trois ans. Ahmed Rachedi, qui a animé avant-hier, à la bibliothèque municipale de Tizi Ouzou, une rencontre autour, justement, de l'adaptation vers le cinéma du roman L'Opium et le Bâton ? une adaptation qu'il avait lui-même réalisée en 1971 ?, a indiqué avoir "appris par le biais de la presse que la version amazighe du film L'Opium et le Bâton et prête".
"J'aurais voulu qu'on me l'apprenne directement et qu'à la limite on me laisse un droit de regard", a-t-il déploré, estimant que c'est même un droit d'avoir ce regard. "Il est de mon droit de réalisateur de voir ce qui a été fait dans cette nouvelle version en tamazight du film", a-t-il déclaré, tout en indiquant que la réalisation de cette version amazighe de son film avait connu un retard important, puisque, a-t-il souligné, "j'avais donné mon accord il y a de cela plus de trois ans".
Quant à l'adaptation du roman L'Opium et le Bâton de Mouloud Mammeri, Ahmed Rachedi avait parlé d'"un acte normal pour un réalisateur algérien qui a lu cet extraordinaire roman de Mouloud Mammeri et qui pensait qu'on pouvait, de là, en tirer un film". "J'en ai donc parlé à Mouloud Mammeri qui a donné son accord", a-t-il affirmé. "Mammeri était très favorable à l'idée de réaliser un film à partir de son livre, qui est un roman à deux voix.
D'une part, il y avait la population symbolisant dans un microcosme l'Algérie et, d'autre part, il y a des individus qui alimentaient cette population. La tension monte progressivement par cette prise de conscience qui avait conduit à l'acte final, à savoir prendre les armes contre le colonialisme", a-t-il encore expliqué.
Toutefois, a souligné M. Rachedi, "L'Opium et le Bâton n'était pas tellement un film de guerre, mais la chronique d'un village et de ses habitants qui ont pris conscience qu'il fallait prendre les armes et aller à autre chose que la revendication". Evoquant Mouloud Mammeri, Ahmed Rachedi a affirmé que "c'est toujours une douleur de parler de L'Opium et le Bâton en l'absence de Mouloud Mammeri. J'aurais bien voulu qu'on puisse avoir cette possibilité d'en parler devant le public ensemble, car chacun avait sa propre vision".
"Mammeri disait même avec humour, lorsqu'il a vu le film : je ne sais plus si les personnages qui sont dans le film t'appartiennent ou m'appartiennent, car les personnages dans le livre ne pouvaient pas avoir cette force de persuasion", a témoigné Ahmed Rachedi, non sans se rappeler que "Mammeri était même un peu désemparé quand il a vu le film".
"C'est ce qu'il m'a dit parce qu'il ne reconnaissait plus les personnages. En même temps, il m'a dit : ?Je t'avais donné une histoire d'amour et tu en as fait un western.' Le film L'Opium et le Bâton était, en fait, juste une partie du roman de Mammeri qui était liée à la guerre d'Algérie. L'histoire était donc devenue forcément un film de guerre", s'est justifié Ahmed Rachedi.

K. Tighilt


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