«J'arrive à El Mouradia pour ''flexy'' la démocratie»

Il s'appelle Mister AB, un rappeur qui fédère les jeunes autour de ses lyrics. Il a poussé la satire en se portant candidat à l'élection présidentielle. Et sa consigne de vote inquiète les vieux briscards en lice.Mister AB, 33 ans, faisant dans le rap electro, auteur de plusieurs albums, dont La Puissance, exerçant la fonction de planificateur à Sonatrach, habitant à Bab Ezzouar, à Alger, a, contre toute attente, malmené «l'establishment» politique, et ce, en se présentant à l'élection présidentielle 2014. Le 3 février, il s'était présenté au Palais du gouvernement pour retirer les formulaires, à cet effet. Un pied de nez à l'endroit des candidats qui se fossilisent et qu'il affuble de «dinosaures». Une farce qui n'échappera pas aux journalistes et photographes guettant les candidats potentiels à la sortie du Palais du gouvernement. En guise de profession de foi, un clip à la condition? sine qua non : «Si vous votez pour moi, je ??flexy''(partage) la démocratie?» Du coup, cela a fait un buzz monumental. Tout le monde en parle.Bien que cela soit un «délire», le programme présidentiel de Mister AB est crédible, éloquent et séduit pour les éventuels jeunes électeurs. Ses lyrics valent tous les discours doctoraux et anachroniques. Ses mesures ne sont guère des «mesurettes», des palliatifs. Au contraire, Mister AB ne fait pas dans la langue de bois. Dans un texte hardcore (radical) et politiquement incorrect, il énumère, avec une maturité déconcertante tout un train de mesures contre le chômage, la corruption, le népotisme, le régionalisme, l'ostracisme, l'érosion du pouvoir d'achat, l'abus de pouvoir, l'injustice (hogra) et pour liberté d'expression, l'ouverture du champ médiatique, les droits de la femme? Son speech est convaincant : «Si j'étais Président, je ??braquerais'' le chômage des jeunes / j'augmenterai les salaires des professeurs / vas-y vote pour Mister AB !/ j'arrive à El Mouradia (présidence de la République) pour ??flexy'' (recharge en téléphonie mobile) la démocratie/ je ferais la promotion de la liberté d'expression et j'ouvrirai le champ médiatique/ je réduirais le service national (militaire) à une année /...»Et le mystère aux initiales AB a suscité sérieusement l'intérêt de quatre partis politiques : «Quatre formations politiques, dont deux poids lourds m'ont approché et ont voulu me récupérer? Quand je vois les ??dinosaures'' polémiquer sur l'histoire de l'Algérie, j'ai honte. Cela me fait douter de mon nationalisme. Ils sont vieux avec une mentalité d'adolescent et puis, ça vous méprise.» C'est sûr, Mister AB a l'art de la faconde de «la farce tranquille». Celle d'un présidentiable si la gérontologie n'avait pas cette révulsion du péril jeune.