Février 2012,nous sommes en Grèce, pays méditerranéen et
géographiquement européen mais dont l'appartenance à la zone de l'Euro est
constamment contestée depuis voilà presque trois ans.
Et si le titre de
«Source de la culture européenne » ne lui a jamais été refusé, on assiste
aujourd'hui à un étrange débat sur l'orientation européenne du pays.
Tout au long de
ces trois années, et il semble que l'on n'est pas encore au bout du rouleau,
les Grecs vivent une dégradation étudiée et systématique de leur niveau de vie,
orchestrée et contrôlée par cette même Europe qui les avait accueillis bras
ouverts et yeux fermés au temple de l'Euro, il y a de cela 12 ans, sous les
fervents applaudissements des 80% représentants l'électorat des deux grands
partis.
Où en est le pays
aujourd'hui? Il n'est pas nécessaire d'être agrégé en économie pour se rendre
compte des dégâts causés par la prise en charge du pays par le FMI, en mars
2010. Solution présentée, rappelons-le, par le Pasok, parti au gouvernement en
cette période, comme étant en même tant inéluctable et salutaire...
Le budget
familial de la classe moyenne, qui est en voie de disparition, a subi une chute
vertigineuse, conduisant à une restriction draconienne du pouvoir d'achat avec
des conséquences dramatiques sur toute l'économie...
Le taux de
chaumage dépassant les 18 % dans certaines régions, après la fermeture de plus de
135 000 entreprises rien que pour l'année passée, il est aisé de s'imaginer la
situation désespérée à laquelle font face des milliers de familles privées de
toute ressource. On compte de plus en plus de familles ne vivant plus que sur
le tiers, ou même le quart de leur apport financier initial.
Ceux qui ont « la
chance » de conserver leur travail ont subi une baisse allant dans certains cas
jusqu'à 60 % de leur salaire. Plus de sorties en famille, plus d'excursions, le
prix de l'essence étant à 1,70 Euros. On y regarde à deux fois avant d'inscrire
ses enfants à des cours de langue, ou à un club de sport. Ne parlons pas des
loisirs: les salles de cinéma et de théâtre affichent un vide de plus de 80%
même en périodes fortes.
De nouvelles
taxes au bien-fondé douteux ont été créées, comme celle sur la propriété,
calculée proportionnellement à la surface du logement mais ne tenant aucun
compte des ressources du contribuable, retraités, chômeurs ou autre, et dont le
non-paiement entraîne une pénalisation importante. L'arrêt presque total de la
construction -bâtiment, levier traditionnel de l'économie grecque, s'ajoute à
cette dégradation générale, faisant fuir les immigrés économiques.
Des milliers de
personnes ayant contracté un prêt pour l'achat d'un logement se déclarent
incapables de payer les traites mensuelles, se retrouvant souvent dans
l'obligation d'abandonner le bien en question. En se promenant dans les
quartiers commerciaux, on peut facilement se rendre compte des répercussions
sur le commerce, presque une boutique sur deux est «à louer», de même que pour
les appartements dont les propriétaires ne sont plus intéressés par la
location, vu les nombreux cas d'incapacité de payer le loyer. Beaucoup
d'étudiants se sont vus obligés d'abandonner l'appartement qu'ils louaient,
préférant faire l'aller-retour le minimum de fois nécessaire à la continuation
de leurs études, Évidemment, le coût de la vie en Grèce prend aujourd'hui des
proportions que beaucoup assimilent à la période de l'après-guerre, allant même
jusqu'à faire revivre des méthodes et des recettes d'économie domestique de
cette époque. Bien sûr, on constate que beaucoup de secteurs
de la distribution alimentaire multiplient les baisses de prix, et les offres
de tous genres.
Citons l'exemple
de la création de nombreux sites Internet, où on peut trouver des bons de
réduction pour l'alimentation et les services.
Plusieurs
organisations à caractère bénévole ont vu le jour, pour porter une aide
immédiate aux familles souffrant du manque de denrées alimentaires de base, de
vêtements et même de médicaments. Une boulangère me disait que le pain de la
veille était distribué bénévolement aux familles nécessiteuses. On constate la
multiplication de l'action humanitaire à tous les niveaux.
Un site internet
encourageant l'échange de services a mis en place une monnaie virtuelle grâce à
laquelle chacun peut vendre un produit ou un service, se créant ainsi un compte
lui permettant d'acquérir autre chose à son tour et par le même canal.
Le taux de
criminalité a évidemment augmenté, marquant une forte statistique des délits
concernant des sommes minimes, chose assez rare avant en Grèce.
Une nouvelle
catégorie de sans logis est née : celle de ceux qui ne peuvent plus payer leur
loyer, et d'après des organismes bénévoles suivant de près cette situation,
leur nombre est dix fois plus important que les SDF «classiques». L'émigration,
surtout des jeunes, vers des cieux plus gris mais plus prometteurs, est
redevenue actuelle. Là aussi, certaines ambassades ont officiellement lancé des
appels à l'émigration.
Côté
psychologique, le coup est dur. Cette situation a réussi à ternir la fameuse
image du Grec philosophe et bon viveur, se relevant de toutes les difficultés
avec le sourire. Il n'est pas exagéré d'affirmer que la société grecque passe
une période de dépression générale. La question que tous se posent: Où va-t-on
comme ça, quel avenir prépare-t-on à ce pays? Et quel est le suivant ?
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Posté Le : 23/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Fatiha M
Source : www.lequotidien-oran.com