Algérie

J'ai (re) lu Meurtres pour mémoire



Difficile, très difficile de parler d'un écrivain qu'on apprécie. Didier Daeninckx est un auteur à part dans le paysage intellectuel français. Ses polars sont dérangeants, grinçants. Il effeuille le passé de la France. Contrairement à une strip-teaseuse, lui, il met sous la lumière les taches sombres. Son deuxième roman, Meurtres pour mémoire (1984), le sort de l'anonymat. Ses personnages ne roulent pas dans de grosses berlines, ne fument pas de gros cigares, un cocktail à la main pour séduire des blondes fatales. Ces méchants ne tuent pas leurs femmes pour de sombres histoires d'héritage. L'ancien ouvrier-imprimeur puise ses sujets dans le social et fouille les poubelles de l'Histoire officielle. Dans Meurtres pour mémoire, il a ravivé les deux plus grandes plaies honteuses que l'Etat français tentait de faire oublier. Plus anar que communiste, Didier Daeninckx joue à l'exorciste. Il narre avec une langue pertinente, dans un style incisif, les massacres du 17 octobre 1961 où des dizaines d'Algériens ont été tués puis jetés dans la Seine et la déportation des Juifs par une administration zélée. Qui est derrière les deux crimes ' Avec force détails, Didier Daeninckx, bien avant tout le monde, désigne un certain Maurice Papon. Il a fallu à la justice des années pour juger le responsable, plusieurs fois médaillé. Heureusement que l'inspecteur Cadin est là pour enquêter, à notre plus grand bonheur. Un livre à lire ou à relire. A mettre sur les vitrines de toutes les librairies d'Algerie'


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