Algérie

«J'ai raté ma sortie, je suis triste»



«J'ai raté ma sortie, je suis triste»
Libreville (Gabon).
Correspondance particulière
 
- Votre départ est-il lié à  votre statut de remplaçant ' Non. J'estime que la patience a des limites, et à  un moment, vous n'en pouvez plus. Ce que Sami Trabelsi m'a fait en un mois, je ne l'ai jamais vécu en 20 ans de carrière. Il ne me parlait plus depuis le stage en Espagne. Pas un mot. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais cette situation a fini par me lasser. Je ne comprends plus rien. Avant la compétition, le coach est venu me voir pour me dire qu'il comptait sur moi.
J'ai donc décidé d'apporter mon expérience et mon vécu au groupe et finir en beauté ma carrière internationale. D'ailleurs, les membres du staff ne partagent pas son attitude. Mes tests physiques et mon rendement sur le terrain, notamment lors des matches de préparation, parlent pour moi.
- Vous en avez parlé avec le sélectionneur, Sami Trabelsi ' Oui. Je suis parti le voir (ndlr : à  la fin du match contre le Niger), il m'a clairement dit qu'il n'avait rien à  me reprocher, que j'étais un des leaders de cette équipe, qu'il comptait toujours sur moi et que j'allais jouer. Même contre le Gabon, lorsqu'il a remanié l'équipe à  90%, il ne m'a pas fait rentrer. Alors, je me suis dit, ''trop, c'est trop . Je suis revenu en sélection après une première retraite en 2007, due à  des considérations extra-sportives. La révolution (départ du président Ben Ali) m'a donné envie de revenir, et je voulais faire plaisir au peuple. Je suis allé au CHAN du Soudan 2011 avec Sami pour lui apporter mon soutien parce que nous avons joué ensemble et nous avons remporté le trophée. N'oubliez pas que je joue en équipe nationale depuis 1996. J'avais 19 ans.
- Quand commenciez-vous à  douter de votre éviction ' A Dubaï, où nous étions en stage. Sami m'a fait jouer à  l'aile droite, et il m'a fait sortir à  la 37e minute, alors que tout le monde sait que je suis relayeur ou pivot. Je suis sorti et je suis parti lui serrer la main sans dire un mot. Je ne suis pas le genre de joueur qui va au clash ou qui manque de respect, je n'ai jamais fait cela. Par la suite, il m'a ignoré et je n'ai pas cherché à  l'accabler, à  lui manquer de respect, ou le juger. Il m'aurait juste dit ''tu ne joues pas avant de venir, je lui aurais dit, ''Sami prends les jeunes . Je sais que c'est important pour eux de vivre ça, de voir ce qu'est une CAN ou un événement pareil. Il ne faut pas oublier qu'il a laissé trois jeunes à  Dubaï, des petits frères pour moi, cela m'a fait du mal de les voir quitter le groupe. J'aurais préféré qu'il prenne l'un d'eux.
- Comment s'est passé votre départ ' J'ai d'abord parlé aux cadres de l'équipe, et notamment avec Karim Hagui, à  qui j'ai annoncé ma décision de quitter le groupe. Je leur ai expliqué les raisons de mon départ, en précisant qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas avec le coach et que je ne pouvais plus continuer comme ça.
Puis, j'ai pris la parole devant tous les joueurs, les membres du staff technique et médical, les membres du bureau fédéral. Devant le groupe, je suis revenu sur ma situation. J'ai dit clairement que je n'acceptais pas mon statut et que je ne suis pas venu ici pour àªtre le remplaçant du remplaçant, sans manquer de respect à  personne. Et que pour le bien du groupe, je préfère rentrer à Tunis, car je n'allais pas àªtre de bonne compagnie. J'ai choisi de partir et personne ne m'a viré. J'ai préféré partir sans faire de vagues.
- Vous sentez-vous trahi ' Trahi, non, je n'utiliserais pas ce mot. Il faut aussi faire la part des choses ; avant d'être mon ancien coéquipier en sélection, et mon ami à  l'extérieur, Sami est avant tout mon coach sur le terrain. I l n'y a pas de sentiment à  avoir, si tu mérites de jouer tu joues, sinon tu ne joues pas. Mais, je suis triste. Je suis très triste. Je rêvais de sortir par la grande porte, et ce n'est pas le cas. J'ai raté ma sortie et je quitte la sélection par la petite porte.
- Quelles sont les chances de la Tunisie ' Après le match face au Gabon, je ne peux àªtre qu'optimiste. On a vu une très bonne «équipe bis» de Tunisie. Une compétions comme la CAN, ce n'est pas seulement les onze titulaires, mais tout le groupe ; aujourd'hui, le groupe est amputé d'un élément, mais ce n'est pas grave, je pense qu'on peut faire de très belles choses. Quant à  moi, même si le ciel m'est tombé sur la tête, je continuerai à  jouer avec l'Etoile du Sahel.
 


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