Algérie

«J'ai plus de conviction que de force»





A la veille de la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, on laisse vaciller la souveraineté du pays au gré des intérêts et des liens entre hommes des pouvoirs des deux pays.
A croire que ce pouvoir n'a pas encore coupé, comme le peuple algérien, tous les liens de «filiation» avec l'ancien colonisateur.
Alors qu'il n'a pas jugé utile de s'adresser à  la nation lorsque des jeunes sont sortis dans la rue exprimer leur rage et même intenter à  leur vie en s'immolant par le feu pour clamer une vie plus digne, le président de la République se laisse tenter par des confidences à  l'envoyé spécial du président Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin. «J'ai plus de conviction que de force», lance Bouteflika à  l'adresse de son interlocuteur, curieux de savoir comment il se sent face au mouvement de contestation qui habite le pays depuis des semaines. Un tel «aveu», dans un contexte où il est difficile de savoir qui prend de l'ascendant sur qui dans le jeu des clans, donne un élément de lecture pour mieux analyser la situation qui prévaut dans le pays. Raffarin dit aussi sur les ondes de la radio Europe1, qu'il a trouvé Bouteflika en forme, ce qui sous-entend que «la force» dont manque le président n'est pas physique mais bien d'un autre ordre. Il lui annonce la tenue d'un Conseil des ministres devant apporter des éléments de réponse aux attentes «sociales» des Algériens. Le monsieur Algérie de la France, qui dit partager le même diagnostic que son interlocuteur sur ce qui se passe aujourd'hui dans le monde arabe, nous annonce aussi que des «mouvements d'ampleur» seront rendus publics dans les jours qui viennent. Le même responsable français souligne aussi que le président algérien est «attentif aux problèmes des jeunes», alors que le jour même, des étudiants ont été tabassés devant le ministère de l'Enseignement supérieur.
A se demander si Raffarin est l'envoyé spécial de Sarkozy ou de Bouteflika ' Un envoyé bien spécial qui se déplace pour préserver les intérêts mercantiles de la France dans cette Algérie riche et dans un contexte où souffle un vent de révolte contre les dictatures en place.
Il est bien clair, aujourd'hui, que la France a choisi de préserver ses liens d'amitié avec les dirigeants du Sud afin de garantir une pérennité à  ses intérêts économiques et sauver par la même les restes d'une «Françafrique» aux abois. Raffarin a d'ailleurs eu la garantie de la bouche du président algérien que les entreprises françaises seront bien servies. Raffarin doit bien se frotter les mains quand il dit : «On a du gaz et du pétrole en Algérie. Mais on n'a pas d'industrie pétrochimique. Dans la construction d'un pays, le ciment est fondamental et ils importent du ciment. Ils n'ont pas d'industrie pharmaceutique comme elle mérite d'être soignée. Avec Total, Lafarge et Sanofi, on est en train de répondre à  l'aspiration sociale des Algériens.» L'envoyé de Sarkozy, et dans une convergence de vues avec les dirigeants algériens qui refusent de voir la portée politique de la crise algérienne, insiste d'ailleurs pour dire que sa visite est d'ordre social. «Nous allons répondre à  l'aspiration populaire, et nous ne pouvons pas àªtre indifférents à  la crise sociale. La France est prête à  apporter son concours pour cette réponse sociale à  l'aspiration du peuple algérien», dit-il.
La diplomatie française se réduit à  envoyer des matraques lorsque les peuples du Sud se soulèvent, ou à  négocier des contrats juteux. Pour l'aspect politique, la France compte sur ses convergences de vue avec les dirigeants du Sud.
 


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