Les représentants de lacommunauté musulmane ontdénoncé ce qu'ils qualifi entde « violation des libertésindividuelles et de la libertéde culte ».
Les employeurs de saisonniers,qui chaque été exploitent des centainesde milliers de bras bon marchédurant les récoltes de fruits et légumesau Nord de l'Italie, ont fait savoiraux travailleurs musulmansqu'il leur sera interdit d'observer lejeûne, cette année. Les contrevenantsseront suspendus et s'ils 'récidivent''ils seront licenciés sur-lechamp.Préoccupés par la qualité du rendementde leurs employés de confessionmusulmane durant le mois duRamadhan, qui débutera dans unesemaine, les patrons d'entreprisesagricoles et les syndicats du secteurdans les régions du Nord de l'Italie,ont réussi à faire approuver, en avrildernier, un décret qui oblige les recrutésà boire durant l'exercice deleur tâche et qui autorise les patronsà licencier les récalcitrants. Les promoteursde cette loi plaident pourune meilleure protection des travailleursen cette saison de grandechaleur. Le Comité régional pour lasécurité agricole, composé de représentantsdes organisations agricoleset des principaux syndicats du pays,a justifié cette mesure extrême par lefait que l'abstention de boire et demanger peut exposer les saisonniersà des problèmes de santé et retarderla récolte. Mais l'exemple avancé,par les agriculteurs italiens des régionsriches du Nord de la péninsule,a laissé sceptique plus d'un. S'arguantde l'histoire d'un immigrésans papiers indien, de confessionhindoue, mort la saison précédente,pour n'avoir pas suffisamment bu,les patrons voudraient donc prévenirdes cas similaires. Les habitants musulmansdu Nord de l'Italie se demandentce que ce drame isolé a àvoir avec le Ramadhan. Les représentantsde la communauté musulmane,face à cette insolite décision,ont dénoncé ce qu'ils qualifient de''violation des libertés individuelleset de la liberté de culte''. Ils menacentde porter plainte devant la justiceitalienne et les instances internationalescontre les sociétés agricolesqui licencieraient un saisonnier quirefuse de rompre le jeûne avant ElIftar. Pour leur part, les organisationsde défense des droits des immigrésne comprennent pas l'opportunitéd'une telle interdiction, surtoutqu'ils se montrent sceptiques sur lesvéritables motivations à l'origine decette dernière. L'organisation nongouvernementale Médecins sansfrontières dénonce régulièrement lesconditions inhumaines dans lesquellesles saisonniers étrangers, surtoutles sans-papiers, travaillent durantles saisons de grande récolte à traversla péninsule. Des Marocainesâgées et enceintes sont, par exemple,obligées d'éplucher des orangespendant plus de 12 heures d'affilée,sans observer de pause et pour quelquescentimes l'heure de rémunération.Des Roumains, des Ghanéenset des Sénégalais s'échinent unejournée entière à récolter les savoureuxpomodorin (petites tomates) enCalabre, Sardaigne et Sicile, et seruinent la santé et développent delourdes pathologies cervicales etlombaires. Sous-payés, exploités etsans aucune protection sanitaire, lessaisonniers, sans documents, vivententassés dans des hangars insalubreset finissent par attraper toutes sortesde maladies. Arrivés sains en Italie,ils en sont expulsés, au moindrecontrôle d'identité, malades et irréversiblementamoindris. Mais lesemployeurs italiens s'obstinent àmaintenir cette mesure anti-jeûnequi vise des milliers de saisonniersmusulmans, qui sans leur labeur, lesfruits et légumes n'arriveraient pas àtemps sur les étals des marchés italiens.
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Posté Le : 15/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nacéra Benali
Source : www.elwatan.com