Algérie

Italie-Algérie : l'ENI rattrapé par des pots-de-vin Actualité : les autres articles



Le tout puissant numéro un du groupe pétrolier italien est au centre d'une enquête pour corruption qui concerne l'Algérie. Hier, les enquêteurs ont ordonné la perquisition du bureau et du domicile de Paolo Scaroni, ce qui a provoqué l'effondrement du titre de l'ENI en Bourse
Rome de notre correspondante
Pour s'adjuger les mégaprojets de Medgaz et de MLE, le groupe pétrolier italien aurait versé des pots-de-vin, pour un total de 197 millions de dollars, à des responsables du gouvernement algérien, à des dirigeants de Sonatrach et à de nombreux intermédiaires, dont le neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bédjaoui. Ayant créé une société-écran, Pearl Partners Limited, basé à Hong Kong, Farid Noureddine Bédjaoui, aurait joué un rôle-clé dans les négociations permettant aux Italiens de décrocher la transaction de 11 milliards de dollars. En strict contact avec l'épouse du directeur du département d'engineering et construction de Saipem (filiale de l'ENI), Pietro Varoni (suspendu de ses fonctions), Farid Noureddine Bedjaoui, qui est aussi actionnaire dans une société agricole de Varoni, aurait servi d'intermédiaire précieux aux Italiens en leur présentant des ministres algériens et des dirigeants de Sonatrach.
Le directeur général de l'ENI aurait assisté au moins à une réunion de haut niveau entre les deux délégations, qui se serait tenue à Paris, en présence du ministre de l'Energie, à l'époque Chakib Khelil. Les enquêteurs espèrent trouver des preuves accablant Scaroni, d'où les perquisitions opérées hier, dans ses bureaux à Rome et à Milan, ainsi que dans sa villa, bien que sa responsabilité soit engagée même sans cela, en vertu de la loi 231 italienne qui établit la responsabilité des dirigeants dans les affaires de corruption. Cette nouvelle est venue troubler, en pleine campagne électorale, les marchés financiers italiens.
Le 24 février prochain, le pays devra voter son nouveau Parlement sur fond de crise économique. De nombreux scandales financiers ont été révélés, ces derniers jours, par la presse italienne, mettant en cause tantôt les gouvernements de gauche, tantôt ceux de droite qui se sont succédé. Les juges de Milan avaient déjà ouvert une enquête pour corruption qui met en cause les dirigeants de la société Saipem, très présente en Algérie, mais cette fois c'est le groupe pétrolier lui-même qui se trouve dans l il du cyclone. Paolo Scaroni, l'homme de l'ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, est aux commandes de l'ENI depuis huit ans, et ses détracteurs l'accusent d'avoir fait le jeu de Berlusconi, notamment dans les affaires conclues avec les Russes. Vladimir Poutine étant un ami intime de Silvio.
Une amitié qui aurait coûté cher au Trésor italien car El Cavaliere avait tendance à soigner ses propres affaires plutôt que celle du groupe étatique. Selon des experts italiens des questions pétrolières, Scaroni «n'arriverait pas à la cheville» d'Enrico Mattei, fondateur de l'ENI et qui a payé de sa vie son engagement à défendre les intérêts italiens sans pour cela exploiter les jeunes nations productrices de pétrole et de gaz.


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