ISSOUBAKEN MAÂTKAS (TIZI OUZOU) - Le village qui a pris son destin en main

Les habitants, las d’attendre les promesses sans lendemain des pouvoirs publics, ont décidé d’agir et de se prendre en charge.

Alors qu’ils pataugeaient dans une situation presque invivable, il n’y a pas si longtemps, ces vaillants villageois commencèrent enfin à sortir la tête de l’eau, et ce, en s’inspirant des valeurs ancestrales de la vie communautaire ancrées depuis toujours au sein de la société kabyle authentique.

En effet, grâce à la volonté et à la solidarité des villageois et des jeunes de l’association “Yennayer”, plusieurs activités et de nombreuses réalisations d’infrastructures ont été réalisées, ce qui a donné un tout autre visage au village.

La dernière initiative citoyenne est cette belle et grande bâtisse de deux étages construite au milieu du village et qui fait office à la fois de mosquée, de siège social pour l’association, de salle de réunion et d’espace de stockage pour le matériel destiné aux besoins des fêtes et des rites funéraires.

À cela, il faut ajouter une piste agricole longue de plus de 1.500 m ceinturant tout le village du côté bas et qui permettra désormais le désenclavement des nombreuses oliveraies, ce qui se traduira par une meilleure exploitation de l’activité oléicole qui représente une source de revenus non négligeable aux villageois alors que d’autres réalisations sont à l’actif de ce village de quelque 600 habitants.

“L’entretien et la clôture du cimetière du village, la réalisation d’une stèle à la mémoire de nos chouhada, la célébration des dates symboliques, les circoncisions collectives, l’éclairage public, la récompense des lauréats aux examens scolaires et les opérations fréquentes de volontariat sont autant de défis que nous avons relevés en un laps de temps très réduit. Le tout a été exclusivement financé par les cotisations et les dons des villageois auxquels s’ajoute l’apport d’un commerçant bienfaiteur du village établi à Tizi Ouzou, alors que nous n’avons reçu aucune subvention de la part des pouvoirs publics”, nous ont déclaré des jeunes villageois et des citoyens rencontrés au niveau de “tajmaït” d’Issoubaken qui commence à respirer le bien-être, la propreté et la fierté pour un village au passé glorieux des aïeux “avec ses 19 martyrs sur une population de 200 âmes recensée à la veille du 1er novembre 1954 et ce en plus des quinze moudjahidine, dont trois femmes, qui ont survécu à la guerre de Libération nationale”, précisent nos interlocuteurs qui ont tenu à mettre l’accent sur l’esprit de sagesse qui règne chez la génération présente pour les règlements des conflits et l’absence de toute opposition aux projets réalisés.

Pour l’avenir, les braves villageois projettent la construction d’un ensemble d’ateliers pour les femmes au foyer, une salle de soins et une salle des fêtes.

“Ce nouveau projet, qui s’élèvera sur deux étages, sera complètement financé par un commerçant bienfaiteur sur une parcelle de terre mise à la disposition du village par un concitoyen mais nous ne désespérons pas de voir enfin les autorités locales apporter leur contribution notamment pour le raccordement au gaz naturel et la réalisation d’une nouvelle conduite d’eau potable et une autre piste agricole”, ont enfin souhaité les habitants d’Issoubaken.


Photo: La mosquée du village, dernière réalisation des citoyens d’Issoubaken. © R.Achour/Liberte

R. Achour