A bout d'arguments, Israël utilise le mensonge et les failles de la
diplomatie internationale pour détourner le débat sur son oeuvre coloniale en
Palestine et faire oublier ses crimes de guerre, crime contre l'humanité et
génocide.
Face au verdict des enquêteurs de l'ONU sur la énième agression barbare
d'Israël contre Ghaza la palestinienne de janvier dernier, et pour contrer
l'appel de la communauté internationale pour l'urgence d'un Etat palestinien
viable, Israël ressort son unique argument: la menace nucléaire iranienne.
Avigdor Lieberman, le ministre (d'extrême droite) de l'Etat hébreu, l'a encore
répété à Rome et Paris où il était en visite mardi. «La menace nucléaire
iranienne passe avant le processus de paix», a-t-il déclaré à ses homologues
européens. Plus grave, le ministre israélien a fait savoir au Premier ministre
italien, au ministre des Affaires étrangères français et certainement aux
dirigeants tchèques chez qui il devait se rendre mercredi, qu'Israël n'exclut
pas une attaque militaire contre l'Iran. Plus précisément, Avigdor Lieberman a
fait savoir que son pays donne un délai de trois mois à l'Iran pour qu'il se
conforme aux obligations de la communauté internationale en matière de contrôle
sur ses installations nucléaires, auquel cas Israël se verrait dans
l'obligation de se «défendre». Sa déclaration fait allusion à l'éventualité de
la réélection en juin prochain de l'actuel président iranien qu'Israël
considère comme son principal ennemi.
De leur côté, des sources diplomatiques françaises ont confirmé «que dans
un tel cas, une action militaire israélienne contre l'Iran n'est pas à éviter».
Le stratagème israélien est clair: fixer le débat de la communauté
internationale sur la prétendue menace nucléaire iranienne, et remiser aux
oubliettes sa colonisation de la Palestine et ses crimes de guerre, crime
contre l'humanité et génocide. Et si la qualification de «génocide» provoque
des urticaires chez les amis du régime israélien, il faudrait nous expliquer
comment qualifier la volonté de ses dirigeants extrémistes lorsqu'ils
déclarent: «Il faut purifier Israël de la présence arabe... il ne peut y avoir
de droit pour les Arabes sur la Palestine». Et puis lancer des bombes au
phosphore blanc avant de bombarder à l'arme lourde des écoles, des hôpitaux,
des lieux de cultes... massacrant des enfants, des femmes, des malades, des
infirmes... exprime-t-il autre chose qu'une volonté «génocidaire» de l'Etat
hébreu, ou du mois de ses dirigeants politiques ?
Le rapport de l'ONU, rendu public lundi dernier, affirme clairement
qu'aucun combattant du Hamas palestinien ne se trouvait à l'intérieur de ses
bâtiments ou des écoles et hôpitaux bombardés par l'armée israélienne. Ban
Ki-moon a annoncé par ailleurs que l'ONU va demander des réparations et
dédommagements à Israël pour ses attaques et destructions contre ses
structures. Même si le verdict de l'ONU, on le sait par habitude, ne gênera
aucunement la poursuite de l'occupation de la Palestine, il résonne comme un
cri de la conscience humaine face à la barbarie d'Israël. Le monde ne peut plus
dire qu'il ne sait pas. Conscient de sa mise au banc des accusés, le nouveau
gouvernement israélien procède, comme toujours, à une stratégie diplomatique
redoutable: cibler les centres de discordes de la diplomatie internationale.
Tabler sur les divisions, et l'Union européenne n'en manque pas aujourd'hui.
Paris a été, malgré l'opposition du Parlement européen, le promoteur d'Israël
au rang de partenaire privilégié auprès de l'UE en décembre 2008; mais Paris
est isolé au sein de l'UE sur la question de l'adhésion de la Turquie à l'UE,
comme sur la question du Sahara Occidental au sein du Conseil de sécurité de
l'ONU. Rome est accusé par les ex-pays de l'Est (Roumanie, Bulgarie...) de
racisme contre leurs populations, et par le reste de l'UE sur sa politique
d'asile et d'immigration. Prague est qualifié de cheval de Troie des USA
(bouclier antimissile) dans l'UE, et vit une crise politique interne sans
précédent, le poussant à la démission de la présidence de l'UE. C'est en tenant
compte de ces conditions (et bien d'autres) que le ministre israélien des AE a
réservé sa première sortie à ces trois capitales européennes.
Dans la situation d'aujourd'hui, seule l'attitude des USA pourrait, non
pas infléchir la volonté coloniale d'Israël, mais éviter de nouveaux épisodes
sanglants en Palestine et stopper les colonies sauvages en Cisjordanie et à
Jérusalem. Quant à la reprise du processus de paix pour un Etat palestinien libre
et durable, il ne faut pas y rêver pour l'instant. Le nouveau gouvernement
d'Israël répète qu'il n'en est pas question. Alors, que va faire le reste du
monde ?
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 07/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M'hammedi Bouzina Med De Notre Bureau De Bruxelles
Source : www.lequotidien-oran.com