Algérie

Israël joue et perd



Israël joue et perd
L'accord sur le nucléaire, conclu hier à Genève entre les 5+1 et l'Iran, a été presque unanimement salué par la communauté internationale comme un accord «historique» tant par les adversaires que par les amis et alliés de la République islamique d'Iran. A l'exception d'Israël, qui est convaincu du contraire. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, s'est aussitôt empressé, après l'annonce des résultats de ce second round des négociations de Genève, de dénoncer cet accord qualifié d'«erreur stratégique» rendant «le monde plus dangereux». Dans une menace en bonne et due forme adressée à l'Iran, le Premier ministre israélien a fait savoir qu'«Israël n'est pas lié par cet accord». Cette attitude de défiance d'Israël de la communauté internationale lorsque ses intérêts stratégiques sont en jeu est une constante de la diplomatie de l'Etat hébreu, fondée sur le concept séculaire de la victimisation et du droit d'Israël de se défendre contre la menace extérieure. Le régime iranien est présenté comme l'exécutant testamentaire contemporain de la solution finale du peuple israélien. Une carte politique que Tel-Aviv a jouée à fond dans le conflit proche-oriental.A bien lire les réactions optimistes tant des responsables des pays européens engagés dans les négociations que des dirigeants iraniens, il n'y a ni gagnant ni perdant dans l'accord conclu à Genève. Néanmoins, chaque partie tente de présenter les conclusions de cet accord comme une victoire personnelle pour, d'abord, la consommation interne de leurs opinions publiques, ensuite pour convaincre leurs alliés respectifs que l'on n'a pas cédé sur les questions stratégiques du dossier. L'Iran s'enorgueillit d'avoir fait plier les Européens en arrachant le droit de continuer à enrichir son uranium même à un faible pourcentage (inférieur à 5%) tout en obtenant de ses partenaires un allégement ? avant leur levée définitive ? des sanctions internationales qui ont mis à genoux l'économie iranienne. De leur côté, Européens et Américains pavoisent quant à l'issue de ces négociations difficiles, qui ouvrent la voie au démantèlement de l'arsenal nucléaire iranien à travers une série de mesures draconiennes. Dont notamment la neutralisation du stock d'uranium enrichi à plus de 20%, le renoncement à la construction de toute nouvelle centrifugeuse, l'interruption des travaux de mise en marche du réacteur de l'usine d'Arak dont la France a fait un abcès de fixation. Et, pour superviser tout ce plan de charge, l'acceptation par l'Iran de soumettre son programme nucléaire à des inspections internationales poussées, en ouvrant ses sites nucléaires à des visites quotidiennes des agents de l'AIEA.Le compromis politique auquel sont parvenus les Occidentaux et les Iraniens sur le dossier nucléaire iranien préfigure-t-il des relations internationales plus apaisées, à présent que le spectre de la menace nucléaire brandie par Israël et ses alliés est en passe d'être dissipé ' L'Iran dénucléarisé changera-t-il quelque chose à la donne proche-orientale où Israël ne doit sa puissance et son impunité quant à sa politique d'occupation de la Palestine qu'à son potentiel nucléaire et militaire non conventionnel, qui échappe à tout contrôle international avec la complicité de ces mêmes puissances qui dénient le droit légitime à d'autres pays d'avoir un programme nucléaire même à des fins civiles ' Rien n'est moins sûr.




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