Publié le 09.03.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
Par Abdelkader Leklek
Oui, si ce n’est l’entame de l’ultime palier du projet sioniste engagé depuis 1948 : le nettoyage ethnique de la terre palestinienne. Cette conspiration fut concoctée et inscrite en 1938 dans le programme de l’Exécutif de l’Agence juive, ce gouvernement de fait des Juifs de Palestine. David Ben Gourion, qui en fut le président entre 1935/1948, proclamait déjà, selon les minutes de la réunion du 12 juin 1938 de cette camarilla : «Je suis pour le transfert forcé. Je ne vois rien là d’immoral.»(*)
Il est à noter que cet entendement matriciel qui fait la moelle substantifique du sionisme fut institué en finalité dès le début du mouvement dans son dogme doctrinaire. À savoir : un nettoyage ethnique amalgamé à un sociocide, c’est-à-dire aux «actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, notamment par le meurtre de membres du groupe, par l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale des membres du groupe, et par la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction», selon Marianne Blume, enseignante pendant dix ans à l’université El Azhar de Ghaza.
Dans la même inspiration, le journaliste Nahman Sirkin, sioniste socialiste et auteur en 1898 de La question juive et l'État juif socialiste, affirmait lors du premier congrès sioniste réuni à Bâle, en Suisse, en 1897, que «la Palestine doit être évacuée pour les Juifs».
Comme également l’autre doctrinaire, Vladimir Jabotinsky, dont Bension Netanyahou, le père de l’actuel Premier ministre israélien, fut le secrétaire, que Ben Gourion qualifiait de Vladimir Hitler et que Mussolini gratifiait de fasciste d’Israël, qui écrivait en 1939 ceci : «Les Arabes doivent laisser la place aux Juifs en Eretz Israël. S’il a été possible de transférer les peuples baltes, il est possible aussi de déplacer les Arabes palestiniens.»
Présentement, Tom Segev qui fait partie des nouveaux historiens israéliens affirme que «faire disparaître les Arabes se situait au cœur du rêve sioniste, et était aussi une condition nécessaire de sa réalisation». En clair, les Israéliens n’ont toujours pas évolué sur la question.
Si le plus connu des artisans de ces projets ethnocidaires demeure, sans conteste, le proclamateur de l’État sioniste, Ben Gourion, le prélude au crime contre l’humanité que subiront les populations palestiniennes autochtones fut converti en stratégie de déportation et d’accaparement des terres dans le plan D, de «Daleth», la quatrième lettre de l’alphabet hébreu, établi le 10 mars 1948 par 11 membres de l’organisation terroriste la Haganah, parmi lesquels figuraient Ben Gourion, Moshé Dayan, Itzhak Rabin, Ariel Sharon et bien d’autres phalangistes. La Haganah est la sinistre ancêtre de l’armée israélienne Tsahal.
Ben Gourion qui avait repris la stratégie développée depuis Théodor Herzl, fondateur du mouvement sioniste, qui consistait à acheter les terres aux Palestiniens pour les supplanter et commencer par créer un noyau de judaïsation des territoires, avait vite fait de réaliser les limites de ce stratagème. Il passera rapidement à la violence, à l’intimidation et à la force armée pour déposséder, exclure les Palestiniens et les faire remplacer par des Juifs venus du monde entier avec des préférences et des avantages pour ceux arrivés des pays d’Europe de l’Est, les Ashkénazes.
Les Juifs venant des pays du Maghreb et d’Orient, les Séfarades ou Mizrahis, ont toujours été considérés comme moins instruits, moins diplômés, moins civilisés et moins occidentalisés. Ils sont plus pauvres, incompétents et inaptes à la responsabilité. Partant, ils seront toujours sous-représentés dans les instances politiques et gouvernementales israéliennes. L’establishment ashkénaze était pénétré de l’assurance que les Séfarades étaient arriérés. Un rapport de domination culturelle, économique et de leadership avait été mis en place dès le début et ce modèle persiste toujours. On rapporte même que lors d’indemnisations attribuées pour cause d’accidents de la circulation, les tribunaux israéliens accordent aux victimes ashkénazes des compensations plus élevées qu’aux victimes séfarades.
C’est durant les réunions de cet exécutif de l’Agence juive, que le chef dogmatique du sionisme criminel, Ben Gourion, aidé de cette canaille qu’Israël érigera en héros de son indépendance, dont Ariel Sharon, son fils spirituel, qui, devenu Premier ministre d’Israël en 2002, déclarera que «nous allons maintenant achever ce qui n’a pas été achevé en 1948», échafaudera dans son propre domicile ce plan de nettoyage ethnique qui connaîtra quatre moutures, A, B, C qui évolueront pour être synthétisées en ce qui deviendra plan D, qui, dans sa dernière déclinaison, comportera un échelon militaire attribuant des missions aux différentes unités de la funeste Haganah concourant toutes à terroriser les populations palestiniennes, à les épouvanter et à créer un climat de panique générale en leur sein.
Le 4 avril 1948, le scénario de ce nettoyage ethnique est mis en exécution. Il préconisait que les opérations peuvent être menées de la manière suivante : en détruisant les villages en y mettant le feu, en les dynamitant et en posant des mines dans les décombres.
Le résultat attendu étant l’abandon de leurs terres par les Palestiniens et la prise du chemin de l’exil. Ils furent 800 000 Palestiniens à devenir réfugiés, parce que 531 villages furent détruits et 11 quartiers vidés de leurs habitants, avec le point d’orgue dans l’horreur atteint le 9 avril 1948. Le massacre de Deir Yassin, perpétré par l’autre milice sioniste égorgeuse et non moins filiale de la Haganah, l’Irgoun, commandée par le boucher Menahem Begin. Ce dernier commentera dans son livre La révolte d’Israël, édition Plon 1953, l’effet que la diffusion de ces rumeurs avait eu sur les Palestiniens. Il révélait : «Les Arabes de tout le pays, amenés à croire des récits fantastiques de “boucherie de l’Irgoun”, ont été pris d’une insondable panique et ont commencé à fuir pour rester en vie.
Cette fuite massive s’est bientôt muée en folle ruée incontrôlable. Sur les quelque 800 000 qui vivaient sur le territoire actuel de l’État d’Israël, environ 165 000 seulement sont toujours là. L’importance politique et économique de cet événement peut difficilement être surestimée.»
Dès lors, selon le substrat originel de la certitude sioniste, qui, comme toutes les certitudes, rendent fou, selon Nietzsche, arracher, déplanter, trimballer, ballotter, déplacer par la force des armes des populations à travers les quatre points cardinaux de Ghaza devient possible, voire déterminant pour la cause sioniste et pour celle de tous ses artisans de toutes les époques.
Depuis, les portes de la mort, des maladies, de la famine, de la privation de l’accès à l’eau, du froid sous les plastiques des tentes fouettées par les vents et inondées par les eaux de pluie sont ouvertes. Du dénuement, des bombardements sans répit de colonnes de femmes et d’enfants, du danger de mort violente certain à tout instant, car aucun endroit n’est désormais sûr, sont ouvertes.
Cette instabilité, ces incertitudes, cette insécurité, ce nomadisme forcé et cette précarité sont les leviers de l’atteinte psychologique et physique utilisés par Israël dans sa guerre aveugle contre les Palestiniens de Ghaza. Oui, c’est la guerre totale. Israël est un État militariste. Tous les Israéliens sont armés, y compris ceux résidant à l’étranger. Ils sont tous mobilisables et à toute heure, filles et garçons. Même des Juifs orthodoxes religieux dans leur obédience Haredim, qui étaient exemptés du service militaire, ont rejoint l’armée sioniste depuis le 7 octobre 2023. Ils sont au moins 3 000 à avoir franchi le pas.
L’État sioniste a rassemblé toutes ses ressources et toutes ses énergies, économiques, militaires, humaines et intellectuelles. Il a fédéré toutes ses forces politiques dans un cénacle dénommé cabinet d’urgence et d’unité nationale en guise de gouvernement de guerre depuis le 12 octobre 2023. Tout est intense, tout est infernal, c’est démentiel. Tout est entrepris dans la démesure. C’est du jamais-vu dans les degrés de l’arrogance, les échelons de la barbarie, dans les variations sur la palette de la sauvagerie et dans le catalogue de l’inhumanité à travers la gamme de ses abjections.
C’est la guerre sans réserve. Tout est mis à contribution, tout est utilisé, aucun levier n’est laissé au hasard, tous les supports sont sollicités. C’est le rappel de toutes les voix, c’est le nuancier exhaustif de l’horreur dans sa manifestation la plus absolue, puisque même les cimetières ont été volontairement bombardés. Toutes les sortes de munitions sont utilisées à pleines mains. Celles dites intelligentes, ou à guidage laser et toutes les autres. Les plus dangereuses, dites aveugles dont celles à fragmentation et à sous-munitions, mais aussi celles dont l’usage est interdit par les conventions internationales dont la convention sur les armes à sous-munitions de 2008. Dans ce répertoire, des précédents existent.
En 2021, Israël avait déjà utilisé, lors des onze jours de bombardement de Ghaza, selon le Jérusalem Post, l’intelligence artificielle pour canonner des Ghazaouis. Son armée avait revendiqué dans son offensive l’emploi d’outils algorithmiques pour maximiser les massacres. Le journal citait les algorithmes dénommés «Alchemist, Gospel et Depth of Wisdom». C’est la guerre sans restriction contre tous les Palestiniens, et dans sa guerre complète Israël entend effacer la trace de leur existence et l’attestation de leur histoire. Tout cela au prétexte d’assurer sa propre défense. Oui, mais la préservation de sa sécurité semble ne pas avoir de limites. Au-delà de se protéger et de son instinct de préservation en faisant appel à tout ce qui fait l’art de la guerre, ce comportement dépasse tout ce que l’humanité a créé et érigé pour se défendre. Toutefois, pour les dirigeants sionistes et tous leurs supporters, y compris leur opinion publique, cela équivaut à un conflit de pérennité. Cela devient criminel dans son acception de voyoucratie institutionnalisée. La vengeance aveuglerait-elle les dirigeants sionistes ? Oui, ils sont en pleine réalisation de leur projet idéologique fondateur. La fabrication de cette légende, dont le narratif est actualisé à chaque étape et adapté aux intérêts du moment, réside dans son obstination. Après une pseudolégitimation gorgée de mystifications est venu le temps de l’accomplissement. Le scénario de mise en œuvre ne s’encombre d’aucune barrière. L’instrumentalisation de la Shoah sans qui Israël, son État, son armée et toute l’idéologie qui les sous-tend n’auraient jamais vu le jour. En conséquence, la revivification du mythe du peuple élu retrouvant son salut en sa Terre promise, loin de tout danger, justifierait pour ses propagateurs l’ignorance et la réalité d’un peuple établi sur ce territoire depuis les temps bibliques, le gommage de son histoire, la disparition de sa culture, et le meurtre de tout ce qui fait son être.
Oui, puisque en plus de la concentration de toutes ses ressources, Israël a déclenché et promeut chaque jour une campagne de propagande tous azimuts. Il instrumentalise pour légitimer, justifier, se dédouaner et faire admettre tout ce qu’il entreprend comme actions diverses et variées afin d’exempter et d’exonérer son bellicisme jusqu’au-boutiste contre la population de Ghaza.
Il impose avec le même acharnement, sinon avec plus de véhémence, une censure aussi mordante qu’agressive et revancharde sur tout ce qui viendrait contredire ou bien dévoiler ses desseins criminels. Il a formalisé et mis en œuvre un encadrement et un contrôle omnipotents, absolus et intransigeants avec intervention directe et irascible, sur tout ce qui contrarie ou bien désavantage sa prétendue justice de cause. Et sur ce chapitre, l’inventaire toujours ouvert ne peut naturellement être exhaustif, néanmoins quelques récents échantillons pourront alerter sur la force de nuisance de la guerre totale qu’Israël engage en direction du monde entier.
En décembre 2023, deux présidentes de deux prestigieuses universités américaines sont soumises à la question par des membres du Congrès américain et contraintes brutalement à la démission.
Elizabeth Magill, 57 ans, présidente de l’université Pennsylvanie et ex-doyenne de la faculté de droit de l’université de Stanford durant 9 ans et aussi la présidente de l’université de Harvard, la politologue Claudine Gay, avaient été auditionnées le 5 décembre 2023 par le Congrès et acculées à répondre à cette question : «Est-ce que l’appel au génocide des Juifs viole le code de conduite de leur université respective, en matière d’intimidation et de harcèlement ?» Elles avaient alors répondu que : «cela peut être le cas, selon le contexte». Si dans ce procès d’intention dans lequel les accusées qui n’étaient en aucun cas coupables avaient subi un sort pareil, quelle serait alors la sanction des membres du gouvernement de guerre de l’État sioniste qui, eux, ont planifié, organisé, fait de la publicité et exécuté un génocide à Ghaza ? Le bureau des Nations unies de la prévention du génocide définit ainsi le génocide : «Pour qu’il y ait génocide, il faut démontrer que les auteurs des actes en question ont eu l’intention de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. La destruction culturelle ne suffit pas, pas plus que la simple intention de disperser un groupe.» En l’espèce, pas besoin de démonstration, Benyamin Netanyahou affirme et confirme à tout bout de champ cette définition et l’assume. Dans le Wall Street Journal du lundi 25 décembre 2023, il expliquait, qu’à ses yeux, une paix ne pourra intervenir que si le Hamas est «détruit». Il avait déclaré également, le mercredi 7 février 2024, au secrétaire d’État US Anthony Blinken que Tel-Aviv «ne pourra pas gagner la guerre sans détruire le mouvement Hamas dans le sud de la bande de Ghaza».
Par ailleurs, le 30 octobre 2023, Gilad Erdan, représentant de l’État sioniste, arborait lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur son revers de veste une étoile jaune, tentant de faire culpabiliser le monde entier. La réponse à cette agitation lui vint de son propre camp, puisque le directeur du musée Yad Vashem, Daniel Dayan, avait, selon The Times of Israel, dit : «Cette attitude déshonore les victimes de la Shoah et l’État d’Israël.»
Dans sa course effrénée pour généraliser et asphyxier toute contestation de sa guerre totale, Israël corrompt et démolit tout ce qui fait sa pseudoréputation de la seule démocratie du Moyen-Orient. Toutes les voix sont muselées. C’est pourquoi depuis le 26 décembre 2023, un jeune Israélo-Américain de 18 ans, Tal Mitnick, objecteur de conscience, purge une peine de prison pour avoir refusé d’effectuer son service militaire. Il avait alors pour défendre sa position déclaré : «Je refuse d’être enrôlé, je refuse de participer à la guerre à Ghaza. Je crois qu’un massacre ne peut pas répondre au massacre. La violence ne résout pas la violence, je refuse de croire que plus de violence nous garantira plus de sécurité, je refuse de participer à une guerre de vengeance.» Sa lettre d’objection est consultable sur la Toile. Cette action constitue pour l’État sioniste une trahison qui doit être réprimée, pour ne pas faire tache d’huile.
En revanche, les porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari et Olivier Rafowicz sont lancés sur tout ce qui bouge. Ils squattent les chaînes télé d’information en continu, particulièrement les françaises, faiblardes et dévouées poings et pieds liés, dont les propriétaires sont complaisants et les journalistes obséquieux. Plusieurs journalistes hommes et femmes se sont fait remonter les bretelles en direct, sans ciller, par les deux officiers sionistes en battle dress et sommés de reformuler leurs propos selon la doxa propagandiste israélienne. Toutes et tous s’exécutèrent, pareillement en direct avec le sourire servile, affichant un regard de chien battu implorant le pardon, la prosternation en prime.
Dans la même veine, l’accueil de certaines personnalités est activé par Israël pour corser le battage et propager le flux médiatique, de façon à charpenter leur guerre. Le lundi 27 novembre 2023, Elon Musk, en gilet pare-balles, visite le kibboutz Kfar Aza pour expier de ses offenses envers Israël et se faire pardonner pour les messages présumés antisémites diffusés sur son réseau social X. Chose faite, puisque c’est le Premier ministre lui-même qui l’avait accompagné pour lui donner l’absolution.
Bien sûr, moyennant une contre-partie compensatrice en matière de priorités et de préséance dans la couverture internet par satellite qu’offre Space X, l’entreprise propriété de Musk spécialisée dans l’astronautique et le vol spatial ainsi que toutes leurs dérivées publiques mais aussi les secrètes. Israël aura priorité sur toute l’ingénierie de pointe dans la transmission de données en matière militaire, pour le contrôle des drones et surtout pour l’espionnage à grande échelle à partir de l’espace.
Aussi, au début du mois de décembre 2023, c’était au tour du procureur en chef de la Cour pénale internationale de se rendre en Palestine à la demande de familles israéliennes d’otages aux allégations desquelles le magistrat était plus attentif selon les organisations palestiniennes de défense des droits de l’Homme. Israël n’étant pas membre de la CPI, Karim Khan n’a été reçu par aucun officiel sioniste. Il avait fait des déclarations et promis l’ouverture d’une enquête. Depuis, c’est le silence radio.
En tout cas, comme Israël a fait honneur à la sollicitation des familles d’otages pour s’épargner leurs critiques et leur réprobation dans sa façon de gérer le sujet, il fera tout autant pour que les choses restent telles quelles, figées. Car si des mandats d’arrêt internationaux sont émis, ses ressortissants pourraient être interpellés à l’étranger. Ce qui en l’état des choses et de celui du rapport de forces internationales demeure illusoire.
Dans l’espace culturel international, c’est pareil, les chiens de garde de la conformité et de la fidélité au sionisme sont lâchés. Ainsi, le texte de la chanson qui représentera l’État hébraïque à l’Eurovision se veut un protest song. La cantilène s’intitule «October Rain, ou Pluie d’Octobre». Ce qui donne, traduit en français : «Dansant dans l'orage/Nous n'avons rien à cacher/Ramène-moi à la maison/Et laisse le monde derrière/Et je te promets que ça n'arrivera plus jamais/Je suis toujours mouillée par cette pluie d'octobre/Pluie d'octobre...»
Aux dernières nouvelles, un bras de fer est engagé entre le comité du concours européen de la chanson et l’État d’Israël. Le même procédé est déployé quand deux cinéastes lauréats de la Berlinade, l’Américain Ben Russel et le Palestinien Bassel Adra, dénoncent le génocide commis à Ghaza par l’armée sioniste et ses chefs politiques. Il y eut pendant la cérémonie de clôture une levée de boucliers et après la fête, beaucoup d’agitation des gardiens du temple en Allemagne contre une supposée action antisémite. Cela alla du maire de Berlin Kai Wegner, au député SPD du chancelier Olaf Scholz, Helge Lindh.
Les dirigeants allemands se sentent toujours coupables des actions commises par leurs ancêtres nazis, ils s’estiment redevables envers les Juifs et donc continuent d’être mis à l’amende et de payer le tribut avant même l’échéance du terme. En Israël comme en Allemagne, la liberté d’expression devient abusive et liberticide, quand ce ne sont pas eux qui l’utilisent selon leurs intérêts.
Il est à signaler dans le même entendement linguistique que le militantisme activiste sioniste a fait que, depuis 1945, le mot sémitique désigne exclusivement les Juifs et par conséquent le terme antisémitisme devient synonyme d’antijuif. Alors qu’historiquement les descendants de Sem, fils de Noé, sont, selon les traditions religieuses, les Arabes et les Juifs. Dans l’Antiquité, cette dénomination concernait également les Assyriens, les Babyloniens, les Araméens, les Cananéens et les Phéniciens.
Cette désignation concernait particulièrement les peuples locuteurs de l’araméen, l’hébreu et l’arabe, même si selon les dernières découvertes, d’autres langues y sont désormais rattachées, comme le babylonien, l’araméen, l’assyrien, le chaldéen, etc. Dès lors, il est temps de rétablir cette vérité historique.
À l’international, l’État sioniste peut compter sur l’efficacité et le poids écrasant de son lobbying à large spectre dont le centre se situe aux USA. Son moteur est l’American Israeli Public Affairs Committee, ou AIPAC, et pour faire court, c’est l’organisation représentative et le porte-parole d’Israël au Congrès US avec sa grosse influence et son énorme budget. Pour donner un aperçu des capacités de nuisance de cette cabale, sans jeu de mots, citons, d’un côté, le roi Hussein de Jordanie qui disait ce qui suit, rapporté par le New York Times en mars 1984 : «Les États-Unis ne peuvent se mouvoir qu’à l’intérieur des limites concédées par l’AIPAC et par Israël.» Et de l’autre, le démocrate américain Mervyn Malcolm Dymally, décédé en 2012, qui fut le premier Trinidadien à être élu sénateur d’État pour l’État de Californie 1981/1993. Il observait, toujours selon le New York Times, en 1987 qu’«un élu du Parlement israélien était plus libre de critiquer la politique israélienne qu’un membre du Congrès». Et cette hydre pousse ses tentacules jusqu’au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, où, comme dirait un ami : «Les veto US contre toutes les résolutions qui mettent en cause les politiques sionistes se comptent par treize à la douzaine.» Heureusement que mon pays, par l’entregent de son courageux représentant à cet organe onusien, les remet opiniâtrement en cause.
Quand il s’arrête, il recommence avec plus d’éloquence et de détermination. Et pour paraphraser un chanteur : de l’énergie quand il n’y en a plus, il en a encore. Mais il serait profitable pour tous de rappeler que la dictature du veto n’est plus de ce monde, le droit à la dignité est intrinsèque à l’être humain. Il n’a pas à être établi, ni reconquis, encore moins mérité. Il ne se perd pas. C’est dans cette intellection que se situe la démarche exclusive au Conseil de sécurité de l’ONU, propre et régulière, mais surtout légale et légitime de l’Algérie contre toute atteinte à la dignité et aux droits humains à travers le monde. Cette conduite participe de la méthode civilisée, pour affirmer et rappeler au monde, aux défenseurs d’Israël, à ceux qui hésitent, à ceux qui doutent et aux tiédasses, l’échec total de l’entreprise guerrière et militariste de l’État sioniste. L’échec d’Israël, de son armée dans toutes ses composantes d’active et de réserve est cuisant, évident et acté pour l’histoire. Car mis à part l’assassinat de plus de trente mille (30 000) Palestiniens. Et l’anéantissement total de tout ce qui est construit, bâti et la dévastation de tout ce qui fait une vie quotidienne d’une population à majorité faite d’enfants, de vieillards qui, depuis le 7 octobre 2023, sont refoulés partout et contraints à l’errance. Ainsi que le mitraillage de population affamée sur un point de distribution de nourriture, Ghaza n’est que ruines enveloppées dans cette atmosphère apocalyptique. C’est un tableau dantesque peuplé d’êtres et de traîne-misère égarés.
Si l’objectif du cabinet d’urgence et d’unité nationale et son chef d’orchestre était l’éradication de Hamas, force est de constater que ce n’est pas pour aujourd’hui, encore moins pour demain. Sinon cela se saurait. Excepté l’assassinat de Salah el Arouri, ancien prisonnier politique d’Israël et l’un des fondateurs de Tataeb el Qassam, à Beyrouth, le 2 janvier 2024. Le tableau de chasse de l’État sioniste surnage et demeure désespérément dégarni, si ce n’est la burlesque autant que risible et ridicule exhibition de la pitoyable vidéo représentant une pseudoombre, et encore, vu de dos, de Yahya Sinouar, le chef du bureau politique du Hamas à Ghaza, brandie par les sionistes comme trophée de guerre en désespoir de cause.
Cet échec-ci est annonciateur de la fin de l’État d’Israël dans sa fabrication et dans sa justification actuelle, c’est la chute du roman que Netanyahou et ses maîtres à penser veulent imposer au monde aujourd’hui.
Sinon ce serait un cousinage de la solution finale, mais à rebours. L’historien français Chapoutot Johann la représente dans la revue de sciences politiques le 17 mai 2021, de la sorte : «La ‘’solution finale’’ envisagée à l’été 1941 signifie la fin de la présence des Juifs dans les territoires dominés par le Reich. Pour ce faire, les Juifs de l’Est sont promis à la mort, et les Juifs de l’Ouest à la déportation-abandon très loin vers l’Est.» Tous les êtres libres du monde ne laisseront pas cela advenir.
A. L.
(*) Voir : Ilan Pappe, Le nettoyage ethnique de la Palestine. Éd. Fayard 2008.
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Posté Le : 22/03/2024
Posté par : rachids