Avis - Ismaïl Ibrir, journaliste à El-moustekbel el-arabi est aussi écrivain d'expression arabe. Il a reçu récemment au Soudan le 1er prix littéraire de l'écrivain soudanais Taïb Salah.
Il se dit très inspiré de son vécu et de ses différentes expériences personnelles. Même son entourage constitue une source d'inspiration.
«Je m'inspire d'abord de mon entourage, dit-il. Je fais partie de ce monde qui m'entoure. Ce monde me préoccupe la plupart du temps. Je le vis avec tous mes sentiments, parfois je le perçois avec une vision critique d'une personne avisée et parfois avec une compréhension naïve d'un simple citoyen. J'essaye de reproduire cette réalité que j'affronte quotidiennement, dans mes écrits, avec une touche philosophique.»
A la question de savoir ce qu'il en est des écrits en langue arabe, Ismaïl Ibrir répondra : «En Algérie, il y a deux catégories d'écrivains en langue arabe. Ceux qu'on peut qualifier de ''professionnels' et d'autres d'''amateurs'', ces derniers sont les plus nombreux et occupent pleinement la scène littéraire. Cela pour des raisons historiques. En effet, depuis l'indépendance certains ont profité du contexte politique et se sont lancés dans l'écriture sans être vraiment qualifiés et il en a résulté des écritures improvisées. Aussi, durant les années 90, avec les événements que nous avons endurés, les écrivains se sont tournés vers l'écriture pour décompresser. Actuellement, il y a une nouvelle génération qui est consciente de son travail d'écrivain et qui essaie de produire des 'uvres plus originales, loin de toutes confrontations intellectuelles. J'espère que cela contribuera à renouveler notre littérature et à lui donner un nouveau souffle.» Ismaïl Ibrir appartient à la nouvelle génération d'écrivains, d'où la question : comment appréhendez-vous le duel francophones - arabophones ' «C'est un affrontement qui est voué à disparaître. C'était vrai pendant longtemps, il y a eu chez nous une opposition entre ultra-francophones et ultra-arabophones. Les protagonistes de ce duel ne disposent pas d'une volonté de réconciliation et de tolérance envers l'autre. Ils ont une envie de domination et d'appropriation de l'autre. Aujourd'hui, ce combat s'est estompé. Les choses ont évolué. On n'est plus dans les années 70 et 80. Ce conflit entre arabophones et francophones qui a occupé longtemps la culture et la politique vit, avec les nouvelles générations, ses derniers moments. Un reste de conflit qui va bientôt disparaître, et que notre génération dépassera.»
- Ismaïl Ibrir, estimé et reconnu à l'étranger en tant qu'écrivain, regrette qu'il ne le soit pas autant chez lui, dans son propre pays, qu'est l'Algérie. A ce propos, et s'agissant du Prix qu'il a reçu, il confie : «Cela marque pour moi la fin d'une période d'ingratitude en tant qu'écrivain en Algérie. Je suis présent sur la scène littéraire depuis quelques années, j'ai édité plusieurs ouvrages, j'ai déjà reçu un autre prix à Sharjah aux Emirats arabes unis, et il n'est pas concevable qu'après tout cela je sois encore ignoré et oublié dans mon propre pays.» Ismaïl Ibrir, même s'il est connu des éditeurs et ce, notamment grâce à son métier de journaliste, donc ne rencontrant aucun problème à se faire éditer, regrette, en revanche, qu'il est plutôt trop difficile de se faire un nom. «Le vrai embarras que rencontrent les écrivains est celui de se faire connaître», dira-t-il et de souligner : «Le système culturel n'encourage pas à travailler et à produire du nouveau.»
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Posté Le : 24/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Madina Oussliha
Source : www.infosoir.com