Des politologues, des enseignants universitaires qui ont pris part à la conférence-débat sur le thème «L'islamisme politique et les nouvelles mutations dans le Monde arabe», organisée hier par le Centre de recherches stratégiques et sécuritaire (CRSS), ont tenté de donner des éléments de réponse à ces interrogations.
En reconnaissant la montée des mouvements islamistes suite à la chute de certains dictateurs arabes, les conférenciers ont essayé de définir la nature des mouvements islamistes qui peuvent s'imposer dans chacun des pays concernés par les révoltes. Ces derniers seront appelés à choisir entre l'islamisme modéré de Tayyip Erdogan en Turquie et l'islamisme djihadiste de la Somalie ou de l'Afghanistan.
En analysant les structures des différents mouvements islamistes dans la région, Mustapha Saïdj (expert en relations internationales) et Salmi El Aifa (enseignant à l'université d'Alger) donnent des éclairages sur l'avenir des pays concernés. Mustapha Saïdj imagine, d'ores et déjà, trois scénarios : «Il y a trois exemples : nous avons d'abord le modèle turc, l'exemple somalien avec les shebab et l'expérience algérienne.» Selon lui, deux catégories de pays peuvent connaître l'un de ces deux scénarios : «L'exemple turc, qui est soutenu et défendu par les USA et le Qatar, peut se reproduire aujourd'hui en Tunisie où Ennahda de Rached El Ghanouchi affiche sa volonté de concilier l'Islam avec la démocratie occidentale, en Egypte où l'organisation des mouvements islamistes El Ikhouane est similaire à celle des islamistes turcs et en Syrie.» Contrairement à ces trois pays, la Libye et le Yémen risquent, selon lui, de revivre l'expérience algérienne.
Il explique : «Dans ces deux pays, l'armée et la police sont déstructurées. Il y a aussi une confrontation entre les régimes et les islamistes.
C'est plutôt l'expérience algérienne qui risque de se reproduire, car les mouvements islamistes dans ces deux pays ressemblent aux islamistes algériens au début des années 1990.» Mustapha Saïdj dit encore que la situation en Libye risque de s'aggraver et le pays vivra ainsi l'exemple somalien. Selon lui, les efforts des Etats-Unis d'Amérique, de la Turquie et du Qatar visent à imposer, aujourd'hui, le modèle turc. L'expert souligne, en conclusion, qu'«il est difficile d'instaurer une démocratie dans un moment caractérisé par l'importance de l'influence étrangère». Faisant une rétrospective des mouvements islamistes dans le Monde arabe, Salmi El Aifa estime que «l'islamise politique a longtemps été utilisé par les régimes en place pour freiner toute demande de changement».       Â
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Posté Le : 16/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Madjid Makedhi
Source : www.elwatan.com