Algérie

Islamabad annonce une enquête



Cependant, il a relevé que le Pakistan ne peut être le seul pays à blâmer pour l’existence et les actes d’Al Qaîda. «Nous sommes déterminés à savoir par tous les moyens comment, quand et pourquoi Oussama Ben Laden était présent à Abbottabad. Une enquête a été ordonnée», a annoncé Yousuf Raza Gilani devant les députés de l’Assemblée nationale.
Mais «Al Qaîda n’est pas née au Pakistan», a-t-il lancé en réponse aux accusations, notamment de Washington, sur une éventuelle complicité au sein de l’armée ou du renseignement pakistanais. «Qui est responsable de la naissance d’Al Qaîda» dans les années 1990 ' «Qui est responsable d’avoir bâti le mythe de Ben Laden '» s’est-il demandé en référence à peine voilée aux Etats-Unis. «Il est nécessaire de rappeler à la communauté internationale la décennie des années 1990 qui a vu les volontaires arabes rejoindre le jihad (des  moudjahidine afghans contre l’occupation soviétique, ndlr) qui s’est transformé en Al Qaîda», a ajouté le Premier ministre.     
Un peu plus tôt dans la journée, le ministre pakistanais de l’Intérieur, Rehman Malik, a affirmé avoir été informé du raid américain qui a tué Oussama Ben Laden «15 minutes après le début de l’opération». «J’ai été mis au courant de l’opération 15 minutes après qu’elle ait commencé, mais je ne croyais pas du tout qu’elle avait cet objectif», a-t-il déclaré. Il a ajouté avoir «été informé en premier de la chute d’un des deux drones» impliqués dans l’opération. Il a rappelé qu’il y avait «en permanence une coopération dans le domaine de la sécurité» entre les Etats-Unis et le Pakistan, et que les forces américaines «mènent des opérations en territoire pakistanais». Les jihadistes afghans combattaient l’armée Rouge dans les années 1980 grâce à l’aide financière et en armement de la CIA, par l’intermédiaire des services de renseignements du Pakistan.  Washington, dont Islamabad est un allié important dans sa «guerre contre le terrorisme» depuis fin 2001, assure que les autorités pakistanaises n’ont pas été averties du raid, redoutant de possibles «fuites». Et les plus hauts responsables américains soupçonnent ouvertement des «complicités» au sein de la toute puissante armée et son service de renseignements, pour expliquer la présence de Ben Laden dans une ville truffée de militaires.  
Islamabad sous les critiques
Pour l’opinion publique pakistanaise, l’intervention américaine de dimanche dernier constitue une nouvelle «violation» de la souveraineté nationale qui traduit l’«incompétence» de son appareil militaire. Lequel assure n’avoir pas détecté l’opération en question menée en plein cœur du territoire.     
De son côté, l’opposition au niveau du Parlement a réclamé, la semaine dernière, la démission du président Asif Ali Zardari et de son Premier ministre, Yousuf Raza Gilani.
 Par ailleurs,dans un entretien à la chaîne de télévision CBS, le président américain, Barack Obama, a demandé dimanche dernier à Islamabad de diligenter une enquête sur le «réseau de soutien» dont aurait bénéficié Ben Laden au Pakistan. «Nous pensons qu’il a bénéficié d’un réseau de soutien quel qu’il soit à l’intérieur du Pakistan», a déclaré Barack Obama «mais nous ne savons pas lequel». Ainsi, «nous devons enquêter là-dessus et, surtout, le Pakistan doit enquêter».Et de poursuivre : «Nous leur en avons déjà parlé et ils ont assuré qu’ils souhaitaient trouver de quels types de soutien Ben Laden aurait pu bénéficier.» Invité des débats dominicaux sur les principales chaînes américaines, le conseiller d’Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon, a également demandé à Islamabad d’ouvrir une enquête. Cependant, il a observé que rien ne permettait d’accuser les dirigeants pakistanais d’avoir protégé Ben Laden. «Nous n’avons aucune preuve que le gouvernement d’Islamabad était au courant» du lieu où se cachait Ben Laden.  Le même responsable a demandé aussi à Islamabad de transmettre aux Etats-Unis les renseignements trouvés par les autorités pakistanaises dans la résidence et de leur donner accès aux trois femmes du chef d’Al Qaîda, désormais en détention, afin de les interroger.
Le Pakistan a proclamé son soutien dès la fin 2001 à Washington dans sa guerre contre Al Qaîda. Selon Islamabad, plus de 5000 soldats pakistanais ont été tués depuis cette date dans les zones tribales frontalières avec l’Afghanistan en combattant les talibans pakistanais et les combattants étrangers d’Al Qaîda. A l’été 2007, les talibans pakistanais, qui ont fait allégeance à Al Qaîda, ont décrété le jihad à Islamabad pour son soutien à Washington et lancé une vague extrêmement meurtrière d’attentats. Ainsi, depuis quatre ans, près de 4300 personnes ont péri dans tout le Pakistan dans plus de 450 attentats, essentiellement perpétrés par des kamikazes.


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