L'actualité s'est accélérée ces derniers jours, mettant en scène l'islam
et les musulmans dans le rôle des méchants. Faut-il s'en inquiéter ou bien
s'interroger sur le pourquoi de cette déferlante médiatique ?
Quelques «unes» de l'actualité
mondiale aux derniers jours du mois de ramadhan : un obscur et insignifiant
pasteur évangéliste américain, répondant au nom de Terry Jones, inconnu dans sa
propre ville, annonce vouloir brûler des exemplaires du Coran pour venger les
2.750 victimes des attentats du 11 septembre 2001, et empêcher la construction
d'un centre culturel islamique (et non d'une mosquée seulement) à proximité du
lieu des attentats en question.
Le monde déclare son émoi. Du
président américain au SG de l'Otan et jusqu'aux autorités européennes et
populations musulmanes d'Asie (pas ceux des pays arabes).
Ailleurs, en France, des
chrétiens bien attentionnés s'insurgent contre une gargouille taillée à
l'effigie d'un maçon algérien du nom d'Ahmed sur le fronton d'une cathédrale
dont il fut l'un des rénovateurs. C'est devenu l'affaire « d'Ahmed la
gargouille».
En Allemagne, la chancelière
allemande, Angela Merkel, remet le prix de la liberté d'expression à l'un des
12 caricaturistes danois qui avaient représenté le prophète de l'Islam sous des
traits violents dans le journal «Jyllands- Posten» en septembre 2005.
C'est-à-dire cinq années après que cette histoire soit tombée dans les
oubliettes des mémoires musulmanes. Le même jour, la banque allemande Sarasin
annonce le licenciement d'un de ses membres pour avoir édité un livre injuriant
juifs et musulmans, les accusant de profiteurs du système social allemand. Un
peu partout dans le monde (excepté le monde arabe), une mobilisation fait
chaîne pour sauver l'Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani d'une exécution à
mort par lapidation sous couvert d'une législation au nom de l'islam. En ces
mêmes jours de fin de ramadhan, les médias diffusent les images atroces des
victimes d'attentats terroristes en Ossétie du Sud, au Pakistan et en
Afghanistan attribués à des extrémistes islamistes. En Somalie, on parle de
tueries et d'affres occasionnées par les «Shebab El Islam», groupuscule
terroriste se déclarant affilié à Al-Qaïda.
On pourrait multiplier les
exemples nombreux mettant en scène «l'islam et les musulmans», y compris
d'ailleurs chez nous, en Algérie, où il est question de juger, au non de la
«loi», des ouvriers et autres «citoyens» ayant mangé ou bu en journée durant le
ramadhan.
Le rappel de ces quelques faits
d'actualité liés à l'islam m'ont particulièrement saisi, lorsqu'à la veille de
l'Aïd-El Fitr, la chaîne de télévision belge RTL–TVI a annoncé en soirée que le
lendemain, une émission spéciale sera consacrée à la «guerre des religions ».
Du coup, je me suis dis que Samuel Huntington, l'auteur du pamphlet «Le choc
des civilisations», publié en 1993, a des raisons et des chances de connaître
de nouvelles rééditions et de nouveaux records de ventes. Moi qui ai projeté de
faire un rappel sur les négociations engagées entre Palestiniens et Israéliens
en cette fin de ramadhan, me voilà rattrapé par une actualité qui me harcèle
sans cesse sur la condition de l'islam et des musulmans. J'ai douté à bien des
moments de ma propre lucidité, croyant que ma mémoire opérait, instinctivement,
un tri des faits de l'actualité internationale jusqu'à l'obsession en raison
des longues journées de ramadhan. Rien n'y fait, puisque les soirs, après la
rupture du jeûne, où que je zappe sur les chaînes de télés ou les pages des
journaux sur le Net, les mêmes sujets me reviennent à la face: menaces d'autodafé
du Coran, Ahmed la gargouille, Sakineh l'Iranienne… Que faire ? Pourquoi ? Je
n'ai pas de réponses. Les faits, seuls les faits me harcèlent, me violentent et
me poursuivent jusqu'au peu de sommeil des petits matins. Qui se cache derrière
toute cette actualité obsédante centrée sur l'islam et surtout pour quel but ?
Pourquoi les médias, responsables politiques et autres intellectuels arabes et
musulmans se taisent-ils comme pris en faute par leur propre actualité en cette
fin de ramadhan ? Tiens, en publiant un tel article, suis-je pris, à mon tour,
dans le piège d'une comédie médiatique internationale montée par je ne sais
quel esprit maléfique ? Je n'en sais rien, excepté que les faits de cette
actualité ne sont point une fiction. Hélas !
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Posté Le : 12/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com