Algérie

Isfahane, ou l'incarnation de «la moitié du monde»



L'avion atterrit à l'aéroport Khomeiny de Téhéran. Premier geste des femmes sans hidjab, se couvrir la tête d'un foulard. Nous ferons de même pour nous conformer aux lois et règlements de la République islamique iranienne. Nous ne connaissions l'Iran qu'à travers l'image que les médias et les politiques occidentaux ont bien voulu nous transmettre. L'obligation du port du tchador a été de tout temps présentée comme un des signes qui oblige la femme à se soumettre à l'homme - et non pas à Dieu - et à s'effacer pour n'être que son ombre. Nous imaginions mal comment une femme pourrait vivre sous la servitude absolue de l'homme sans en être son esclave, alors que l'Islam a été la première religion à avoir libéré l'être humain de l'esclavage. Le retour de l'imam Khomeiny en Iran en 1979, après un long exil en France, avait bouleversé la vie des Iraniens. Il avait proclamé la première république islamique iranienne. De rite chiite, les « révolutionnaires » se voulaient purs et durs dans un pays où le faste d'une vie luxuriante n'a bénéficié qu'à la dynastie Pahlavi, dont l'un des descendants, le chah Mohamed Reza, a commandé l'Iran pendant 76 ans. L'aéroport Khomeiny est très illuminé. Notre montre affiche 1 heure du matin. Il est en fait 3h30 du matin à Téhéran. L'Iran est le seul pays à avoir pris deux heures et demie d'avance sur le temps du monde, sur Greenwich (GMT). La voix du muezzin s'élève alors que nous étions encore au niveau du poste de police. C'est l'heure de la prière d'El-Fedjr. Les formalités n'ont pas été longues. Nous entreprenons ce voyage en même temps que d'autres journalistes algériens représentant la presse écrite et audiovisuelle. Nous sommes présentés comme étant une délégation « officielle » invitée du gouvernement iranien. L'invitation n'a pas été un fait du hasard: les autorités iraniennes ont tenu à la faire coïncider avec la visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad en Algérie. Téhéran se réveillait doucement sous une brise rafraîchissante. Nous sommes installés dans l'hôtel International Laleh, en plein centre de la capitale. Dans le hall, nous remarquerons quelques tchadors mais aussi des foulards marquant à peine le milieu de la tête, laissant ainsi libres des mèches qui noires, qui colorées par « des flashes », comme en vogue en Occident et ailleurs. « Les Occidentaux empêchent nos femmes de porter le foulard et nous, nous obligeons toutes les femmes du monde à le porter », nous dira un diplomate iranien en riant. Religieuse l'obligation de se couvrir la tête ? Certainement pas ! C'est plutôt un pied de nez que semblent vouloir faire les Iraniens aux Occidentaux qui, depuis l'instauration de la République islamique, présentent l'Iran comme étant cette bête sauvage qui veut dévorer le monde. Ceci étant dit, nous faisons remarquer qu'en Iran, c'est la femme qui a trinqué. Et ça, c'est loin d'être un hasard. DU CHAH D'IRAN A KHATAMI


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