Qui ne s'est pas réveillé groggy cette matinée de jeudi parmi les représentants des médias. Oui ! Est-il besoin de le préciser, la compétition n'a pas eu lieu seulement entre six candidats à l'élection présidentielle, mais tout aussi entre les quotidiens nationaux d'information et souvent entre journalistes, lesquels appartenant parfois à un même organe de presse, divergent foncièrement dans la démarche professionnelle, les uns penchant pour un candidat, les autres pour un autre. Quoi qu'il en soit, s'il venait à ce qu'elle soit immortalisée par un témoin bien imprégné, mais surtout distancié, de la campagne électorale pour l'élection présidentielle de 2014, l'histoire des médias algériens laissera tout de même des relents peu avantageux. Ni pour la presse dite publique ni pour celle privée, même si d'aucuns responsables parmi celle-ci prennent le superbe raccourci de revendiquer une indépendance que l'opinion nationale sait qu'elle n'a jamais existé. Néanmoins, s'étaler sur le sujet consisterait à aller sur la digression et surtout ouvrir un débat compliqué et complexe.Dans l'édition d'hier d'un confrère, pouvait être lue «interrogé, par ailleurs, par le journaliste d'un média, désormais connu, pour son alignement au 4e mandat...», une réflexion faite presqu'à «haute voix» dont la particularité est bien entendu de stigmatiser un journaliste dont le seul tort aura été de poser, innocemment ou insidieusement, une question qui n'engage que ledit journaliste et peu importe par ailleurs qu'il appartienne à un quotidien d'information dit «aux ordres» sachant que posée autrement et par un autre journaliste qui, lui, ne «roulerait pas» pour un 4e mandat, le cheminement, voire l'arrière-pensée intellectuelle, morale, politique serait la même sinon interprétée de la même manière par le ou les journalistes «aux ordres».En fait, ces trois semaines de campagne électorale vont laisser des traces sur l'ensemble de la corporation et la déontologie n'en sortira certainement pas grandie a posteriori. Que de choses auront été dites pour discréditer un candidat et que n'a-t-il été fait usage de superlatifs de nature à en magnifier un(e ) autre, parfois jusqu'à l'abus et surtout une virulence dans les propos qui n'a rien à voir avec la bienséance et surtout par rapport aux postulats de base de la réalité démocratique consistant pour chaque partie au respect mutuel dû à l'expression d'une opinion et auquel cas celle-ci ne serait pas partagée d'y réagir, répondre ou démonter dans un même processus. Car il ne faudrait surtout pas occulter l'impact du matraquage médiatique auquel ont été soumises les masses tout au long de ces trois dernières semaines, d'autant plus que si le lecteur va à la presse écrite, c'est parce qu'il y adhère volontairement, c'est bien loin d'être le cas avec l'information sonore et visuelle et/ou les deux à la fois qui est subie, vécue en temps réel, et à laquelle il n'est guère plausible d'échapper selon que l'on se trouve dans un véhicule de transport collectif, un lieu de commerce convivial, à table dans un restaurant, dans le salon avec sa famille, sur Internet, etc.Une évidence qui a permis de constater durant les trois semaines évoquées le conditionnement à leur corps défendant d'importants pans de la société par les médias jusqu'à installer inconsciemment une sorte de clivage à têtes multiples dont les auteurs (journalistes), en l'absence d'une maîtrise du traitement de nombreux sujets de campagne se sont, eux-mêmes, retrouvés otages de leurs interlocuteurs en l'occurrence les candidats et/ou leurs représentants. Or, nul ne peut ignorer la nature même des boniments dont ont usé et abusé ces derniers. Ce qui est forcément de bonne guerre, mais comme il existe des boniments inoffensifs, ils s'en trouvent également qui peuvent constituer de véritables bombes à retardement. Les fonds de commerce du genre ne sont pas en reste : Ghardaïa, Tamazight, les Chaouis, la corruption et l'impunité, le logement, le chômage, etc. Or, tous ces graves sujets qui existent effectivement ont pour particularité non pas de rappeler, dénoncer ou mettre en garde contre le miroir aux alouettes inévitable de chaque candidat, mais aussi d'exacerber l'esprit d'une population, notamment ses jeunes, dont la vulnérabilité n'est plus à démontrer.Dans ce paysage, n'ont pas été nombreux sinon inexistants, les confrères qui ont évité de tomber dans le péché mignon consistant à manifester leur propre opinion dans les papiers consacrés à la couverture de meetings publics ordinaires. Ceci au risque de plonger le pays dans l'inconnu après le jour d'aujourd'hui.A. L.
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Posté Le : 17/04/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Lemili
Source : www.latribune-online.com