Algérie

Iran : Colère populaire



Iran : Colère populaire
La grande manifestation organisée, lundi soir, par les supporters de Moussavi s'est finalement soldée par la mort d'au moins sept personnes et plusieurs blessés. Selon la radio officielle iranienne (Payam), qui a qualifié ces victimes de « voyous », ce carnage a eu lieu quand ces jeunes manifestants s'en sont pris à une unité militaire stationnée pas loin du lieu du rassemblement. Plusieurs voyous voulaient attaquer un poste militaire et vandaliser les équipements publics près de la place Azadi. Malheureusement, sept personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées », rapporte la radio. Cet incident mortel s'est produit avant que la nuit ne tombe, dans une rue proche de l'avenue Azadi, où des manifestants continuaient d'aller et venir dans une ambiance plutôt sereine. Il n'empêche que les scènes désormais quotidiennes de motos et poubelles incendiées ainsi que ces images de colonnes de fumée noire qui montent vers le ciel sur fond de gaz lacrymogènes auront été le principal décor de Téhéran jusqu'à hier. Mais il semble bien que la mort des sept personnes ait refroidi quelque peu l'ardeur des partisans de Moussavi qui ne veulent pas se laisser entraîner dans un corps à corps sanglant. Hier, ils se sont encore rassemblés en nombre à la place Vanak, au même moment où se tenait l'autre rassemblement du clan Ahmadinejad, autorisé par les autorités iraniennes et bien sûr largement couvert par les médias publics.A l'heure où nous mettions sous presse, pas un incident grave n'a été signalé. Ahmadinejad, lui, se trouvait en Russie où il participait au Sommet de Shanghai convoqué par Medvedev. Il a même reçu les félicitations du président russe pour avoir consacré sa première sortie post-électorale à son pays.Mais tel n'est pas l'avis des autres chefs d'Etat et de gouvernement. Les dirigeants européens se sont distingués par des critiques parfois musclées à l'égard du régime iranien et d'Ahmadinejad. De Bruxelles à Paris, en passant par Londres, Berlin et Rome, l'Europe a été unanime pour dénoncer la « répression des manifestants » pro-Moussavi. Les dirigeants des pays européens se sont passé le mot pour convoquer les diplomates iraniens et leur demander que « cessent les brutalités ». Mais la réponse de l'Iran a été sèche.« Ni l'Union européenne ni aucun autre pays ne sont en position d'avoir le droit de s'ingérer et de faire des remarques grossières à l'encontre de l'Iran, particulièrement à propos de notre élection glorieuse », a déclaré le ministère de l'Intérieur à Josef Havlas, chargé d'affaires tchèque et représentant de la présidence tournante de l'Union européenne, selon la télévision d'Etat. Dans le même temps, la rue, dans le vieux continent, et dans quelques capitales arabes a résonné aux cris des partisans de Moussavi. Devant une telle pression, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a lâché du lest en concédant qu'il était favorable à « un recomptage partiel des résultats ». Mais il semblait vouloir juste absorber la colère de la rue. La preuve ' S'adressant hier à la télévision, le guide de la Révolution a caressé les deux protagonistes dans le sens du poil. « Les deux camps d'électeurs font partie du peuple iranien et croient au régime islamique. » Et d'ajouter : « Le climat amical qui prévalait pendant la campagne ne doit pas se transformer en climat d'animosité. » C'est là peut-être une dernière mise en garde avant que l'artillerie du régime ne fasse irruption. Les observateurs pensent que l'on s'achemine vers la confirmation de la victoire d'Ahmadinejad et que le régime n'irait pas jusqu'à annuler les résultats. Mais la méga-manifestation de lundi a montré tout de même de quoi les Persans sont capables même dans les pires situations.


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