C'est sur Moustafa Al Kazimi, ex-chef du renseignement, que le choix s'est porté pour former un gouvernement en Irak après cinq mois de vacance. Né à Baghdad en 1967, il s'est illustré à la tête du renseignement, qu'il a rejoint en 2016 en pleine guerre contre le groupe terroriste Daech.Là, à ce poste stratégique, il a tissé de nombreux liens avec les dizaines de nations et de services opérant au sein de la coalition anti-EI. M. Kazimi a été longtemps perçu comme l'homme de Washington à Baghdad, avant de tisser aussi d'étroits liens avec l'Iran. Formé en droit à l'université irakienne, Moustafa Al Kazimi a d'abord été journaliste, militant anti-Saddam Hussein depuis l'Europe où il s'est exilé pour fuir le régime du dictateur.
En 2016, c'est à la surprise générale que le Premier ministre d'alors, Haider Al Abadi, nomme cet éditorialiste et avocat des droits de l'homme pour diriger les services de renseignement. Outre la lutte antiterroriste et contre les trafics en tous genres, l'homme a développé à ce poste ses talents de négociateur et de médiateur.
Ces talents vont certainement lui être utiles aujourd'hui pour sauver l'Irak du cataclysme économique et politique. Pour mettre fin à la contestation populaire qui souffle sur l'Irak depuis l'automne dernier, Moustafa Al Kazimi s'est ainsi s'est engagé, samedi, dans un discours à la nation, à libérer les manifestants arrêtés, promettant également justice et dédommagements aux proches des plus de 550 tués. Cette adresse à la nation intervient alors que fleurissent sur les réseaux sociaux des appels à relancer les manifestations.
De petites manifestations émaillées de brefs heurts avec la police ont d'ailleurs eu lieu hier dans plusieurs villes d'Irak, dont Baghdad, les protestataires disant envoyer «un message» au gouvernement tout juste nommé afin que leurs revendications soient prises en compte. Moustafa Al Kazimi, qui a obtenu avec 15 de ses 22 ministres la confiance du Parlement mercredi soir, a promis par ailleurs dans son discours «la vérité sur tous les événements».
Il s'est engagé à «faire rendre des comptes à tous ceux ayant versé du sang irakien», alors que le gouvernement de son prédécesseur, Adel Abdel Mehdi, n'a cessé d'assurer depuis octobre ne pas pouvoir retrouver les «tireurs non identifiés» ayant décimé les rangs des manifestants qui réclamaient un renouvellement total du système et de la classe politiques.
Le 1er octobre, dans les premiers défilés de ce qui deviendrait le mouvement social le plus important et le plus sanglant de l'histoire récente de l'Irak, de nombreux protestataires brandissaient des portraits du général Abdel Wahab Al Saadi, «héros» de la reprise de Mossoul aux terroristes de Daech, alors tout juste mis à l'écart par Adel Abdel Mehdi.
Il a été réinstauré dans ses fonctions à la tête du contre-terrorisme, unité d'élite créée et armée par les Américains, samedi soir, par M. Kazimi qui veut probablement de prouver qu'il est en phase avec les revendications de la population.
Par ailleurs, le nouveau Premier ministre irakien a appelé le Parlement à adopter la nouvelle loi électorale nécessaire au scrutin anticipé promis par son prédécesseur. Le nouveau gouvernement s'est présenté comme un cabinet de «transition».
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Posté Le : 11/05/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aniss Z
Source : www.elwatan.com